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Elon Musk a un problème avec ses satellites Starlink en Suisse

Elon Musk s'est allié à un opérateur suisse, mais quelque chose coince

Elon Musk et ses satellites Starlink progressent en Suisse. Depuis août 2023, les foyers suisses peuvent souscrire à ce service. Starlink a également signé un partenariat avec Salt. Des obstacles réglementaires retardent toutefois ce projet.
15.01.2025, 05:31
SpaceX owner and Tesla CEO Elon Musk arrives on the red carpet for the Axel Springer media award, in Berlin, Germany, Tuesday, Dec. 1, 2020. (Britta Pedersen/Pool via AP)
A 53 ans, Elon Musk bouleverse le monde, par ses propos, comme par les initiatives de ses sociétés.Image: AP DPA POOL
Othmar von Matt / ch media
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Ilaria Schnyder fait partie de la communauté émergente des utilisateurs de Starlink en Suisse. Sur X, elle publie des photos d’un routeur installé sur le toit d’une cabane de montagne dans la vallée de Verzasca, au Tessin, avec la mention: «Merci, Starlink».

Adrian Schnell, développeur web allemand, utilise également Starlink. Ce nomade numérique a partagé des images le montrant en train de travailler en plein air, à 900 mètres d’altitude, dans le canton de Berne. Avec son camping-car, une table, une chaise et un routeur Starlink, il réussit à rester connecté même dans des endroits reculés.

Starlink est un réseau de satellites exploité par SpaceX, l’entreprise aérospatiale d’Elon Musk. Ce réseau fournit un accès Internet via des satellites et est disponible dans 118 pays, sur tous les continents, ainsi qu'au milieu des océans. Selon SpaceX, 4,6 millions de personnes utilisent Starlink dans le monde – et ce chiffre augmente rapidement.

SpaceX est actuellement le plus grand opérateur de satellites au monde. Starlink a déployé un réseau de 7600 satellites, selon l’astronome Jonathan McDowell, qui suit la durée de vie de chaque satellite sur son site web. Ces satellites gravitent autour de la Terre à environ 550 kilomètres d’altitude. A terme, 42 000 satellites pourraient s’ajouter à ce réseau.

Des abonnements Starlink à 50 francs

Depuis août 2023, Starlink possède une licence pour proposer ses services en Suisse, comme l’a confirmé l’Office fédéral de la communication (Ofcom). Le nombre exact d’utilisateurs en Suisse reste toutefois inconnu, SpaceX n’ayant pas répondu à nos sollicitations.

Les abonnements proposés en Suisse sont les suivants:

  • Pour les ménages privés: 50 francs par mois
  • Option voyage (petites quantités de données): 40 francs par mois
  • Option voyage (données illimitées): 75 francs par mois

Les frais initiaux pour le matériel s’élèvent à 329 francs, ce qui comprend un support, un routeur, des câbles et une alimentation.

Starlink est particulièrement attractif dans les zones mal desservies par les autres fournisseurs Internet, comme les fermes isolées ou les cabanes de montagne. Il offre des vitesses de téléchargement comprises entre 50 et 250 Mbps, bien que la moyenne soit d’environ 100 Mbps, selon les tests. Cela reste inférieur aux performances de la fibre optique, qui peut atteindre 10 Gbps, et se situe dans la même gamme que les anciennes lignes en cuivre, soit entre 100 et 300 Mbps.

Un partenariat Salt/Starlink contrarié

Starlink a trouvé un deuxième point d’entrée en Suisse via Salt. En 2023, Salt est devenu le premier opérateur mobile européen à signer un contrat d’utilisation avec Starlink. Ce partenariat vise à améliorer la couverture dans les zones sans antennes mobiles.

La technologie utilisée, appelée «Direct-to-Cell», permet de connecter directement les smartphones aux satellites:

«Les tests effectués aux Etats-Unis et en Nouvelle-Zélande confirment que cette technologie fonctionne parfaitement»
Viola Lebel, porte-parole de Salt

Cependant, cette technologie ne remplace pas le réseau mobile traditionnel. Elle sert plutôt de solution d’appoint, notamment pour les appels d’urgence en cas de catastrophe naturelle.

Face aux problèmes

Malgré ses avantages, cette technologie rencontre des obstacles réglementaires. Les autorités doivent d’abord définir les conditions-cadres pour son utilisation commerciale.

Ce processus prend plus de temps que prévu, selon Viola Lebel. Salt devra donc patienter jusqu’en 2027, date à laquelle la question sera abordée lors de la conférence de l’Union internationale des télécommunications (UIT). En attendant, l'opérateur téléphonique pourrait obtenir une licence expérimentale, mais celle-ci n’autoriserait pas l’exploitation commerciale du service.

Les enjeux de la protection des données

Starlink fait également l’objet de critiques concernant la sécurité des données. Sebastian Schinnerl, écrivain et spécialiste du domaine, a exprimé ses préoccupations sur X:

«Starlink n’est pas sûr. Toutes les données sont stockées, analysées et revendues».

Il existe des indices suggérant que la protection des données pourrait effectivement poser problème. SpaceX et Starlink ne figurent pas sur la liste des entreprises américaines certifiées par le Swiss-US Data Privacy Framework, qui garantit un niveau de protection adéquat pour les données personnelles.

Par ailleurs, Starlink n'a pas désigné de représentant en Suisse dans sa déclaration de confidentialité relative à l'EEE+ (Espace économique européen plus Royaume-Uni et Suisse), alors que l'entreprise y est tenue en vertu de l'article 14 de la loi suisse sur la protection des données.

La prudence est donc de mise avec Starlink

David Vasella, avocat spécialisé en droit des données, conseille la prudence:

«Lorsqu’on transmet des données à un fournisseur, il faut se demander qui peut y accéder. Il existe un risque que des autorités étrangères y aient accès.»

Le transfert de données personnelles vers les Etats-Unis n'est possible que de manière limitée pour les sociétés, selon David Vasella. «Sauf si l'entreprise se trouve sur la liste des entreprises américaines certifiées ou si elle a un contrat correspondant.» Pour Starlink et SpaceX, cela reste incertain.

Concernant l’absence de représentant en Suisse, l'avocat relativise: «Google et Facebook ont un représentant en Suisse, mais de nombreuses entreprises américaines n’en ont pas». Il précise que l’obligation de désigner un représentant est soumise à des seuils élevés, et que le Préposé fédéral à la protection des données (PFPDT) ne vérifie pas systématiquement cette obligation.

Interrogé à ce sujet, le PFPDT affirme avoir déjà contraint plusieurs grandes entreprises internationales à se conformer à cette exigence. Selon sa porte-parole Katja Zürcher, ces discussions sont parfois longues, car elles impliquent des sièges sociaux peu familiers avec le droit suisse.

Traduit et adapté de l'allemand par Tanja Maeder

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