L'Inspection du travail Lausanne (ITL) s'est penchée sur les établissements de blanchiment dentaire dans le cadre d'une campagne de prévention. Face à l'essor de cette activité, le rapport montre la nécessité de renforcer l'information du personnel sur les produits utilisés ainsi que sur les mesures de protection à mettre en place notamment en matière d'équipements de travail.
«Les nouveaux marchés de l'esthétique et du bien-être se développent rapidement et n'exigent souvent pas de formation spécifique. Cela se fait dans certains cas au détriment des règles de santé et de sécurité au travail, pour le personnel, comme pour la clientèle», s'inquiète lundi dans un communiqué Emilie Moeschler, municipale des sports et de la cohésion sociale.
«C'est le cas par exemple avec la mode du blanchiment dentaire portée notamment par les réseaux sociaux». Après les ongleries en 2022 et les salons d'épilations au laser en 2023, l'Inspection du travail Lausanne (ITL) a souhaité faire le point et sensibiliser le public ainsi que les travailleurs sur les risques possibles de cette pratique.
La campagne, menée avec Unisanté, s'est déroulée au printemps et en été 2024 dans dix établissements lausannois. Les contrôles ont mis en évidence l'absence dans tous les établissements de documents qui permettent l'identification formelle des dangers, concernant notamment les produits et les équipements de travail.
La grande majorité des établissements n'a d'ailleurs jamais fait appel à des spécialistes de la sécurité au travail. Un seul d'entre eux a pu présenter une analyse de risques pour la protection de la maternité.
Concernant l'utilisation des produits, 40% des établissements visités recourent au peroxyde d'hydrogène pour blanchir les dents à des taux de concentration au-delà des 6% recommandés par l'Office fédéral des denrées alimentaires et des affaires vétérinaires et par la législation en vigueur.
Dans une situation, la personne n'avait pas la formation requise pour manipuler ce produit ni la supervision nécessaire d'un ou d'une professionnelle de la santé dentaire. Au-delà de certaines concentrations, le peroxyde d'hydrogène a des effets irritants ou corrosifs sur la peau, les yeux et les voies respiratoires, relève l'ITL dans son rapport.
Quant aux lampes LED utilisées pour intensifier l'effet du blanchiment, deux tiers des établissements ne possédaient pas de certificats de conformité ni de manuels d'instructions de ces lampes, constate Christelle Courtois, inspectrice du travail.
Quatre établissements sur dix utilisaient même des lampes sans la certification CE qui atteste qu'elles répondent aux exigences de sécurité, de santé et de protection de l'environnement de l'Union Européenne. Or, les lampes à LED des groupes 2 et 3 peuvent occasionner des lésions oculaires graves.
Tous les établissements disposaient d'équipements de protection pour leur clientèle. Seuls 40% utilisaient des gants adaptés à l'utilisation de produits chimiques.
Les établissements visités ont reçu un rapport indiquant les manquements ainsi que les solutions pour y remédier. L'ITL se tient à disposition de toute entreprise pour fournir les informations relatives au domaine de la santé et de la sécurité au travail. Les rendez-vous sont gratuits, précise-t-elle. (jzs/ats)