Ce géant allemand décroche un énorme contrat avec les CFF
L'allemand Siemens livrera dans les années 2030 aux CFF au moins 116 nouvelles rames à deux étages pour le RER zurichois et la Suisse romande. Candidat malheureux de ce marché de 2,1 milliards de francs, le concurrent thurgovien Stadler a exprimé sa déception, et le syndicat Unia son incompréhension.
«Il s'agit d'un très bon train pour le RER, qui offrira beaucoup de place et de confort, pour un bon prix», a déclaré vendredi le patron des CFF Vincent Ducrot lors d'une conférence de presse à Berne.
Il y avait trois offres sur la table et celle de Siemens est sortie du lot. «C’est une décision claire. (L'offre de Siemens) a obtenu le plus de points, avec un écart qui ne laisse pas place à la discussion», a affirmé le Fribourgeois.
Des trains mis en service il y a 40 ans
L'offre de Siemens Mobility se démarque du point de vue des coûts d’investissement, des charges d’exploitation (énergie, maintenance) et des critères de durabilité.
Sur les 116 rames, 95 seront déployées sur les lignes du RER zurichois. Les 21 autres circuleront sur les lignes du RER Vaud et du RE33 Martigny–Annemasse. Dans la région zurichoise, le nouvel équipement remplacera des trains mis en service il y a 40 ans, ont rappelé les CFF.
Ces trains seront aussi employés dans le cadre des futurs réaménagements de l’offre. Le marché comprend ainsi une option pour 84 véhicules supplémentaires, précisent les CFF.
Des prises de courant à bord
Plus grand de Suisse, le RER zurichois déplace des «quantités énormes de personnes», a souligné Vincent Ducrot. Reto Liechti, membre de la direction CFF et responsable Production Voyageurs, a pour sa part relevé le potentiel de croissance de l'Arc lémanique.
Les nouveaux véhicules offriront nettement plus de places. Les nouveaux trains mesureront environ 150 mètres de long et offriront quelque 540 places assises ainsi que huit zones multifonctionnelles spacieuses pour voyager debout ou disposer des vélos et des bagages. Aux heures de pointe, les trains circuleront en double traction (300 mètres) et permettront ainsi à plus de 1000 personnes de s'assoir.
Les nouveaux véhicules auront un accès à plancher surbaissé à toutes les portes. En première classe, les usagers bénéficieront de plus de confort comme des sièges réglables et plus d'espace. Des prises de courant seront disponibles pour tous les passagers de 1ère comme de 2e classe. Il y aura deux toilettes par train, dont une accessible aux personnes à mobilité réduite.
Les trains seront construits à Krefeld (D), près de Düsseldorf. Mais certaines parties viendront de Suisse. Et la maintenance sera assurée dans la Confédération, a relevé Vincent Ducrot. La production débutera en 2028. Les tests et autorisations devraient intervenir l'année suivante, avec le début du déploiement en 2031.
«Une grande déception pour Stadler»
Stadler a pris acte avec grand regret du verdict des CFF. Le constructeur thurgovien analysera attentivement les motifs retenus par la compagnie ferroviaire. Interrogé sur un éventuel recours, un porte-parole a répondu: «pas de commentaire».
Stadler a assuré que la différence de prix effective avec son concurrent n'était que de 0,6% pour 176 trains à deux étages. «C'est une grande déception pour Stadler et nos quelque 6000 employés en Suisse», a déploré Markus Bernsteiner, le directeur général de Stadler.
Le syndicat Unia s'est également montré critique, jugeant «incompréhensible» le choix des CFF de confier un tel contrat à l'étranger, soulignant que Siemens n'a pas de site de production en Suisse.
Unia rappelle que la loi prévoit un soutien à la place industrielle suisse. En tant qu'entreprise publique, les CFF ont cette responsabilité, selon l'organisation. Unia demande donc aux CFF et au Conseil fédéral de rendre publiques les différences qui ont été constatées dans les critères d’évaluation de cet important contrat.
«Un travail énorme»
Interrogé sur l'éventualité d'un recours, Vincent Ducrot s'est montré confiant: «en général, on gagne toujours ce genre de procédure parce qu'on est extrêmement strict dans notre approche».
«Nous avons fait un travail énorme pour être sûrs que les offres soient comparables. Après, chaque personne qui fait une offre dans un marché public a le droit de faire recours, cela arrive, ça fait partie du jeu». (jzs/ats)
