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Police

Racisme et discrimination: scandale à la police lausannoise

KEYPIX - Olivier Botteron, Commandant de la police Municipale de Lausanne s'exprime aux cotes de Pierre-Antoine Hildbrand, conseiller municipal de Lausanne et le Syndic de la ville de Lausanne Gr ...
La municipalité a suspendu quatre agents et va réformer son corps de police.Image: KEYSTONE

«Ils se sont moqués d'un enfant mort»: scandale à la police lausannoise

La municipalité de Lausanne a annoncé l'existence de messages à caractères racistes, sexistes et discriminants partagés par des policiers ou anciens agents au sein de deux groupes WhatsApp privés. Elle a suspendu quatre agents et va réformer son corps de police.
25.08.2025, 19:0725.08.2025, 20:23
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C'est une municipalité au complet accompagnée du commandant de la police de Lausanne qui se présente devant les journalistes, les visages sont graves et le ton ne laisse pas de place au doute.

«J'ai quarante ans de carrière et cela me choque au plus haut point, ce que j'ai vu est contraire à l'ensemble des valeurs qu'un policier doit avoir»
Olivier Botteron, commandant de la police lausannoise

Sur les grands écrans s'affichent les images et autres photos des messages échangés par des policiers ou anciens policiers lausannois sur deux groupes WhatsApp privés. On y voit, entre autres, un policier lausannois en uniforme (visage flouté) qui arbore une croix gammée👇🏽, une photo du petit garçon syrien Alan Kurdi, 3 ans, mort noyé sur une plage turque avec une tirade humoristique, des propos insultants et discriminants sur les Roms, des images et des moqueries contre les personnes en situation de handicaps.

symbol nazi au sein de la police lausannoise
Le visage de l'agent a été flouté, mais on distingue clairement le symbole nazi arboré par celui-ci.watson
image raciste police lausannoise faisant référence à la mort du petit Alan Kurdi, réfugié syrien
Le petit Alan Kurdi, réfugié syrien de 3 ans, mort sur une plage truque est moqué dans un des groupes privés WhatsApp constitués de policiers en fonction et d'anciens policiers de la ville de Lausanne.
messages racistes partagés sur WhatsApp par des policiers ou anciens policiers lausannois
Les groupes WhatsApp contenaient aussi des échanges racistes. watson

Interrogé par watson, le commandant de la police lausannoise, Olivier Botteron ne mâche pas ses mots:

«Les personnes à l'origine de ces messages salissent l'uniforme et nous devons agir»
Olivier Botteron, commandant de la police de Lausanne

Cavaliers et pirates

Ces messages WhatsApp ont été diffusés dans deux groupes privés. Le premier nommé les cavaliers (groupe formé de 6 policiers) et le second, les pirates F , (groupe formé de 48 personnes) à noter que la lettre F fait référence à la section F de police-secours de la ville de Lausanne. Ces deux groupes ont été découverts grâce à une enquête pénale du ministère public ouverte en 2018.

Pour rappel, en 2018, l'émission de la RTS Mise au point a diffusé une photographie impliquant un ancien membre du Corps de police de Lausanne qui s'affichait avec le pouce levé à côté d'un graffiti en hommage à Mike Ben Peter, décédé suite à une intervention de police. L'homme a été identifié suite à une enquête administrative, mais l'auteur de la photo est resté inconnu. L'avocat de Mike Ben Peter a déposé une plainte pénale afin de trouver l'auteur de l'image et c'est lors de cette enquête menée par le Ministère public vaudois que les deux groupes WhatsApp ont été révélés.

«En 2018, on a demandé aux policiers, qui était l'auteur de la photographie et on constaté que personne n'osait parler, c'est une culture du silence»
Piere-Antoine Hildbrand, conseiller municipal en charge de la sécurité

Le municipal explique que le 15 août 2025, soit trois ans après le début de l'enquête, la municipalité lausannoise a reçu 2520 pages de documents transmis par le Ministère public au commandement de la police lausannoise. Ces documents contenaient des messages WhatsApp dans lesquels figuraient des images racistes, antisémites, discriminatoires. Lorsque nous évoquons l'une d'elles montrant un petit réfugié syrien noyé sur une plage turque, Pierre-Antoine Hildebrand exprime son dégoût.

«A partir de quel moment, un policier pense que c'est normal de se moquer d'un enfant mort?»
Pierre-Antoine Hildbrand, conseiller municipal en charge de la sécurité

Le municipal explique que les autorités ont mis les moyens nécessaires pour l'analyse de ces documents et décidé rapidement de la suspension de quatre agents actifs dans les groupes pour «participation à des messages discriminatoires».

Expert et réforme

Suite à ces messages, la municipalité souhaite engager une réforme en profondeur de son corps de police, pour cela, elle veut s'appuyer sur l'expérience et «l'expertise» d'André Duvillard, ancien délégué du réseau national de sécurité et ancien commandant de la police cantonale neuchâteloise.

«Nous allons travailler en profondeur sur la structure de la police, on va réfléchir à la sensibilisation, à la formation, au recrutement. Nous savons que cela va prendre du temps, mais cela est nécessaire.»
Pierre-Antoine Hildbrand

Il ajoute que ces messages nuisent à tout le corps de police concluant que certains policiers sont en colère vis-à-vis des collègues qui ont participé à ces groupes: «Il y a plus de 500 policiers à Lausanne, et nombreux sont choqués par ces images, cela peut saper la confiance de la population envers le corps de police, raison pour laquelle nous devons agir avec force», conclut Pierre-Antoine Hildbrand.

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Un individu a tué deux personnes ce lundi matin à Sion.
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