La détérioration de la situation de sécurité nationale serait principalement due au pays mentionné pas moins de 32 fois dans le rapport de onze pages: la Russie. La Chine et les Etats-Unis, qui occupent la deuxième place, sont cités 19 fois chacun.
Le Conseil fédéral décrit:
La Russie, la Chine, la Corée du Nord et l'Iran voudraient «façonner l'ordre mondial pour l'aligner avec leur propre vision du monde» et repousser l'influence des Etats-Unis et des autres Etats occidentaux.
Lorsque Poutine a adopté une nouvelle doctrine nucléaire en novembre 2024, «le risque d'une escalade nucléaire s'est encore aggravé». Certes, les Etats occidentaux ne sont pas les seuls à s'inquiéter: la Chine et l'Inde ont mis en garde la Russie contre le fait de «briser le tabou nucléaire pour la première fois depuis 1945». Mais le fait que la plupart des puissances nucléaires renforcent leur arsenal est inquiétant, tout comme l'augmentation de l'incitation à la prolifération.
La Russie devrait également armer la «puissance nucléaire informelle de la Corée du Nord», avec «une technologie militaire avancée au profit du programme de missiles nord-coréen». Si la Corée du Nord dispose de missiles intercontinentaux, elle deviendra également une menace militaire pour l'Europe et la Suisse.
Ce rapprochement avec le tsar Poutine crée un nouveau problème: l'influence comparativement modérée de la Chine sur Kim Jong-un s'érode, constate le Conseil fédéral. Cela pourrait mener à de nouveaux essais nucléaires.
Poutine aggrave également la situation en Afrique:
En 2024, la Russie a intensifié sa guerre hybride dans les pays de l'UE et de l'Otan: «Elle accepte sciemment des dommages collatéraux et des victimes civiles».
Le danger d'une cyberattaque, en particulier sur les infrastructures critiques, augmente «continuellement», selon le Conseil fédéral. De plus, «des cyberacteurs étatiques russes et chinois abusent de l'infrastructure informatique en Suisse pour trouver des vulnérabilités et espionner des cibles dans notre pays ou à l'étranger».
En amont de la conférence sur l'Ukraine, «la Suisse s'est retrouvée de plus en plus dans le collimateur des médias de propagande russes et a été de plus en plus touchée par des activités d'influence russes», poursuit le Conseil fédéral. Ainsi, la chaîne de Poutine Russia Today (RT) aurait instrumentalisé «l'attaque au couteau à motivation djihadiste à Zurich en mars 2024» pour «influencer les discours de la population suisse et saper sa confiance dans les autorités étatiques en attaquant frontalement le service de renseignement de la Confédération».
Pour rappel, l'ancien conseiller national UDC Roger Köppel et son journal Weltwoche apparaissent volontiers de temps en temps dans RT, le média de propagande de Poutine.
Le Conseil fédéral indique que les activités d'espionnage d'autres Etats en Suisse augmentent. La Suisse servirait de «zone d'opération». Et «les services de renseignement étrangers utilisent aussi des personnes physiques et morales suisses». Le risque que la Suisse soit «utilisée pour préparer ou exécuter des enlèvements, des sabotages et des attentats à l'étranger» augmente, selon le rapport.
La menace dans les domaines du terrorisme et de l'extrémisme violent s'est également aggravée. Mais dans l'ensemble, «la Suisse est encore relativement sûre dans une période avec de plus en plus de confrontations au niveau mondial». Une «attaque armée directe ou un acte terrorist avec des moyens de destruction massive» est peu probable, selon le Conseil fédéral. Mais il précise qu'il faut rester sur ses gardes et s'adapter en permanence aux nouvelles menaces.
L'un des grands points d'interrogation est Trump, comme l'analyse le Conseil fédéral:
Traduit et adapté de l'allemand par Léa Krejci