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Pourquoi Ricola, Lindt et On sont vendus moins cher en France

Ces marques suisses coûtent moins cher dans les pays voisins.
Ricola, Lindt, On et d'autres sont vendus moins cher en FranceImage: watson

Ces produits suisses iconiques sont moins chers à l'étranger

Certains produits bien connus des Helvètes, tels que les boules Lindor, le café Mövenpick ou les bonbons Ricola, coûtent moins cher dans les pays voisins qu'en Suisse. Alors que les marques se défendent, la Fédération romande des consommateurs dénonce les marges des détaillants.
14.04.2025, 07:3514.04.2025, 07:35
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Ce cas avait fait beaucoup parler. L'an dernier, le Tages-Anzeiger découvrait que les chaussures de la marque helvétique On étaient vendues jusqu'à 55% moins cher à l'étranger qu'en Suisse. Il suffit de parcourir sa boutique en ligne pour s'en rendre compte. Le modèle Cloud 6 pour hommes, par exemple, coûte 190 francs en Suisse, alors qu'au Royaume-Uni, en France ou aux Etats-Unis, les clients ne doivent débourser que l'équivalent de 153, 150 et 129 francs, respectivement.

Une situation qui peut interroger, notamment de la part d'une marque représentée par Roger Federer et qui aime mettre en avant sa suissitude. Un petit tour de l'autre côté de la frontière montre qu'il ne s'agit pas d'un exemple isolé. D'autres produits helvétiques iconiques, à l'usage bien plus quotidien, sont également vendus moins cher à l'étranger.

C'est le cas des boules Lindor. Le cornet de 200 grammes coûte 11,95 chez Coop et Migros, mais seulement 5,99 euros chez Carrefour, soit 5,60 francs - c'est moins de la moitié. Le chocolat Villars est également moins cher en France: la même tablette de 100 grammes revient 2,46 euros (2,30 francs) chez Auchan, contre 4,60 francs chez Coop. Là encore, la différence se monte à 50%.

Les boules Lindor, vendues 11,95 francs chez Migros, coûtent la moitié chez Carrefour, en France.
Les boules Lindor, vendues 11,95 francs chez Migros, coûtent la moitié chez Carrefour, en France.Image: watson

Même scénario pour le café «divin moulu» de Mövenpick, dont le prix diminue presque de moitié une fois traversée la frontière - le paquet de 500 grammes coûte 10,90 chez Coop et l'équivalent de 5,60 francs chez Carrefour. Citons également les biscuits Kambly Butterfly, dont le coût passe de 2,38 euros (2,25 francs) chez Auchan à 4,4 francs à la Coop. Ou les bonbons Ricola aux herbes, vendus 3,49 euros (3,30 francs) chez Bennet, en Italie, et 4,20 francs dans les magasins du géant orange.

A noter que tous ces produits sont fabriqués en Suisse, du moins ceux vendus dans notre pays, et qu'ils arborent volontiers le drapeau helvétique ou la mention «Suisse» sur leurs paquets.

Les fabricants réagissent

Les marques qui ont répondu à nos sollicitations mettent en avant plusieurs arguments. Une porte-parole de Lindt & Sprüngli indique que les prix doivent être fixés en tenant compte des exigences de l'environnement commercial local. La situation en Suisse et en France ne serait, dès lors, pas comparable. Elle développe:

«La Suisse présente des structures de coûts différentes de celles des pays de la zone euro, par exemple en ce qui concerne les coûts salariaux et logistiques ou les coûts de marketing et de promotion, qui sont pertinents pour la fixation des prix tant du côté du fabricant que du côté du commerce.»
Une porte-parole de Lindt & Sprüngli

La diversité des marchés suisse et français est également évoquée dans la réponse de Mövenpick. La marque souligne que «la fixation des prix relève de la responsabilité exclusive des partenaires licenciés, ainsi que du commerce de détail». «En France comme en Suisse, la fixation des prix est laissée à la discrétion des détaillants», abonde la porte-parole de Lindt & Sprüngli.

La différence de prix du café Mövenpick entre la France et la Suisse.
La différence de prix du café Mövenpick entre la France et la Suisse.Image: watson

Villars, qui tient à préciser que tous ses produits sont fabriqués à Fribourg, indique également que la fixation des prix de vente aux consommateurs est sous la responsabilité des enseignes. «Nous n’avons pas la possibilité d’agir sur leur politique promotionnelle», remarque-t-on.

Mövenpick ajoute finalement que la comparaison porte sur deux devises différentes, le franc et l'euro, dont les taux de change sont «susceptibles de fluctuer».

«Maximisation des profits»

Ces explications laissent la Fédération romande des consommateurs (FRC) sceptique. «L'argument des salaires élevés en Suisse comme justification principale ne tient pas», balaye Jean Busché, responsable économie & NTIC auprès de la FRC.

«En réalité, lorsque les produits sont importés, les coûts liés aux salaires locaux n’ont aucun effet significatif sur les prix»
Jean Busché, FRC

Le responsable cite des recherches mandatées par le lobby du commerce de détail et confirmées par Monsieur Prix et la Confédération, selon lesquelles le coût unitaire du travail en Suisse est même légèrement inférieur par rapport aux pays voisins. «Quant aux produits fabriqués localement, les salaires ne représentent en moyenne que 11% du différentiel de prix observé, selon une étude du SECO en 2003», complète-t-il.

Pour Jean Busché, l'explication se situe ailleurs: marques et distributeurs exploiteraient le pouvoir d'achat élevé des consommateurs suisses pour accroître leurs marges. Il résume:

«Il ne s’agit pas simplement d'une adaptation logique aux coûts locaux, mais bien d’une stratégie de maximisation des profits au détriment des consommateurs suisses»
Jean Busché, FRC

«Cette situation révèle que les prix élevés pratiqués en Suisse sont largement dus à des marges excessives réalisées à plusieurs niveaux de la chaîne commerciale, en particulier par les distributeurs», poursuit-il.

Jean Busché dénonce notamment les grandes enseignes comme Migros et Coop, qu'il accuse de réaliser des marges «dépassant significativement les niveaux raisonnables», comme démontré par plusieurs enquêtes de la FRC. «Cela reflète un problème structurel lié à un manque de concurrence efficace et à une opacité des prix, en autres dans le secteur agroalimentaire», note-t-il. Et de conclure:

«Ainsi, les consommateurs sont victimes d’un système qui les contraint à supporter des marges abusives sans réel bénéfice en retour»
Jean Busché, FRC
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