371 personnes souhaitent mourir en Suisse avec la capsule Sarco. C'est ce qu'écrit The Last Resort, l'organisation à l'initiative de cette capsule de suicide, dans une mise à jour récente sur son site web. Actuellement, aucune nouvelle demande n'est acceptée, peut-on lire sur le site. La procédure d'admission restera fermée tant que les investigations se poursuivront en Suisse.
Dans sa première prise de position détaillée après la mort, le 23 septembre, dans le canton de Schaffhouse, d'une Américaine de 64 ans originaire du Midwest, la première à avoir utilisé ce dispositif, l'organisation continue de dire qu'aucune loi n'a été violée lors de l'utilisation de la capsule Sarco. Elle fait valoir que personne, au sein de l'organisation, n'a retiré le moindre profit financier à l'occasion de la mort de l'Américaine.
Des doutes ont été émis à plusieurs reprises à ce propos. Une autre Américaine, âgée de 55 ans, qui voulait quitter la vie au moyen de Sarco en juillet dernier avant de renoncer, avait affirmé dans une lettre qu'elle avait été exploitée financièrement à plusieurs reprises par l'organisation. Elle a finalement mis fin à ses jours avec une autre organisation en Suisse.
De son côté, The Last Resort affirme que mourir avec Sarco est gratuit, «à l'exception de 18 francs, qui correspondent au coût de l'azote nécessaire».
Les autorités suisses ne sont pas convaincues par les arguments présentés par The Last Resort. Aussitôt après la mort de l'Américaine, plusieurs personnes ont été arrêtées. Parmi elles, Florian Willet, le président de The Last Resort. Il se trouve toujours en détention provisoire, comme l'a confirmé le parquet de Schaffhouse à CH Media, le groupe de presse dont watson fait partie. Une procédure a été ouverte à son encontre «pour incitation et aide au suicide». Les autres personnes arrêtées ont depuis été remises en liberté.
Dans l'affaire Sarco, les autorités ont manifestement besoin d'éclaircissements supplémentaires. Aux Pays-Bas, une perquisition a été menée dans l'organisation de Philip Nitschke, l'inventeur de Sarco, à la demande des autorités suisses. Dans le communiqué de The Last Resort, on peut lire que Philip Nitschke serait «disponible pour un interrogatoire en Suisse». Idem pour Fiona Stewart, la partenaire commerciale et de vie de Nitschke. Tous deux sont considérés comme les forces vives de Sarco.
Le ministère public schaffhousois ne donne pour l'instant aucune autre information sur la procédure en cours. Les enquêteurs ne précisent pas non plus si Philip Nitschke et Fiona Stewart ont déjà été entendus.
Des politiques se sont saisi du dossier Sarco. La conseillère nationale UDC zurichoise Nina Fehr-Düsel demande au Conseil fédéral d'examiner s'il existe un moyen juridique d'interdire l'usage de la capsule de suicide. Le vert'libéral zurichois Patrick Hässig veut savoir quelles adaptations juridiques seraient nécessaires pour que les personnes souhaitant mourir ne participent pas à une démarche illégale.
Le Conseil fédéral a, en fait, déjà clarifié sa position. Lors de l'heure des questions, Elisabeth Baume-Schneider, la cheffe du Département de l'intérieur, qui comprend le secteur de la santé, a affirmé que Sarco n'était pas conforme à la loi. Or, c'est pratiquement au moment où le Conseil fédéral se prononçait sur le sujet que la capsule de suicide a été utilisée pour la première fois. C'était «un pur hasard», s'est défendu The Last Resort dans son communiqué. L'organisation est également sous le feu des critiques pour la pub qu'elle fait pour sa capsule: lors de la première de Sarco, une photographe de presse des Pays-Bas était présente.
(Traduit et adapté par Chiara Lecca)