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La coûteuse expo de Rösti sur les autoroutes est très critiquée

Ce centre autoroutier a coûté des millions et personne ne le visite.
Visualisation du projet controversé d'extension de la jonction Wankdorf avec le pont pour la mobilité douce.Image: Keystone / Spurwechsel

Rösti a dépensé 4 millions pour une expo sur les autoroutes

Le département du conseiller fédéral Albert Rösti fait la promotion de ses projets autoroutiers dans un pavillon flambant neuf à Berne. Le succès n'est pas au rendez-vous.
13.08.2025, 10:0313.08.2025, 10:03
Catherine Duttweiler / ch media
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Le son nous enveloppe et des couleurs vives défilent à toute vitesse sur les murs. L’expérience se veut «immersive», explique l’employé de l’Office fédéral des routes (OFROU) qui nous guide à travers «la plus grande maquette 3D urbaine du monde. Celle-ci présente les «plans visionnaires» pour l’extension des autoroutes en Suisse. «C’est l’avenir», lance la maquette. Et tout est prévu:

«Si vous vous sentez mal, regardez le sol!»

Situé le long de l’autoroute près de Berne, le centre de visiteurs «Lueg mau!» a coûté environ quatre millions de francs. Depuis début juillet, soit un an plus tard que prévu, il est possible de s’inscrire pour une visite. Auparavant, le bâtiment servait de salle de réunion interne.

C’est sans doute la salle de réunion la plus chère du pays, car, comme le confirme l'Ofrou, il n'y a eu qu'une douzaine de réunions ces derniers mois.

Sauver «l'assiette de spaghetti»

Grâce à la nouvelle technologie Building Information Modeling, le Centre doit rendre les projets d’extension autoroutière «vivants et compréhensibles» pour la population, tout en servant de «hub de compétences» pour de futurs projets.

En ce moment, il s’agit de sauver le raccordement autoroutier qui passe près du stade du Wankdorf, surnommé «l'assiette de spaghetti» en raison de son grand nombre de voies. En mai dernier, le conseiller fédéral Albert Rösti avait délivré le permis de construire. Des recours avaient été déposés par la ville de Berne, ainsi que par l'Association transport et environnement, Pro Velo ainsi que des riverains.

Prendre la défense des autoroutes

A l’origine, le pavillon devait promouvoir quatre grands projets autoroutiers représentant des investissements de 4,5 milliards de francs. Malgré le référendum contre l’extension autoroutière, il avait été équipé l’an dernier d’un dispositif technique coûteux (1,2 million de francs).

Après l’échec en votation populaire de l’extension autoroutière en novembre dernier, les responsables des routes ont dû revoir leurs plans. En effet, parmi les projets exposés dans le pavillon, un premier a été refusé par le peuple. Deux autres sont actuellement examinés par Ulrich Weidmann, professeur à l’EPFZ.

Il ne reste donc que le projet relativement modeste du Wankdorf à 275 millions de francs, sur lequel la population n’a pas pu voter. Les contenus de l’exposition et les textes des présentateurs ont dû être adaptés. L’Ofrou prévoit pour ces «fins ajustements» un surcoût maximal de 10% par rapport aux 3,8 millions de francs budgétés.

Le vélo est pénalisé

Pour défendre ce dernier projet, l'Ofrou diffuse des messages qui sont critiqués par certains experts. L'exposition affirme, par exemple, le raccordement offrirait «des liaisons sûres et attractives pour la mobilité douce» grâce à un pont. Michael Sutter, président de Pro Velo Berne, n’est pas d’accord avec cette affirmation. Il explique:

«Le projet entraîne de grands détours et des pentes, ce qui n’est ni attractif ni praticable au quotidien, et sans vélo électrique, c’est très pénible.»

Son association a joint à son recours une analyse de 57 pages montrant comment la sécurité pourrait être améliorée à moindre coût par des mesures simples.

Ailleurs dans le pavillon, l'Ofrou assure que le raccordement apporterait «plus de sécurité» sur un «point noir» en matière d’accidents. Là aussi, cela ne fait pas l'unanimité: «L’extension génère plus de trafic et donc plus d’accidents», réplique Markus Heinzer, président de l'association Spurwechsel, renvoyant à l’analyse coûts-bénéfice commandée par l’Ofrou et disponible pour le public.

Les messages clés controversés figurent aussi sur le site internet du centre de visiteurs, conçu pour 40 472 francs par le bureau de relations publiques zurichois Farner qui conseille l’Ofrou depuis des décennies.

Une situation qui énerve les communes

L’ouverture du pavillon n’a été ni fêtée ni officiellement annoncée. Albert Rösti et le directeur bernois des transports, Christoph Neuhaus, misent pour l’instant sur un lobbying discret pour sauver le raccordement. Les communes voisines comme Ostermundigen, Ittigen et Berne sont invitées à des réunions, et le TCS apporte son aide, comme le prouve un procès-verbal.

L’agacement est fort dans les communes, note le document, car le nouvel exécutif bernois rejette le projet et exige des améliorations, comme la couverture de l’autoroute. La discussion illustre «la perte de confiance envers les décisions du Conseil municipal de la ville de Berne».

Le pavillon de l’Ofrou, lui, suscite un intérêt limité. Pour les deux premières visites, moins de dix personnes se sont déplacées. Pour les suivantes, à une exception près, une seule personne ou aucune ne s’est inscrite pour le visiter.

Traduit de l'allemand par Joel Espi

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