En 2022, les Suisses ont volé plus de 35 000 fois avec des jets privés, ce qui a provoqué des émissions de CO2 de plus de 166 000 tonnes. Selon une évaluation de l'organisation environnementale Greenpeace, la Suisse occupe la sixième place parmi les pays européens.
Les jets privés émettent entre trois et quinze tonnes de CO2 en seulement trois heures de vol. A titre de comparaison, le citoyen suisse moyen émet environ quinze tonnes de CO2 par an. Nathan Solothurmann, spécialiste du climat chez Greenpeace Suisse, trouve cela inacceptable:
«Alors que beaucoup de gens s'inquiètent de l'avenir de leurs enfants et tentent de réduire leur consommation et leurs émissions, certains super-riches se moquent des découvertes de la climatologie», poursuit-il.
Dans le cadre d'une recherche approfondie, la SonntagsZeitung a analysé les chiffres. Le journal alémanique a déterminé qui sont ceux, en Suisse, qui ont utilisé leurs jets privés et combien de CO2 ils ont émis.
Le jet de l'héritière de Roche, Gigi Oeri, a effectué une centaine de vols Bâle-Ibiza. A cela s'ajoutaient 29 autres voyages vers différentes destinations. Son jet, un Falcon 2000LX, a émis environ 600 tonnes de CO2 en 2022.
Oeri combine souvent ses vols avec des missions pour sa fondation, écrit la SonntagsZeitung, mais on ne sait pas exactement ce qui est fait lors de ces voyages. Une piste intéressante ressortirait d'articles de presse espagnols, relate la SonntagsZeitung:
Le CEO de Swatch, Nick Hayek, et sa famille volent aussi assidûment autour du monde en jet privé. La SonntagsZeitung rapporte que le jet familial, l'Embraer Phenom 300, a décollé 149 fois en 2022, émettant ainsi quelque 240 tonnes de CO2.
Mais pour la famille Hayek, «autour du monde» signifie plutôt faire les trajets Zurich-Granges ou Genève-Granges, car l'aérodrome de Granges est, selon le journal alémanique, particulièrement souvent sollicité par le CEO. Il y a une raison à cela: de là, on atteint le siège principal du groupe Swatch à Bienne en quinze minutes environ en voiture.
Le fabricant suisse de montres de luxe Rolex est également un moteur du bilan carbone de la Suisse. Selon la SonntagsZeitung, les deux avions de la société ont émis 3000 tonnes de CO en 2022.
Les deux avions d'entreprise effectuent principalement des trajets courts, souligne le journal:
Greenpeace n'est pas la seule à être horrifiée par les chiffres - l'étude et l'article de la SonntagsZeitung irritent également certains politiciens de gauche.
Le coprésident du PS écrit sur Twitter: «Il est urgent d'en finir avec le discours "Nous sommes tous responsables de la crise climatique". Ce n'est vrai ni au niveau mondial, ni au niveau national. La protection du climat est une question de classe.»
Wir müssen dringend mit diesem Narrativ "Wir sind alle gleichsam Schuld an der Klimakrise" aufhören. Stimmt weder global, noch im Inland. Klimaschutz ist eine Klassenfrage. Die effektivste Antwort? z.B. Erbschaftssteuern, wie sie @JusoSchweiz vorschlägt.https://t.co/wuQ3MZRovb
— Cédric Wermuth (er/ihm) (@cedricwermuth) May 14, 2023
Les résultats de l'étude ont incité Nicola Siegrist, président de la Jeunesse socialiste suisse et juge cantonal, à déposer une demande auprès de la ville de Winterthour, avec pour objet: «Arrêtez la dégradation climatique causée par les jets privés des super-riches!»
Sigirist adopte également une position claire sur Twitter: «Je veux que l'aéroport de Zurich ne soit plus disponible pour ces vols de luxe. Demande déposée!»
Eine Studie zeigt, wie viel Superreiche in der Schweiz mit ihren #Privatjets herumfliegen. Kurz: zu viel. Die Reichsten zerstören unsere Zukunft für ihre Luxusreisen.
— Nicola Siegrist (@Nicola_Siegrist) May 15, 2023
Ich will, dass der Zürcher Flughafen für diese Luxusflüge nicht mehr zur Verfügung steht. Anfrage eingereicht! pic.twitter.com/FgyM81OEAs
(jub)