C'est une municipalité au complet accompagnée du commandant de la police de Lausanne qui se présente devant les journalistes, les visages sont graves et le ton ne laisse pas de place au doute.
Sur les grands écrans s'affichent les images et autres photos des messages échangés par des policiers ou anciens policiers lausannois sur deux groupes WhatsApp privés. On y voit, entre autres, un policier lausannois en uniforme (visage flouté) qui arbore une croix gammée👇🏽, une photo du petit garçon syrien Alan Kurdi, 3 ans, mort noyé sur une plage turque avec une tirade humoristique, des propos insultants et discriminants sur les Roms, des images et des moqueries contre les personnes en situation de handicaps.
Interrogé par watson, le commandant de la police lausannoise, Olivier Botteron ne mâche pas ses mots:
Ces messages WhatsApp ont été diffusés dans deux groupes privés. Le premier nommé les cavaliers (groupe formé de 6 policiers) et le second, les pirates F , (groupe formé de 48 personnes) à noter que la lettre F fait référence à la section F de police-secours de la ville de Lausanne. Ces deux groupes ont été découverts grâce à une enquête pénale du ministère public ouverte en 2018.
Pour rappel, en 2018, l'émission de la RTS Mise au point a diffusé une photographie impliquant un ancien membre du Corps de police de Lausanne qui s'affichait avec le pouce levé à côté d'un graffiti en hommage à Mike Ben Peter, décédé suite à une intervention de police. L'homme a été identifié suite à une enquête administrative, mais l'auteur de la photo est resté inconnu. L'avocat de Mike Ben Peter a déposé une plainte pénale afin de trouver l'auteur de l'image et c'est lors de cette enquête menée par le Ministère public vaudois que les deux groupes WhatsApp ont été révélés.
Le municipal explique que le 15 août 2025, soit trois ans après le début de l'enquête, la municipalité lausannoise a reçu 2520 pages de documents transmis par le Ministère public au commandement de la police lausannoise. Ces documents contenaient des messages WhatsApp dans lesquels figuraient des images racistes, antisémites, discriminatoires. Lorsque nous évoquons l'une d'elles montrant un petit réfugié syrien noyé sur une plage turque, Pierre-Antoine Hildebrand exprime son dégoût.
Le municipal explique que les autorités ont mis les moyens nécessaires pour l'analyse de ces documents et décidé rapidement de la suspension de quatre agents actifs dans les groupes pour «participation à des messages discriminatoires».
Suite à ces messages, la municipalité souhaite engager une réforme en profondeur de son corps de police, pour cela, elle veut s'appuyer sur l'expérience et «l'expertise» d'André Duvillard, ancien délégué du réseau national de sécurité et ancien commandant de la police cantonale neuchâteloise.
Il ajoute que ces messages nuisent à tout le corps de police concluant que certains policiers sont en colère vis-à-vis des collègues qui ont participé à ces groupes: «Il y a plus de 500 policiers à Lausanne, et nombreux sont choqués par ces images, cela peut saper la confiance de la population envers le corps de police, raison pour laquelle nous devons agir avec force», conclut Pierre-Antoine Hildbrand.