Il devrait faire jusqu'à 34 degrés mercredi en Suisse, et avec cette chaleur étouffante, le corps est mis à rude épreuve. Encore plus que d'habitude, il convient de s'hydrater abondamment. L'Office fédéral de la santé publique (OFSP) recommande un minimum d'1,5 litre de liquide par jour, de préférence non sucré et bien sûr sans alcool.
Mais certains d'entre nous ne boivent volontairement pas assez, par peur de ne pas arriver à temps aux toilettes. Tilmann Möltgen le sait bien. Il est médecin-chef adjoint en urologie à l'hôpital cantonal d'Aarau (AG) et médecin agréé dans plusieurs autres établissements de soins. Il codirige par ailleurs un cabinet dans le chef-lieu argovien.
L'incontinence peut toucher une femme qui vient d'accoucher et qui a des fuites quand elle tousse, ou un homme qui va cinq fois par nuit aux toilettes. Parlons-nous bien de la même chose?
Tilmann Möltgen: le trouble a de multiples facettes. En gros, on distingue l'incontinence d'effort de celle d'urgence. Quand on ne parvient plus à «serrer» activement le sphincter, avec l'âge ou après une opération, on se trouve dans le premier cas de figure. On perd alors simplement de l'eau, sans ressentir le besoin d'uriner. Cela peut arriver en toussant, mais aussi en sautant ou en courant. Puis il y a l'incontinence d'urgence, qui donne vraiment envie de faire pipi, sans laisser le temps d'atteindre les WC.
La fameuse «petite vessie»?
Le pire, c'est qu'on entend cela constamment alors qu'il se produit en fait exactement le contraire: le muscle de la vessie est trop puissant. Il y a alors un trop petit volume d'urine dans la vessie au moment où celle-ci se contracte, ce qui déclenche l'impulsion. En cas d'incontinence d'urgence, c'est le sphincter qui est impliqué, mais le problème vient bien du muscle de la vessie. On ne peut plus la contrôler consciemment.
Comment expliquer cela?
La prostate se trouve en dessous de la vessie et entoure l'urètre. Lorsqu'elle augmente de volume, elle comprime l'urètre. En réaction, la vessie doit travailler de plus en plus dur en amont pour pousser l'urine à travers le canal comprimé. Solution: essayer de détendre la musculature avec des médicaments. Si cela ne suffit pas, il peut être judicieux d'enlever le corps glandulaire de la prostate. Le jet redevient alors normal, la vessie n'a plus besoin d'autant de force et les muscles disparaissent en quelques mois.
L'incontinence d'urgence touche alors en premier lieu les hommes dont la prostate est hypertrophiée?
Elle peut également survenir chez les femmes, par exemple lors d'une descente de vessie après une opération ou plusieurs accouchements. Une partie de l'organe, le col vésical, se plie à la manière d'un ballon de baudruche dont la tige est enroulée autour d'un doigt, et le liquide passe plus difficilement. L'effet sur la musculature est alors similaire à celui d'une prostate hypertrophiée. On résout cela à l'aide d'une chirurgie pour raccrocher la vessie.
Ce sont là des problèmes mécaniques, mais en existe-t-il d'autres sortes?
Oui, les troubles neurogènes de la fonction vésicale. Ils se produisent en cas de maladies du système nerveux. Le problème se situe quelque part entre le cerveau et la vessie, soit dans le système central, cerveau/moelle épinière, soit dans le système périphérique, qui se trouve entre la moelle épinière et les organes.
Cela s'explique par des causes multiples: une blessure ou une maladie dégénérative, comme la sclérose en plaques. On comprend aisément pourquoi on ne peut plus bouger le bras après un accident vasculaire cérébral, mais il faut aussi savoir que nos organes internes ont un système nerveux qui peut dysfonctionner.
Quand cela devient-il dangereux?
Lorsque la pression dans la vessie devient si importante que l'urine reflue vers le bassinet en passant par les uretères.
L'incontinence d'effort pure n'est, en revanche, pas aussi dangereuse, mais elle reste bien sûr très désagréable.
N'est-il tout de même pas normal, de temps en temps, que cela arrive? Surtout avec l'âge?
L'incontinence est souvent très handicapante, car elle impacte négativement la qualité de vie. Lorsqu'ils sortent avec des amis, certains patients vont jusqu'à se retenir de boire. Cela a des répercussions sur la tension artérielle, les problèmes de constipation, le cerveau et la lucidité.
L'incontinence surgit souvent tout à coup après un accident, mais la prostate ne se développe pas du jour au lendemain pour autant. Est-ce que les patients attendent trop avant de vous consulter?
Il n'est jamais trop tard, mais en effet: on pense toujours que ce n'est rien. On explique aussi souvent cela par un déclin insidieux, fait de bons et de mauvais jours. L'incontinence peut même s'atténuer en été, puisque l'on transpire davantage. En hiver, cela s'accentue à nouveau. On achète alors peut-être des couches plus grandes, ou on met plus de parfum pour masquer l'odeur que l'on croit sentir.
Faut-il absolument aller chez le médecin?
Pour quelqu'un qui affirme devoir souvent aller aux toilettes en restant à la maison, pas nécessairement. Du moins, pas tant que les autres organes sont épargnés. Surtout si la personne se sent bien comme ça. Mais si elle développe un comportement fuyant: ne plus aller au théâtre, renoncer à voyager en bus, ne plus voir d'amis ou ne se déplacer que dans un rayon de 30 minutes autour de chez soi, alors il y a une souffrance pesante. Dans leur périmètre, certains connaissent chaque restaurateur, chaque WC public et chaque coin où ils peuvent se soulager en toute discrétion. Il existe même des guides à ce sujet pour les villes étrangères.
Pourquoi ressent-on encore autant de honte en 2025?
C'est aussi une question d'âge. Les jeunes acceptent moins facilement, et je pense que la résistance à la douleur augmente avec l'âge. On se dit que c'est comme ça, qu'il faut faire avec.
Mais vous, vous ne partagez pas cet avis.
Absolument pas! La Suisse offre une panoplie de possibilités merveilleuses: on peut y choisir sa manière de vivre et sa manière de mourir.
Comment posez-vous un diagnostic?
Une première discussion donne déjà de bonnes indications sur ce à quoi le diagnostic pourrait aboutir. En outre, on mesure le jet d'urine, on effectue des échographies de la vessie et des reins et, finalement, on peut même mesurer la pression vésicale, dans laquelle on met en corrélation le volume de remplissage, la pression interne et l'envie subjective d'uriner du patient.
Si, chez un homme par exemple, la pression lors de la miction est beaucoup trop élevée par rapport à ce qui sort par le bas, il ne s'agit probablement pas d'un problème neurogène, mais plutôt d'un problème lié à l'hypertrophie de la prostate.
Et le traitement?
Le traitement dépend de la cause de l'incontinence. Dans la plupart des cas, les traitements non chirurgicaux sont privilégiés. Souvent, des séances de physiothérapie avec des spécialistes du plancher pelvien aident déjà grandement. Nous travaillons très bien avec certains d'entre eux. Mais ils sont souvent débordés, c'est pourquoi nous aimerions avoir notre propre physiothérapeute au cabinet. Nous voulons proposer à nos patients de la médecine intégrative, avec tout ici.
Si ces approches n'aboutissent pas, il reste les interventions chirurgicales: une opération de la prostate, l'installation d'un sphincter artificiel, d'un stimulateur vésical artificiel ou autre.
(Traduit de l'allemand par Valentine Zenker)