Les familles avec de jeunes enfants devraient être soutenues financièrement afin qu'elles puissent concilier la garde des enfants et le travail ou les études. Et surtout, les jeunes parents doivent avoir l'impression que travailler en vaut la peine. Ce n'est souvent pas le cas, car les tarifs des crèches en Suisse sont fréquemment trop élevés.
Pour faire connaître l'étendue de cette problématique, l'association faîtière des femmes alliance F a organisé, mercredi matin, une action sur la Place fédérale et a distribué des factures de crèche réelles de personnes anonymes de la région de Berne et de Zurich.
Celles-ci montraient ce que des parents ont dépensé pour un mois:
La liste pourrait s'allonger indéfiniment. Le message est clair: les frais de garderie deviennent un facteur de coût important dans le budget de chaque ménage, en particulier pour les familles avec plus d'un enfant – et ce, malgré les rabais accordés pour chaque enfant supplémentaire. En plus des impôts et de la progression plus élevée due au deuxième revenu, les dépenses pour la crèche engloutissent le deuxième salaire de nombreux couples.
L'idée de soutenir les parents de manière plus conséquente dans ce domaine a mûri au sein d'une large alliance allant de la gauche jusqu'au PLR. Le conseiller aux Etats du Centre Benedikt Würth (SG) a relevé:
Deux initiatives incitent en outre le Parlement à agir maintenant: l'initiative du PS sur les crèches, qui veut alléger la charge des parents par le biais de fonds fédéraux, et l'initiative de l'UDC sur l'immigration. Le potentiel national de main-d'œuvre doit être exploité au maximum afin de freiner l'importation de travailleurs, disent-ils.
Mais dès que les choses deviennent concrètes, l'euphorie de nombreux partisans retombe: qui reçoit de l'argent et pour quoi? Qui finance et combien?
Les opposants au financement des crèches ont surtout mis en avant des doutes juridiques. Il y a dix ans, le Conseil fédéral est arrivé à la conclusion que la Confédération n'avait pas le mandat constitutionnel de promouvoir la conciliation entre travail et famille, a rappelé le conseiller aux Etats UDC Jakob Stark (TG). «Cela n'a pas changé depuis». Il a reçu le soutien de représentants de l'UDC et du PLR. La conseillère aux Etats de Schwyz Petra Gössi a expliqué son refus par le fait qu'elle ne voulait pas outrepasser les efforts cantonaux dans ce domaine.
Contrairement au Conseil national, qui prévoyait une participation de la Confédération aux frais de crèche, le Conseil des Etats a développé un nouveau modèle. Il le lie au «système éprouvé des allocations familiales», comme l'a expliqué Benedikt Würth. Concrètement, les parents recevraient 100 francs par jour de garde par semaine, et 500 francs pour cinq jours, le seuil le plus bas étant un jour par semaine. Les parents recevraient les allocations jusqu'à ce que les enfants atteignent l'âge de huit ans.
Selon lui, les coûts de ce modèle s'élèveraient à 601 millions de francs. La Chambre basse se montre ainsi plus pingre que le Conseil national, qui a approuvé des dépenses d'environ 800 millions de francs. Le débat n'est donc pas clos.
D'autant plus que le Conseil des Etats n'a pas encore fini de débattre de la question des crèches. La question du financement, pour laquelle la commission propose une augmentation des cotisations salariales, est encore en suspens. Selon les indications de Benedikt Würth, celles-ci augmenteraient de 0,17% pour le financement des crèches.
Les allocations sont certes un grand pas, mais la générosité du Conseil des Etats a des limites claires. Le projet a été épuré à tous les niveaux: les exigences de qualité pour l'accueil ont été supprimées, tout comme les fonds pour l'encouragement précoce ou les enfants handicapés. Enfin, le Conseil des Etats a également déchargé la Confédération de la tâche de combler les lacunes de l'offre d'accueil. Si cette variante s'impose, il n'y aura plus de fonds fédéraux à verser pour le financement des crèches.
Traduit et adapté de l'allemand par Léa Krejci