Lausanne reconnaît avoir «un problème d'insécurité au centre-ville»
Ce mardi 11 novembre, la Municipalité de Lausanne a adopté de nouvelles mesures pour contrer la crise du crack qui empoisonne la vie des habitants de la Riponne. La présence d'effectifs de police et d'agents d'accueil et de sécurité sera renforcée et l'espace de consommation sécurisé (ECS), qui cristallise toutes les tensions dans le quartier, va être déplacé.
Egalement présent à cette conférence de presse, Pierre-Antoine Hildbrand, Municipal en charge de la sécurité et de l'économie, reconnaît que la situation sécuritaire n'est pas satisfaisante. Interview.
Les décisions de la Municipalité semblent avoir été prises dans la précipitation, après une grogne qui s'est amplifiée à La Riponne ces derniers mois.
Non. Il y avait un besoin d'agir sur le plan sécuritaire et de donner des perspectives aux personnes toxicodépendantes, qu'on souhaite aider. Pour ce faire, on a besoin de plus de sécurité, d'intervenir de façon plus forte avec l'aide de la police et des agents de sécurité. La Municipalité n'est évidemment pas sourde aux plaintes.
Ouvrir l'espace de consommation sécurisé (ECS) à la Riponne a-t-il été une erreur, selon vous?
Je ne me prononcerai pas sur ce sujet. Ce n'est jamais simple de trouver un emplacement adéquat pour un ECS. Evidemment qu'on ne pouvait pas anticiper les immenses travaux qui touchent la place de la Riponne. Il y a beaucoup d'autres facteurs à traiter, comme les prix de la cocaïne qui sont très bas à ce jour. Cela favorise cette consommation compulsive des personnes toxicodépendantes.
Lausanne a été classée la ville la plus dangereuse de Suisse. La situation s'est-elle fortement dégradée?
On a connu une baisse continue de la criminalité à Lausanne, depuis 2012 (réd: le niveau de criminalité était très bas) jusqu'au Covid. Si on regarde l'ensemble des infractions au code pénal, la majorité sont des vols.
Les chiffres utilisés par l'OFS ne sont donc pas justes?
Il faut bien vérifier les statistiques que nous prenons. En effet, si on fait la comparaison sur l'ensemble des violations du code pénal, nous ne sommes pas à la même place. Mais il faut dire la vérité: la situation n'est pas satisfaisante. C'est pourquoi nous allons mettre plus de policiers et de policières dans les rues lausannoises, pour répondre aux attentes des habitants.
La Ville de Lausanne traverse un moment critique en matière de sécurité.
On ne peut pas rester les bras croisés face à cette délinquance du quotidien qui touche les personnes et les commerces dans les espaces publics. Mais je pense qu'il est important de garder une vision globale des chiffres. La criminalité est plus basse qu'elle ne l'était en 2012: il ne faut pas extrapoler sur un certain nombre de faits dramatiques pour les personnes concernées.
Quel bilan tirez-vous des agents d'accueil et de sécurité mis en place depuis 2023?
On a de bons retours. Ils aident à prévenir et leur présence est rassurante pour la clientèle et les passants. Ils assurent une présence sur le terrain qui est fixe et garantie. Mais, ils n'ont pas le même pouvoir qu'un policier ou une policière. Ils ne peuvent pas gérer une masse de personnes.
Certains regrettent qu'ils ne soient pas présents entre minuit et 6h du matin, la période critique.
Leurs horaires ont été allongés, après des discussions avec des responsables de clubs nocturnes la semaine passée.
Nous avons appris que des agents de sécurité privés étaient payés par la Ville de Lausanne, notamment pour le club Le Folklor...
Cet établissement de nuit doit proposer des prestations sécuritaires. Dans ce cadre-là, il a été décidé de travailler avec une entreprise privée pour compléter leur équipe de sécurité, avant la mise en place de nos mesures et le renforcement des agents de sécurité et d'accueil de la Ville.
