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Ignazio Cassis

Cassis: «presque un miracle» que Blatten n'ait fait qu'un disparu

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Ignazio Cassis s'est montré très touché par l'effondrement du glacier du Birch, en Haut-Valais.Keystone

Cassis: «presque un miracle» que Blatten n'ait fait qu'un disparu

Le conseiller fédéral s'est épanché sur le drame de Blatten, en Valais. Ignazio Cassis appelle à renforcer les investissements dans la prévention.
03.06.2025, 21:5503.06.2025, 21:55
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Le fait que l'éboulement de Blatten (VS) n'ait fait qu'un seul disparu «relève presque du miracle», selon Ignazio Cassis. Mardi à Genève, le conseiller fédéral a appelé la communauté internationale à un «sursaut» face aux désastres naturels.

A Blatten, «une seule personne manque à l'appel. Ce qui, face à la brutalité de l’événement, relève presque du miracle», a-t-il dit en ouvrant la 8e réunion de la Plateforme mondiale pour la diminution des menaces liées aux désastres, devant plus de 4000 délégués.

Le conseiller fédéral appelle à renforcer les investissements dans la prévention, en s'appuyant sur la science, alors que des parlementaires fédéraux demandent davantage de moyens contre les dangers naturels. La Suisse dépense deux à trois milliards de francs par an chez elle pour la diminution des menaces liées aux désastres et 250 millions à l'étranger.

Une augmentation des dépenses sur son territoire ne se ferait pas forcément aux dépens des efforts de soutien aux pays en développement.

La cheffe de la Direction du développement et de la coopération (DDC) Patricia Danzi, qui co-préside la réunion à Genève, a affirmé:

«Je ne pense pas que nous devrions opposer les deux»

Et sur le financement de la reconstruction, «la Suisse a une expertise que nous voulons partager» avec des pays qui n'ont pas prévu de mécanisme, dit-elle.

Avertissement aux pays riches

L'éboulement de Blatten aurait pu «coûter un nombre incommensurable de vies», a affirmé la numéro deux de l'ONU Amina Mohammed. «Un rappel important» de l'efficacité des alertes précoces mais celles-ci «ne peuvent empêcher les glaciers de disparaître», dit-elle, demandant davantage d'efforts contre le changement climatique.

Un message subliminal en avertissement pour les pays riches. «La volonté politique a été très loin de ce dont nous avons besoin» sur la lutte contre le réchauffement, a-t-elle précisé à la presse. Au total, 35 pays qui totalisent près de 85% des émissions de gaz à effet de serre peuvent faire la différence, selon elle. Et «nous aurons alors moins à dépenser pour ce à quoi nous sommes confrontés au quotidien avec ces énormes désastres», a encore ajouté la numéro deux de l'ONU.

La secrétaire générale de l'Organisation météorologique mondiale (OMM) avait elle établi lundi un lien entre l'éboulement et le changement climatique. Blatten constitue «un puissant avertissement» d'un monde «qui se réchauffe», avait alors estimé Celeste Saulo, également à Genève.

Loin des avancées souhaitées

Dans les désastres, «l'empreinte humaine est bien présente, non pas dans la brutalité de l'agression immédiate, mais dans une forme de négligence chronique», s'est contenté de dire plus largement de son côté Ignazio Cassis.

La communauté internationale reste «loin des sept objectifs fixés» d'ici 2030, ajoute également le chef du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE). Que ce soit en termes de diminution des pertes humaines, de limitation des dégâts économiques ou d'un accès de tous les Etats aux alertes précoces. Malgré des avancées ces dernières années, seuls 108 pays peuvent s'appuyer sur un tel dispositif.

L'OMM a été chargée par le secrétaire général de l'ONU d'une initiative pour améliorer cette situation. Il faut que la diminution des menaces liées aux désastres fasse partie des politiques publiques, selon le conseiller fédéral.

Près de 2300 milliards de coûts

Le Tessinois a aussi relevé l'importance des autorités locales dans la Plateforme mondiale. La communauté internationale ne peut remplacer «les responsabilités nationales et locales», selon lui. Les populations doivent être au centre des efforts qui sont menés, dit-il également.

Les désastres naturels dans le monde coûtent de plus en plus cher. Selon un rapport de l'ONU publié la semaine dernière à Genève, les pertes atteignent plus de 200 milliards de dollars par an et même près de 2300 milliards en considérant les effets indirects.

Et les pays riches sont largement affectés, insiste aussi la numéro deux de l'ONU qui a demandé aux différents Etats d'oeuvrer urgemment alors que les situations extrêmes augmentent. Problème, la prévention n'atteint que 0,5% des financements face aux désastres. Or, un dollar investi permet d'en économiser 15 plus tard.

Plus de 170 pays et des dizaines de chefs d'Etat et de ministres sont prévus à cette réunion jusqu'à vendredi à Genève. L'objectif est d'évaluer les efforts encore à mener pour tenter d'honorer le cadre établi d'ici 2030. Berne doit publier avec l'ONU un document final avec des recommandations. (ats/svp)

Vol en drone au-dessus de Blatten
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