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Orages et festivals: «Le risque zéro n'existe pas»

La scène de Festi'neuch après l'orage et le public de Paléo.
La scène de Festi'neuch après l'orage et le public de Paléo.Image: watson

«Plusieurs incidents ont mis en évidence la vulnérabilité des open air»

Une violente tempête a touché le site de Festi'neuch ce dimanche, provoquant de sérieux dégâts. Comment les festivals se préparent-ils à ce type de phénomène? L'exemple de Paléo et de Sion sous les étoiles.
17.06.2025, 18:5717.06.2025, 21:02
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Dimanche après-midi, une tempête d'une rare violence, accompagnée de rafales de vent allant jusqu'à 140 kilomètres-heure, s'est soudainement abattue sur le littoral neuchâtelois, où se tenait la dernière journée de Festi'neuch. L'infrastructure du festival a été sévèrement endommagée: des barrières, des stands et une cantine se sont envolés, tandis que des branches d'arbre se sont écrasées par terre.

Environ 7000 festivaliers se trouvaient sur place au moment de l'orage. L'évacuation, décrétée vers 14h30, s'est déroulée de façon rapide et efficace, rapporte Arcinfo. Certaines personnes ont été légèrement blessées, sans toutefois nécessiter de prise en charge en ambulance.

Cet épisode met en lumière les dangers qui pèsent sur les festivals en plein air, au moment où les phénomènes météorologiques extrêmes deviennent de plus en plus fréquents à cause du réchauffement climatique. Les intempéries qui ont frappé la Suisse à plusieurs endroits l'été dernier en sont l'exemple le plus évident. Comment les organisateurs se préparent-ils à y faire face?

«A Paléo, le festival dure six jours, et nous vivons des situations de risque météorologique chaque année», avance Pascal Viot, coordinateur accueil et sécurité du plus grand open air de Suisse.

«Le risque zéro n'existe pas. L'éliminer totalement n'est pas possible, mais nous pouvons nous préparer à prendre les bonnes décisions au bon moment, malgré les doutes, les pressions et les imprévus»
Pascal Viot

Pour ce faire, une grande partie du travail se passe en amont, poursuit le responsable. «Il faut planifier des procédures d’urgence, vérifier la sécurité des structures, surveiller la météo, et pas seulement se concentrer sur le moment critique», détaille-t-il. Les entraînements et les formations jouent également un rôle très important.

«On travaille avec des personnes»

Pendant la durée du festival, les organisateurs travaillent en étroite collaboration avec des prévisionnistes, présents sur les lieux. Le public est informé dès qu'il y a un risque d'orage et peut ainsi jouer un rôle actif dans le processus: «Les festivaliers peuvent prendre des vêtements de pluie avec eux ou décider de rentrer chez eux à un moment donné, s’ils ne souhaitent pas être sous l’orage», illustre Pascal Viot.

Des plans ont été élaborés en cas d'évacuation, dont la mise en pratique nécessite d'un peu de temps. «C'est inévitable», commente le responsable. «Il faut d'abord transmettre l'information à l'ensemble du staff, et ensuite préparer la communication sur les écrans géants et les réseaux sociaux, renforcés par des messages de speakers sur les scènes».

«Il ne faut pas oublier qu'on travaille avec des personnes, de l’humain: on n'est pas juste en train de vider une baignoire»
Pascal Viot

Les responsables de Sion sous les Etoiles ont également les yeux constamment rivés sur les prévisions météo, indique Michael Drieberg, directeur de Live Music Production et du festival sédunois. «Les orages se déplacent rapidement», détaille-t-il. «Dès qu'on pense qu'une tempête se rapproche du site du festival, il faut évacuer la zone».

Michael Drieberg parle par expérience. En 2014, le concert de Patrick Bruel a dû être annulé en raison des fortes précipitations. «Nous avons été obligés de couper les structures de la scène pour laisser tomber l'eau qui s'était accumulée au-dessus», retrace-t-il. Une opération tout sauf anodine:

«Il y a beaucoup d'équipements électriques sur scène. Le risque de contre-circuit est très important»
Michael Drieberg

Le vent constitue l'autre danger principal. «Des structures éphémères, des décors et des barrières peuvent s'envoler», explique le directeur de Live Music Production. L'orage qui a balayé Festi'neuch l'a par ailleurs démontré. «L'air peut également s'engouffrer sous la scène, qui risque de se gonfler comme une montgolfière».

Plusieurs drames

«Il s'agit finalement plus d'une gestion de l'incertitude que d'une gestion du risque», résume Pascal Viot. Mais les choses n'ont pas toujours été ainsi, nuance-t-il. «Ces 15 dernières années, plusieurs incidents ont mis en évidence la vulnérabilité des festivals en plein air».

En 2009, un festival en Slovaquie tourne au drame lorsqu'un orage provoque l'effondrement d'un chapiteau - le même modèle utilisé à l'époque à Paléo et à Festi'neuch, souligne Pascal Viot. Deux ans plus tard, cinq personnes perdent la vie en Belgique, lorsque deux scènes s'écroulent sur les festivaliers. La Suisse n'est pas épargnée: en 2013, la Fête fédérale de gymnastique à Bienne est frappée par une violente tempête. Bilan: un mort et plusieurs blessés.

L'écroulement de deux scènes du festival Pukkelpop, en Belgique, avait fait cinq morts en 2011.
L'écroulement de deux scènes du festival Pukkelpop, en Belgique, avait fait cinq morts en 2011.Image: EPA

«Ces drames ont entraîné une prise de conscience et un changement des mentalités», complète Pascal Viot.

«D'une gestion des conséquences, on est passé à une politique axée sur la prévention»
Pascal Viot

Parallèlement, les prévisions météo sont devenues plus précises. «La vigilance est beaucoup plus grande et le monitoring beaucoup plus intense», détaille Pascal Viot. «A une époque, on se contentait de regarder la météo locale, alors qu'aujourd'hui, on recourt à des prévisions ciblées et disposons de beaucoup plus d'informations».

L'équipe de Sion sous les étoiles dispose également de consignes météo plus précises que celles destinées au grand public, note Michael Drieberg. Le festival bénéficie également de la proximité avec l'aéroport de Sion, qui est doté d'équipements très avancés à ce niveau.

«Aujourd’hui, organiser un festival, ce n’est plus seulement programmer des artistes et monter des scènes», conclut Pascal Viot. «C’est aussi savoir protéger un public, dans un environnement incertain, parfois hostile».

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