Ce sondage enterre un peu plus le F-35 en Suisse
C’est un résultat clair: 63% des personnes interrogées souhaitent voter une nouvelle fois sur l’acquisition de nouveaux avions de combat. C’est ce qu’a révélé une étude de Demoscope commandée par le site Infosperber. Quelque 2000 personnes ont été interrogées.
En Suisse romande, un nouveau passage par les urnes est plébiscité, avec 76% des sondés qui souhaitent avoir à nouveau la possibilité de dire oui ou non aux avions de chasse. Constat frappant, l'idée d'un nouveau scrutin bénéficie d’un large soutien dans toutes les couches de la population, à travers toutes les classes d’âge, et indépendamment du genre des sondés.
Le Conseil fédéral ne veut rien entendre sur le F-35
Mais tout cela ne sert à rien tant que le Conseil fédéral s’y oppose. Jusqu’ici, le gouvernement campe sur sa position, et même un éventuel crédit supplémentaire ne devrait pas être soumis à un nouveau vote. L'argument: un vote sur le budget ne serait pas nécessaire car l’approbation du Parlement serait suffisante.
Il y a 5 ans, la votation sur les avions de combat s’était soldée par un résultat extrêmement serré, et moins de 8000 voix avaient fait la différence. Avec 50,1% de oui, le peuple avait approuvé un crédit cadre de six milliards de francs. Le choix du modèle – qui s’est porté sur les F-35 étasuniens – n’est arrivé que plus tard.
Depuis, l’avion de combat choisi fait face à plusieurs critiques. Et des soucis pointent également du côté du financement. Le Conseil fédéral a longtemps considéré que le prix d’achat était fixe, et que les 36 avions commandés pouvaient être acquis pour le montant convenu.
Mais aujourd’hui, les Etats-Unis ne veulent plus rien savoir de cet accord. Si la Suisse voulait effectivement acheter le nombre de F-35 initialement prévu, il faudrait s’attendre à des coûts supplémentaires de plus d’un milliard de francs.
Un choix douloureux à faire
S’il souhaite respecter le budget initialement fixé, le ministre de la Défense, Martin Pfister, n’aura probablement pas d’autre choix que de commander moins d’avions. Mais on peut se demander si l'objectif visé pour la sécurité aérienne du pays pourra être garanti. Le conseiller fédéral devra donc dans tous les cas prendre une décision désagréable.
Dans le même temps, la pression politique en faveur d’une deuxième votation augmente, du moins pour le cas où l’achat s'élèverait à plus de six milliards de francs. L’actuel président du PLR Thierry Burkart a déclaré à la NZZ qu’il soutiendrait un nouveau scrutin en cas de dépassement des coûts.
Il reste certes attaché au choix du modèle, mais sur le plan démocratique il serait «problématique de changer les règles en cours de partie». Le peuple a voté une limite de coûts, celle-ci ne peut pas être simplement assouplie.
Pas d'alternative rapide
Dans le sondage, la question portait sur le souhait d’un nouveau vote indépendamment d’un éventuel dépassement du budget initial. Mais si celui-ci était maintenu, le Conseil fédéral ne serait certainement pas disposé à repasser par les urnes.
Certes, compte tenu de la situation internationale tendue, le soutien global aux nouveaux avions de combat pourrait avoir probablement progressé. Mais l’envie de traiter avec les Américains a nettement reculé. En outre, dans le cas d'un rejet populaire du F-35, il reste très incertain qu'il soit possible de trouver rapidement une alternative.
Traduit de l'allemand par Joel Espi
