Liaisons CGN sabrées: les frontaliers veulent un soutien public
La réduction du nombre de navettes sur le lac Léman entre la France et la Suisse pour 2026 passe mal du côté des frontaliers français. Deux pétitions ont été lancées et avaient déjà récolté ensemble quelque 4000 signatures vendredi. Des discussions sont en cours pour une offre éventuellement améliorée en 2027.
Le canton de Vaud, la Communauté de communes Pays d'Evian Vallée d'Abondance (CCPEVA) et Thonon Agglomération ont annoncé il y a une semaine avoir trouvé un accord pour assurer la continuité des liaisons lacustres transfrontalières sur le Léman en 2026. Mais l'offre globale et donc la fréquence des navettes entre les deux pays a été considérablement réduite, devant tenir compte des contraintes budgétaires des partenaires français.
«Historiquement, les collectivités locales françaises participent au financement des navettes lacustres transfrontalières, au côté du canton de Vaud. D'une participation financière forfaitaire annuelle par port jusqu'en 2017, elles ont commencé à participer au déficit de fonctionnement des lignes transfrontalières, allant du coût du personnel à l'amortissement des bateaux», explique Thonon Agglomération sur son site internet.
Thonon Agglomération évoque une participation financière passant de 340 000 euros environ en 2017 à plus de 4 millions d'euros en 2025. L'intercommunalité n'a pas la capacité de supporter plus longtemps une telle dépense sans soutiens financiers publics, écrit-elle.
«Pas de marge» pour la Suisse
Il aura fallu plusieurs mois de négociations pour trouver un compromis, après la dénonciation de la convention par la partie française l'an dernier. Les deux parties vont ainsi continuer de financer à parts égales les prestations non couvertes par les recettes, mais avec une offre réduite de transport.
«Il n'y a pas de marge possible pour que les Suisses prennent en charge la partie non financée par la France», avait récemment déclaré la ministre vaudoise de la mobilité Nuria Gorrite à la RTS.
C'est la ligne Thonon-Lausanne qui sera la plus affectée dès le 14 décembre. Elle verra en effet ses liaisons diminuer de moitié en semaine et supprimées le week-end. Selon le nouvel horaire, il n'y aura plus que six allers-retours par jour contre une quinzaine actuellement.
Un des changements qui fâchent le plus est la suppression de la navette de 06h25, soit la plus utilisée par les frontaliers depuis Thonon. Il ne restera plus que celles de 05h30, 07h30 et 09h30. Le soir, pareil, il ne restera plus que trois retours depuis Lausanne, à 16h05, 18h05 et 20h05.
En colère, les frontaliers ont pris les devants. Deux pétitions ont été tout lancées, l'une portée par l'Amicale des Frontaliers et l'Amicale des usagers du transport public lacustre (AUTPL) et l'autre par un collectif d'usagers. Au total, elles rassemblaient vendredi quelque 4000 signatures. Elles dénoncent fermement l'accord pour 2026 qui «porte atteinte à la mobilité transfrontalière et va à l'encontre du développement de la mobilité de la région lémanique».
«Garantir la stabilité de l'offre»
L'AUTPL et l'Amicale des Frontaliers ne souhaitent pas en rester là. Elles indiquent sur leurs sites internet vouloir entreprendre des actions et des discussions envers les autorités politiques françaises à différents niveaux, pour un soutien financier plus conséquent: commune, mais aussi département et région.
A noter que les discussions et travaux entre le canton de Vaud et les agglomérations françaises concernées se poursuivent pour établir un meilleur cadre juridique et financier durable dès 2027. «L'objectif est de garantir la stabilité de cette offre de mobilité transfrontalière essentielle entre les deux rives du lac», expliquaient-elles dans un communiqué conjoint. (jzs/ats)