Cet après-midi de juillet ressemble à tant d'autres à Gstaad. Une température agréable (22°C), un ciel partiellement nuageux et puis, tout à coup, le soleil qui cogne dès que les nuages s'écartent. Les spectateurs de la Roy Emerson Arena semblent prévenus que la météo, dans ce village perché à 1'000 mètres d'altitude, peut être particulièrement traîtresse et le soleil dangereux pour leur peau: ils sont nombreux à porter chapeaux, casquettes et même pulls ou linges sur la tête pour protéger celle-ci.
Les joueurs, eux, ne sont pas des adeptes de couvre-chefs. Sur les six qui ont foulé le central bernois pendant la journée de mercredi, sous le cagnard, seul un – Botic van de Zandschulp – portait une casquette. Et aucun n'avait de tube de crème solaire sur son banc.
Pourtant, il y a seulement deux mois, l'ex-numéro 1 mondial Andy Roddick faisait, dans son podcast, cette déclaration fracassante:
L'Américain impute sa maladie aux innombrables heures passées sous le soleil à taper des balles. Et il a imploré les parents:
Mais voilà, ce cri d'alarme d'une personne pourtant influente dans le milieu semble être resté, jusqu'à présent, lettre morte. «Andy Roddick a un cancer de la peau?!», s'étonne Stefanos Tsitsipas à la sortie du court à Gstaad, où il vient de battre Hamad Medjedovic en 8e de finale. «En regardant son podcast, je trouvais qu'il y avait quelque chose de bizarre avec sa peau. Maintenant, je comprends pourquoi...»
Le Grec semble bouleversé.
Le finaliste de Roland-Garros 2021 confie en mettre «autant que possible» quand il joue, mais que parfois, il oublie. «Des personnes autour de moi me rappellent constamment de le faire».
Et pourtant, les recommandations de ses proches ne suffisent pas à Stefanos Tsitsipas. A Gstaad, il lance un véritable cri du cœur à l'instance faîtière du tennis masculin:
Botic van de Zandschulp et Juan Pablo Varillas n'avaient, eux non plus, jamais entendu parler des confessions d'Andy Roddick. Et comme Tsitsipas, le Néerlandais et le Péruvien mettent aussi de la crème solaire avant d'entrer sur le court. Le Sud-Américain déplore également que la thématique ne soit pas davantage abordée sur le circuit:
Sans prononcer le mot «tabou», Varillas sous-entend que le cancer de la peau lié à l'exposition au soleil en est un dans le milieu du tennis. Et que c'est pour cette raison que le sujet reste, lui, dans l'ombre.
Une chose est sûre: Fabio Fognini, lui, n'en fait pas une fixette. L'Italien ne sera vraisemblablement pas le prochain à jeter une bouteille (de crème solaire) à la mer. «Je suis déjà noir!», sourit-il, pour dire qu'il n'a pas vraiment besoin de lotion, selon lui. «Des fois, j'en mets, des fois non, et parfois, comme aujourd'hui où c'était nuageux quand je suis arrivé, j'oublie.»
De son côté, Novak Djokovic a décidé d'arrêter de se protéger contre le soleil. Par conviction, pour «préserver son immunité» en ne faisant pas rentrer certains produits dans son corps. Il tient ainsi la même position que lors de son refus de se faire vacciner contre le Covid-19. Interrogé sur ce thème lors du dernier Geneva Open en mai, le Serbe déclarait:
Cette habitude du recordman de titres en Grand Chelem est contraire aux recommandations des dermatologues. Ceux de derma.swiss, par exemple, expliquent qu'«utiliser des produits de protection solaire avec un indice de protection très élevé» est l'une des meilleures manières de prévenir un cancer de la peau. Une maladie dont sont victimes chaque année 25'000 nouvelles personnes en Suisse, un nombre record à l'échelle européenne...
Très affecté par la triste nouvelle concernant Andy Roddick, Stefanos Tsitsipas a pris une résolution à Gstaad: «Je ne veux absolument pas que ça m'arrive, alors je vais faire très attention». Reste à savoir si l'ATP tendra l'oreille aux demandes du Grec pour sensibiliser les tennismen à ce problème.