Le monde entier attendait son message à Roger Federer. Novak Djokovic y a mis le temps car, écrit-il sur Instagram, «ce jour est dur à vivre et c'est dur de trouver les mots pour décrire tout ce que nous avons partagé dans ce sport. De revenir sur plus d'une décennie de moments incroyables et de batailles».
Le Serbe souligne les qualités... morales de son rival: «Ta carrière a montré ce que signifie atteindre l'excellence et dominer avec intégrité et élégance. C'est un honneur de te connaître sur et en dehors du court, et pour de nombreuses années à venir». D'autres collègues du Maître sont allés beaucoup plus loin dans l'extase, à tout le moins dans le détail.
Le plus bel hommage est peut-être celui de Justine Henin à la Radio-télévision belge de la Communauté française (RTBF). «C’est quelqu’un qui aura fait l’unanimité au niveau de son jeu. Et ça, c’est assez unique. Il suffit de voir les réactions aujourd’hui, et pas que dans le monde du tennis. Roger a véritablement marqué une époque. Je pense que son tennis est le plus beau qu’on ait connu, un tennis sans effort, naturel et élégant.»
Pour avoir payé très cher ses quelques années au sommet, physiquement et moralement, Justine Henin est particulièrement sensible à la longévité de Federer. «J’ai beaucoup, beaucoup d’admiration pour tous les athlètes qui arrivent à avoir autant de succès aussi longtemps.»
«On l’a cru plusieurs fois fini, mais Roger est revenu», insiste la championne belge. «Il a gagné à nouveau. S'il avait cette capacité à tenir dans le temps, c’est évidemment lié à sa grande intelligence dans la gestion de sa carrière. J’espère que les générations futures pourront s’en inspirer.»
Son plus beau souvenir? L'Open d'Australie 2017, forcément, lorsque Roger Federer est revenu presque miraculeusement d'une grave blessure à un genou (l'épisode 1). «Pour moi, c’était l’accomplissement. Peut-être le plus exceptionnel, en fait. C’était presque inespéré.»
Son autre meilleur souvenir est... une défaite: la finale perdue à Wimbledon 2019 contre Novak Djokovic: «Federer a eu deux balles de match. Tout le monde avait envie de le voir gagner un nouveau titre du Grand Chelem et il chute. Ce sont des moments comme ceux-là qui le rendent humain».
Le coach du Bâlois a révélé dans un média croate que ce Wimbledon 2019 avait (déjà) été perturbé par des problèmes physiques. «Roger n’était pas en forme. Il s’entraînait avec retenue, à environ 60-70 % de ses capacités.»
Ljubicic regrette «qu’en raison de problèmes de santé, Roger n’ait pas pu donner le meilleur de lui‐même ces dernières années. Son corps a fait beaucoup de chemin et il est compréhensible qu’il ait besoin de repos.»
L’actuel entraîneur de Simona Halep (ex-Serena Williams, Stefanos Tsitsipas, etc.) a immortalisé deux moments magiques sur son compte Instagram. Deux moments tragiques, plus précisément.
«La première chose dont je me souviens, c’est la cérémonie de remise des trophées à l’Open d’Australie 2006 où il a complètement craqué, il a pleuré. Il était un super‐héros et il est devenu un humain. C’est le premier qui a vraiment fait ça.»
«La deuxième chose, ce sont ses deux matchs épiques à Wimbledon qu’il a perdus: celui contre Novak avec une balle de match (2019) et celui contre Rafael Nadal (2008) qui s’est terminé dans la nuit. Ces deux matchs sont entrés dans l’histoire.»
Autre hommage marquant, celui de l'oncle et coach de Rafael Nadal: «Roger était la combinaison parfaite entre efficacité et classe. Il était plus élégant que Michael Jordan ou Lionel Messi. J'avais une grande admiration pour son jeu. Rafa n'aurait jamais été aussi fort sans lui car il était contraint d'élever son niveau».
Toni Nadal révèle que «la seule victoire à Roland Garros que Rafael n’a pas célébrée en tombant à terre est celle de 2008 contre Federer, dans une finale gagnée en trois sets, de manière assez imprévisible». Voire humiliante (6-1 6-3 6-0).
Trois ans plus tard, Roger Federer rendait la pareille. «C’était dans l’impressionnante O2 Arena de Londres, aux Masters», raconte Toni Nadal. «Après avoir balayé Rafael en une petite heure (6–3 6–0), Roger a lancé la dernière balle dans le public et avec un comportement totalement atypique pour un joueur qui gagne un match aussi important, il a baissé la tête. Il ne l'a pas relevée jusqu’à ce qu’il arrive vers son rival vaincu au filet pour lui serrer la main et lui donner une tape chaleureuse sur la poitrine.»
Toni Nadal est déjà nostalgique: «Je connaissais ses problèmes avec son genou. Le départ de Federer, c'est une nouvelle que vous ne voulez jamais recevoir».
L’équipe a ressorti une petite pépite en la personne de Johnatan Eysseric, un jeune gaucher français que Federer avait engagé comme sparring-partner en 2007 pour être la réplique exacte de Nadal. Celui qui fut n°1 mondial chez les juniors n'en a pas cru ses yeux: «C’est indescriptible, ça sort hyper vite de la raquette alors que tu as la sensation qu’il ne force pas du tout. Le fouetté et l’accélération du poignet, l’effet qu’il imprime à la balle, c’est impressionnant. Il prend aussi la balle ultra tôt».
Mais c'est surtout la décontraction du Maître qui a impressionné Eysseric: «On mangeait ensemble le midi, on mangeait des glaces, on parlait de tout».
Venus Williams a avoué qu'elle était un peu jalouse de sa sœur: «Serena a pu passer plus de temps et avoir plus de selfies avec Roger que moi», a plaisanté l'Américaine sur sa story Instagram, avant d'adouber le Bâlois comme «le plus grand de tous les temps».
Sa petite sœur Serena s'est adressée directement au Maître: «Je t'ai toujours admiré. Nos chemins ont toujours été si similaires, si semblables. Tu as inspiré des millions et des millions de personnes - dont moi - et nous n'oublierons jamais. Je t'applaudis et j'attends avec impatience tout ce que tu feras à l'avenir. Bienvenue dans le club des retraités. Et merci d'être ce que tu es@rogerfederer».
Forever grateful for all the memories on and off the court 💛. Tennis will never be the same without you 😢🌏.
— Stanislas Wawrinka (@stanwawrinka) September 15, 2022
Enjoy the next chapter in your life with your beautiful family 🙏🏻❤️🇨🇭#legend #goat #friends #grateful pic.twitter.com/LG4IxXX2v0