Mystère en Valais: pourquoi ces deux alpinistes n'ont pas été secourus?
En règle générale, une personne victime d’un accident en montagne en Suisse, et qui parvient à lancer un appel d’urgence, peut être secourue en quelques heures. Du moins lorsque la météo est favorable, ce qui était le cas le 22 août dernier près de Saas-Grund.
Deux alpinistes avaient atteint le Weissmies, un sommet qui culmine à 4012 mètres, lorsque vers 10h30, l’un d’eux a chuté à 3950 mètres d’altitude, se blessant grièvement dans sa chute. Selon le communiqué de presse de la police cantonale valaisanne:
La police explique que c'est après plusieurs jours de recherches que les deux malheureux ont été repérés:
Ni la police cantonale, ni l’Organisation cantonale valaisanne de secours (OCVS), n’ont expliqué pourquoi les alpinistes n’avaient pas pu être localisés malgré leur appel d’urgence. Ce délai de 4 jours leur a vraisemblablement coûté la vie, car à cette altitude, les températures descendent en dessous de zéro degré la nuit, même en été.
Le ministère public a désormais ouvert une enquête. Il ne donne aucune information supplémentaire, pas même sur le déroulement des secours.
L'appel arrive en Italie
Une demande adressée au service de secours alpin du Piémont a révélé toutefois que l’appel d’urgence avait été réceptionné en Italie. Fait étrange, il a été capté par une antenne située dans la commune de Druogno.
Les alpinistes se trouvaient à 4 kilomètres à vol d’oiseau de la frontière italienne, au-dessus du col de Zwischbergen. Druogno se trouve beaucoup plus loin, à l’est de Domodossola. La liaison était donc, théoriquement, très mauvaise, explique le porte-parole du service de secours italien.
La personne qui a appelé s’exprimait en polonais et en anglais. Le service de permanence a compris le mot «Weissmies», et transmis l’information à la Rega. Dans cette zone frontalière, les deux organisations sont en contact régulier, précise le porte-parole.
Directeur de l’Organisation cantonale valaisanne de secours, Fredy-Michel Roten s'exprime sur ces difficultés de localisation:
L'Advanced Mobile Location (AML) est en service dans toute la Suisse depuis début 2024. Lorsque l’on compose les numéros d’urgence 112, 117, 118 ou 144, il transmet automatiquement la position de l’appelant.
Ce système fonctionne même lorsque le service de localisation est désactivé. Mais il faut que la réception du téléphone portable soit suffisante. Et, comme le souligne Fredy-Michel Roten, «les anciens téléphones n’ont pas encore cette fonction». L'AML est opérationnel sur les téléphones Android à partir de la version 4, et sur l'iPhone depuis iOS 13.3.
L'action des secours difficile à évaluer
Une recherche par hélicoptère qui dure 4 jours, alors que la météo est favorable, cela peut paraître long. L’hélicoptère de la Rega peut localiser des téléphones à proximité, même sans antenne, et repérer des personnes par caméra thermique. Un gardien de cabane de la région nuance cependant:
On ignore combien de vols de recherche ont été effectués dans les jours suivants l'accident, ni ce qui a finalement permis de retrouver les alpinistes. La police cantonale valaisanne ne souhaite pas préciser pendant combien de temps les recherches de disparus se poursuivent en général.
Des alpinistes qui ont gravi le sommet voisin, le Lagginhorn, le 23 août affirment n’avoir vu aucun hélicoptère. Le gardien de la cabane Almageller, située sous le col de Zwischbergen, rapporte lui aussi que «l’hélicoptère ne survolait pas notre versant.»
Ce qui est sûr, c'est qu'en montagne, même avec les technologies les plus modernes, une personne en détresse n'est pas sûre d'être retrouvée.
Traduit de l'allemand par Joel Espi
