Depuis leur séparation de la National League il y a deux ans, les dix clubs de la deuxième division ont en permanence de gros soucis financiers. Celui qui possède un budget de plus de trois millions est un Crésus. Langenthal, par exemple, l'un des clubs cultes, est revenu au hockey amateur pour des raisons économiques.
Depuis qu'elle s'est détachée de la National League, la fédération suisse (Swiss Ice Hockey) est responsable de l'organisation de la Swiss League et de sa commercialisation. Elle vient de faire une grande annonce: la conclusion d'un nouveau contrat jusqu'en 2027 avec la chaîne de télévision payante Sky.
Sky wird neuer Naming Partner der Swiss League. Zudem wurde der Vertrag für die medialen Rechte mit Sky vorzeitig verlängert. 🤩
— Sky Swiss League (@SwissLeagueOff) July 16, 2024
🫱🏻🫲🏼 Sky renforce son engagement auprès de la SIHF et devient naming partner.
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Tous les matchs de la Sky Swiss League sont inclus dans le package d'abonnement de Sky Sport pour les trois prochaines années. Mais pas le barrage promotion/relégation contre le cancre de National League. Cette série dramatique continuera – si elle est jouée – à être diffusée sur MySports.
Alors, est-ce enfin le début d'une période dorée pour la deuxième division, économiquement sinistrée?
Sky ne paie même pas un demi-million pour l'ensemble des droits TV et des droits d'appellation: il s'agit très exactement de 400'000 francs par saison.
En théorie, cela rapporterait tout de même 40'000 francs à chacun des dix clubs. Mais en réalité, c'est beaucoup moins. Et pour cause: à côté de ça, les clubs doivent continuer à payer au total 150'000 francs pour la plateforme swissleague.tv propre à la ligue, qui retransmet également les matchs sur la base d'un paiement à la session ou d'un abonnement. Les personnes qui possèdent un abonnement de saison à la patinoire peuvent en général y regarder gratuitement les matchs de leur équipe favorite.
En plus, les clubs doivent continuer à organiser (y compris le commentaire des rencontres) et payer eux-mêmes la production télévisuelle. Les coûts varient, car certaines équipes peuvent financer ces dépenses en partie grâce à des accords de sponsoring. Cette production TV devrait coûter aux clubs entre 5'000 et 20'000 francs par saison.
Si on sort la calculette: 15'000 francs pour la plateforme TV de la ligue et entre 5'000 et 20'000 francs pour la production TV. Résultat? Il ne reste plus grand-chose des 40'000 francs que donne le nouveau deal avec Sky. Une goutte d'eau dans l'océan.
On peut dès lors se demander: recevoir 400'000 francs de la chaîne pour les droits TV et ceux de naming, est-ce trop peu? Non. Il serait facile et injuste de critiquer Patrick Bloch, l'efficace CEO de la fédération, qui a négocié le contrat. Il a obtenu ce que le marché lui offrait et mérite des éloges, et non des critiques.
Au fond, la ligue espère profiter de «l'effet sciure»: pour faire des affaires, un sport a besoin d'une présence télévisuelle. L'Association fédérale de lutte suisse en est l'exemple parfait: ses astucieux boss ont cédé les droits TV à la télévision publique (SSR) pour un «pourboire» (172'300 francs par an).
En contrepartie, la Schweizer Radio und Fernsehen (SRF) fait de la lutte un événement télévisé à fort taux d'audience. Ce sport doit en grande partie le plus grand boom de son histoire à sa présence télévisuelle. Elle est l'oxygène du business. Aujourd'hui, les lutteurs, qui rentraient autrefois chez eux avec, au mieux, un veau ou un bœuf, signent aujourd'hui des contrats publicitaires à six chiffres pouvant aller jusqu'à 500'000 francs. Et le budget de la fête fédérale s'élève désormais à plus de 40 millions.
Ce qui joue un rôle décisif? L'excellente qualité des images de la SRF autour de ces ronds de sciure, qui méritent l'étiquette de «classe mondiale». La lutte est un événement sportif télévisé de très haut niveau sur une chaîne de télévision gratuite. Et c'est la SRF qui prend en charge les frais de cette production coûteuse.
La collaboration avec Sky apporte certes à la Swiss League – pardon: à la Sky Swiss League! – une présence télévisuelle globale et nationale. Mais pas sur une chaîne en libre accès, comme c'est le cas pour la lutte.
En plus, la qualité des images TV produites par les clubs est au mieux médiocre par rapport à la National League. La SSR produit sur mandat tous les matchs de l'élite avec la meilleure qualité possible et facture à MySports et à la National League six millions de francs par an.
Pour la saison à venir, la fédération a élaboré, en collaboration avec Sky, un règlement TV qui prescrit les directives et les standards minimaux de la production TV aux clubs de la Sky Swiss League. Il prévoit des amendes en cas de non-respect.
Même avec le nouveau contrat, la Sky Swiss League ne peut pas s'attendre à un boom comparable à celui de la lutte, et les caissiers des clubs devront continuer à se serrer la ceinture.
Adaptation en français: Yoann Graber