L'objet incandescent était à la fois plus grand et beaucoup plus lent qu'une étoile filante. Il avançait en revanche nettement plus vite qu'un avion: selon une rédactrice de watson, on a pu observer le phénomène pendant près d'une minute. Puis la traînée de feu s'est éteinte.
Les experts en astronomie se sont rapidement accordés sur le fait qu'il ne s'agissait vraisemblablement pas d'un phénomène naturel. Astrophysicien à l'Observatoire de la Côte-d'Azur, Eric Lagadec a twitté:
Comme en témoignent plusieurs personnes sur X, dont des lecteurs de watson, l'événement a été visible dans toute la Suisse. Des images ont également circulé depuis le sud de l'Allemagne, le nord de l'Italie, la France et la Belgique.
Was war das gerade am Himmel?
— Daniel Lopez (@LocoLopo91) August 27, 2024
📽️: Rubigen BE pic.twitter.com/8FumTH5xzU
Selon Météo-Express, un service qui fournit des prévisions pour la France, la Suisse, la Belgique, le Luxembourg et Andorre, la fragmentation en plusieurs objets incandescents indique qu'il s'agit d'un satellite en cours de désintégration après sa rentrée dans l'atmosphère terrestre.
Celui-ci fait vraisemblablement partie de l'arsenal Starlink d'Elon Musk. L'entrée du satellite 2382 était en effet prévue au moment où de nombreuses observations ont été signalées dans la région.
Le site orbit.ing-now.com travaille, lui, à partir des données des satellites, leur orbite, leur altitude, leur position géographique exacte et donc l'heure et le lieu de leur entrée. Ces calculs concordent également avec les observations de mardi soir en Europe.
Lors de l'entrée d'un objet dans l'atmosphère, celui-ci est fortement freiné. En peu de temps, il perd énormément de vitesse par rapport à son allure en orbite. Une quantité extrêmement importante d'énergie se transforme alors en chaleur, ce qui porte le corps à incandescence. Les températures à la surface de l'objet peuvent atteindre plusieurs milliers de degrés.
Si les objets ne sont pas protégés par un bouclier thermique spécial, comme c'est le cas pour les vaisseaux spatiaux habités ou réutilisables, ils sont détruits.
Cela peut parfois arranger les entreprises comme la Nasa ou Starlink, qui y voient une manière relativement simple et bon marché d'éliminer les engins qui ne serviront plus. Le calcul du lieu et du moment de l'entrée dans l'atmosphère reste néanmoins complexe. Outre les satellites, cette méthode est également utilisée pour les sondes spatiales, les pièces de fusées ou même les stations spatiales hors d'usage.
En règle générale, il n'y a pas de danger pour les Terriens. Mais en cas d'erreurs de calcul ou d'objets très volumineux qui ne se consumeraient pas complètement comme prévu, les débris spatiaux peuvent représenter un danger.
Une étude de l'Université de Colombie-Britannique a récemment conclu que la probabilité que des débris spatiaux touchent un humain au cours des dix prochaines années atteint 10%.
Cela peut sembler beaucoup à première vue, compte tenu de l'énorme quantité de satellites et d'autres objets en orbite autour de notre planète, mais le risque est négligeable - comparé aux autres dangers qui nous menacent quotidiennement.
D'un point de vue environnemental, l'incinération d'objets par leur pénétration dans l'atmosphère est toutefois controversée. Même si les objets semblent en effet «disparaître», ils laissent de nombreux résidus.
Parmi eux, d'énormes quantités de nanoparticules métalliques, notamment de l'oxyde d'aluminium. Des chercheurs de l'University of Southern California ont récemment étudié la quantité de substances nocives en suspension dans l'atmosphère. Ils estiment que pour un satellite moyen de 250 kilos, il faut compter environ 30 kilos de «déchets» après la combustion.
La majeure partie se déposera à 50 kilomètres d'altitude. Mais de là, le matériau se déplace tranquillement vers la surface de la Terre. Selon les chercheurs, en 30 ans, les particules parcourront une dizaine de kilomètres, pour arriver à 40 kilomètres de la Terre environ - précisément là où commence la couche d'ozone.
Et pour celle-ci - et donc pour nous aussi - la concentration toujours plus élevée pourrait devenir dangereuse. Selon les auteurs de l'étude, les tonnes d'oxyde d'aluminium qui se rapprocheront insidieusement au cours des prochaines décennies risquent d'endommager massivement la couche d'ozone, essentielle à notre survie. Elle nous protège des rayons UV du soleil. Sans elle, nous serions littéralement grillés. La vie humaine à la surface de la planète serait à peine possible.
Adaptation française: Valentine Zenker