Sport
Tennis

Roger Federer raconté par ses collègues: «Il volait», «il pleurait»

Photo de classe au Masters 2009 avec Federer et Nadal (assis), puis de gauche à droite, Del Potro, Djokovic, Murray, Verdasco et Davydenko.
Photo de classe au Masters 2009 avec Federer et Nadal (assis), puis de gauche à droite, Del Potro, Djokovic, Murray, Verdasco et Davydenko. Atp

«Il volait», «il pleurait». Roger Federer raconté par ses collègues

L'émotion tout juste dissipée, de nombreux joueurs et coachs ont raconté leurs souvenirs avec le Maître. Certains se sont même laissés aller à quelques confidences. Florilège.
24.09.2022, 07:52
Team watson
Team watson
Suivez-moi
Plus de «Sport»

Le monde entier attendait son message à Roger Federer. Novak Djokovic y a mis le temps car, écrit-il sur Instagram, «ce jour est dur à vivre et c'est dur de trouver les mots pour décrire tout ce que nous avons partagé dans ce sport. De revenir sur plus d'une décennie de moments incroyables et de batailles».

Le Serbe souligne les qualités... morales de son rival: «Ta carrière a montré ce que signifie atteindre l'excellence et dominer avec intégrité et élégance. C'est un honneur de te connaître sur et en dehors du court, et pour de nombreuses années à venir». D'autres collègues du Maître sont allés beaucoup plus loin dans l'extase, à tout le moins dans le détail.

Justine Henin: «Un tennis sans effort»

Le plus bel hommage est peut-être celui de Justine Henin à la Radio-télévision belge de la Communauté française (RTBF). «C’est quelqu’un qui aura fait l’unanimité au niveau de son jeu. Et ça, c’est assez unique. Il suffit de voir les réactions aujourd’hui, et pas que dans le monde du tennis. Roger a véritablement marqué une époque. Je pense que son tennis est le plus beau qu’on ait connu, un tennis sans effort, naturel et élégant.»

epa02179079 Justine Henin of Belgium reacts after scoring against Maria Sharapova of Russia during their third round match for the French Open tennis tournament at Roland Garros in Paris, France, 29 M ...
Justine Henin est devenue n°1 mondiale malgré sa corpulence modeste.Image: EPA

Pour avoir payé très cher ses quelques années au sommet, physiquement et moralement, Justine Henin est particulièrement sensible à la longévité de Federer. «J’ai beaucoup, beaucoup d’admiration pour tous les athlètes qui arrivent à avoir autant de succès aussi longtemps.»

«Il n’est pas beaucoup plus vieux que moi. Inévitablement, son corps allait aussi finir par lâcher. Mais c’est fou d’être arrivé à tenir autant de temps»
Justine Henin

«On l’a cru plusieurs fois fini, mais Roger est revenu», insiste la championne belge. «Il a gagné à nouveau. S'il avait cette capacité à tenir dans le temps, c’est évidemment lié à sa grande intelligence dans la gestion de sa carrière. J’espère que les générations futures pourront s’en inspirer.»

«Le tennis avait déjà des champions. Mais lui, c’est le premier monstre, c’est celui qui a ouvert la voie vers une autre galaxie»

Son plus beau souvenir? L'Open d'Australie 2017, forcément, lorsque Roger Federer est revenu presque miraculeusement d'une grave blessure à un genou (l'épisode 1). «Pour moi, c’était l’accomplissement. Peut-être le plus exceptionnel, en fait. C’était presque inespéré.»

Son autre meilleur souvenir est... une défaite: la finale perdue à Wimbledon 2019 contre Novak Djokovic: «Federer a eu deux balles de match. Tout le monde avait envie de le voir gagner un nouveau titre du Grand Chelem et il chute. Ce sont des moments comme ceux-là qui le rendent humain».

Ivan Ljubicic lâche un scoop

Le coach du Bâlois a révélé dans un média croate que ce Wimbledon 2019 avait (déjà) été perturbé par des problèmes physiques. «Roger n’était pas en forme. Il s’entraînait avec retenue, à environ 60-70 % de ses capacités

Ljubicic regrette «qu’en raison de problèmes de santé, Roger n’ait pas pu donner le meilleur de lui‐même ces dernières années. Son corps a fait beaucoup de chemin et il est compréhensible qu’il ait besoin de repos.»

«Mais Roger jouera sûrement d’autres matchs d’exhibition car il aime tellement le tennis qu’il ne peut pas s’en passer»
Ivan Ljubicic

Patrick Mouratoglou: «Le premier joueur à pleurer»

L’actuel entraîneur de Simona Halep (ex-Serena Williams, Stefanos Tsitsipas, etc.) a immortalisé deux moments magiques sur son compte Instagram. Deux moments tragiques, plus précisément.

«La première chose dont je me souviens, c’est la cérémonie de remise des trophées à l’Open d’Australie 2006 où il a complètement craqué, il a pleuré. Il était un super‐héros et il est devenu un humain. C’est le premier qui a vraiment fait ça.»

Roger Federer of Switzerland cries while holding his Australian Open Championship trophy after defeating Marcos Baghdatis from Cyprus in the finals match at the Australian Open tennis tournament in Me ...
Open d'Australie 2006: Rod Laver lui remet la coupe du vainqueur et Roger Federer craque sous le poids de l'Histoire.Image: EPA

«La deuxième chose, ce sont ses deux matchs épiques à Wimbledon qu’il a perdus: celui contre Novak avec une balle de match (2019) et celui contre Rafael Nadal (2008) qui s’est terminé dans la nuit. Ces deux matchs sont entrés dans l’histoire.»

Wimbledon 2008: Battu pour la première fois en finale de Wimbledon, Federer parlera de «désastre».
Wimbledon 2008: Battu pour la première fois en finale de Wimbledon, Federer parlera de «désastre».

Toni Nadal: «Plus élégant que Jordan ou Messi»

Autre hommage marquant, celui de l'oncle et coach de Rafael Nadal: «Roger était la combinaison parfaite entre efficacité et classe. Il était plus élégant que Michael Jordan ou Lionel Messi. J'avais une grande admiration pour son jeu. Rafa n'aurait jamais été aussi fort sans lui car il était contraint d'élever son niveau».

«L'autre jour, j'ai regardé encore un de ses matchs: c'était à l'Open d'Australie 2009 contre Del Potro. Je crois qu'on n'a jamais mieux joué au tennis que ça. C'était un génie»
Toni Nadal

Toni Nadal révèle que «la seule victoire à Roland Garros que Rafael n’a pas célébrée en tombant à terre est celle de 2008 contre Federer, dans une finale gagnée en trois sets, de manière assez imprévisible». Voire humiliante (6-1 6-3 6-0).

Spain's Rafael Nadal, left, shakes hands with Switzerland's Roger Federer during the men's final at the French Open tennis tournament in Paris on Sunday June 8, 2008. (AP Photo/David Vi ...
Roland-Garros 2008, la poignée de main finale.Image: AP

Trois ans plus tard, Roger Federer rendait la pareille. «C’était dans l’impressionnante O2 Arena de Londres, aux Masters», raconte Toni Nadal. «Après avoir balayé Rafael en une petite heure (6–3 6–0), Roger a lancé la dernière balle dans le public et avec un comportement totalement atypique pour un joueur qui gagne un match aussi important, il a baissé la tête. Il ne l'a pas relevée jusqu’à ce qu’il arrive vers son rival vaincu au filet pour lui serrer la main et lui donner une tape chaleureuse sur la poitrine.»

Toni Nadal est déjà nostalgique: «Je connaissais ses problèmes avec son genou. Le départ de Federer, c'est une nouvelle que vous ne voulez jamais recevoir».

«On mangeait des glaces
et on parlait de tout»

L’équipe a ressorti une petite pépite en la personne de Johnatan Eysseric, un jeune gaucher français que Federer avait engagé comme sparring-partner en 2007 pour être la réplique exacte de Nadal. Celui qui fut n°1 mondial chez les juniors n'en a pas cru ses yeux: «C’est indescriptible, ça sort hyper vite de la raquette alors que tu as la sensation qu’il ne force pas du tout. Le fouetté et l’accélération du poignet, l’effet qu’il imprime à la balle, c’est impressionnant. Il prend aussi la balle ultra tôt».

Mais c'est surtout la décontraction du Maître qui a impressionné Eysseric: «On mangeait ensemble le midi, on mangeait des glaces, on parlait de tout».

Venus Williams le désigne comme le GOAT

Venus Williams a avoué qu'elle était un peu jalouse de sa sœur: «Serena a pu passer plus de temps et avoir plus de selfies avec Roger que moi», a plaisanté l'Américaine sur sa story Instagram, avant d'adouber le Bâlois comme «le plus grand de tous les temps».

Sa petite sœur Serena s'est adressée directement au Maître: «Je t'ai toujours admiré. Nos chemins ont toujours été si similaires, si semblables. Tu as inspiré des millions et des millions de personnes - dont moi - et nous n'oublierons jamais. Je t'applaudis et j'attends avec impatience tout ce que tu feras à l'avenir. Bienvenue dans le club des retraités. Et merci d'être ce que tu es@rogerfederer».

Mais aussi Gasquet, Henman, McEnroe, Thiem...

«Tu te demandes comment il fait»

«C'est une grosse perte pour le tennis. Ça va être différent après. Avec son charisme, sa technique, il n'y a qu'un Roger Federer. Quand tu le regardes, tu ne lâches pas la télé, tout simplement. La technicité, l'élégance, le revers à une main, le coup droit en avançant, la facilité qu'il dégage... Quand tu regardes, tu te demandes comment il a pu faire ce coup. Federer, c'est le tennis. Nadal, Djokovic, c'est extraordinaire aussi, mais ce n'est pas pareil.»
Richard Gasquet dans L'équipe

«Il savait et il s'est tu»

«Federer devait être au courant de son annonce depuis un moment, peut-être même depuis juillet. Oui, il a attendu assez longtemps après la fin de l’US Open pour l’annoncer publiquement. La classe.»
John McEnroe sur CNBC

«Il volait presque»

«Personne avant lui n’a eu la même élégance, et probablement que personne ne l’aura jamais. La façon dont il se déplaçait sur le terrain, presque en volant, était incroyablement belle à regarder.»
Dominic Thiem au tournoi de Rennes

«Une influence énorme»

«Son impact sur le tennis et le sport en général a été absolument énorme. Il est l’une des personnes les plus influentes de notre sport. La façon dont il jouait, mais aussi la façon dont il se comportait…»
Tim Henman sur la BBC
Ceci pourrait également vous intéresser:
0 Commentaires
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
Désigner LeBron James porte-drapeau, c’est se moquer de l’esprit des JO
Le meilleur marqueur de l'histoire de la NBA guidera la délégation américaine à Paris. Sa nomination est pourtant loin d'être légitime.

LeBron James est l'un des plus grands joueurs de l'histoire de la NBA. Ceux qui oublient un peu trop vite Michael Jordan diront de lui qu'il est le GOAT. Il marche sur sa ligue depuis 20 ans et a battu de nombreux records. «King James» est une superstar internationale et représente à merveille la culture américaine. Il est également engagé en faveur de l'égalité, de la diversité et contre le racisme. Il est en ce sens un excellent porte-drapeau.

L’article