On pourrait penser que des marins engagés dans la course autour du monde, sans escale et sans assistance, vivent reclus sur leur bateau, mais c'est tout le contraire: même en plein milieu des mers et océans, ils sont hyper connectés avec la terre ferme. C'est même une obligation: le règlement impose en effet aux 40 marins engagés d’envoyer trois vidéos de deux minutes par semaine et six photos. Une mesure mise en place en 2020 et dont le manquement expose à une pénalité de 1000 euros.
Violette Dorange suit évidemment les règles, mais elle honore aussi des visioconférences et transmet aux médias des vidéos et pastilles sonores. La navigatrice de 23 ans est par ailleurs active sur Instagram, où elle vient même de lancer un jeu concours avec un de ses partenaires commerciaux. Une stratégie visiblement payante, puisque la benjamine de la course a gagné de nombreux abonnés sur Instagram depuis un peu plus d'une année, passant de 12 000 suiveurs à près de 400 000 aujourd'hui.
Conséquence directe de sa forte activité numérique depuis le départ du Vendée Globe, le 10 novembre dernier, Violette Dorange «a englouti en 20 jours de course son forfait data de tout le mois de novembre», révèle Le Monde. Si la situation se répète, la navigatrice, qui dispose d'un des budgets les plus modestes de la flotte, pourrait se trouver en danger.
Pour ne pas devoir faire un choix entre sa sécurité (un skipper en mer sans fichiers météo est comme privé de boussole) et celles et ceux qui la suivent sur terre (public, médias, supporters, etc.), Violette Dorange devra calculer ses efforts et trouver un équilibre.
C'est ce que semble avoir réussi à faire Benjamin Dutreux à bord de son bateau Guyot Environnement-Water Family. La semaine dernière, le skipper s'est même offert le luxe de suivre le match de Ligue des champions Barça-Brest en direct sur un écran. Il s'est ensuite connecté à l'After foot, une émission de RMC, pour débriefer la partie en direct avec les consultants, présents dans un studio parisien. «Je suis pile entre le Brésil et l'Afrique du Sud. (...) J'ai essayé de regarder la partie, il y avait quand même pas mal de coupures. Mais j'ai réussi à voir quelques replays et suivre un peu les événements majeurs du match», a-t-il dit.
💫 Absolument exceptionnel :
— After Foot RMC (@AfterRMC) November 26, 2024
Benjamin Dutreux, actuellement 14eme du Vendée Globe, débriefe avec nous en pleine mer du match Barça-Brest.
❤ MA-GI-QUE ! pic.twitter.com/YJQLxKzhAT
Certains regrettent l'hyper-connexion des navigateurs. «Que reste-t-il de l'esprit d'aventure et des conditions de navigation des 13 pionniers de l'édition 1989 du Vendée Globe?», s'interrogeait l'Agence France Presse début novembre.
La tendance aux échanges en direct ne devrait toutefois pas faiblir. La Revue des médias rapporte que pour cette 10e édition de la course autour du monde, une partie des bateaux est connecté via le réseau Starlink, ce qui est une révolution. «Ce réseau satellitaire permet d’obtenir en pleine mer un débit proche de celui des réseaux terrestres. De quoi fournir des images quasiment en direct», relate le media.
Le skipper Charlie Dalin s'en réjouit, lui qui a équipé son monocoque de caméras fixes et mobiles.
Avec le temps et les progrès technologiques, le Vendée Globe est aussi devenu une course à l'image, au risque de faire peser une menace sur les navigateurs. Violette Dorange est prévenue.