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Don de sang chez les animaux: voici ce qu'il faut savoir

Comme chez les humains, il est vital pour les chats que le groupe sanguin de l'animal donneur et celui de l'animal receveur soient compatibles lors des transfusions.
Comme chez les humains, il est vital pour les chats que le groupe sanguin de l'animal donneur et celui de l'animal receveur soient compatibles lors des transfusions.Image: Getty

Votre animal peut sauver des vies grâce à ce procédé méconnu

L'histoire a fait grand bruit: un footballeur professionnel a lancé un appel aux dons du sang pour son chat. Alors comment cela se passe chez les animaux, quand reçoivent-ils des transfusions et qui peut être donneur?
02.11.2025, 12:0002.11.2025, 12:00
Stephanie Schnydrig / ch media

L'attaquant belge de Francfort, Michy Batshuayi aura tout tenté pour son chat Kiyo. Il y a quelques jours, il a été renversé par une voiture et grièvement blessé. Désespéré, son propriétaire de 32 ans s'est tourné vers ses 2,8 millions d'abonnés sur Instagram.

Il a lancé un appel à l'aide afin d'obtenir un don de sang pour son chat, le seul moyen de le sauver. Et Kiyo a apparemment reçu plusieurs transfusions. Mais son système immunitaire a rejeté le liquide étranger et l'animal n'a pas survécu.

Michy Batshuayi pleure la mort de son chat sur Instagram.
Michy Batshuayi pleure la mort de son chat Kiyo sur Instagram.Image: Instagram

Une démarche peu connue mais bien ancrée

Peu de gens savent que les animaux peuvent donner leur sang. En réalité, les transfusions peuvent sauver des vies non seulement en médecine humaine, mais aussi chez les chiens, les chats, les chevaux et d'autres espèces encore. En Suisse, plusieurs établissements se sont spécialisés dans ce domaine. On y prélève du sang, on le teste pour détecter d'éventuelles maladies et on l'administre en cas d'urgence.

Les transfusions interviennent en cas d'accidents graves, d'opérations conséquentes avec une perte de sang, de maladies infectieuses, d'intoxications, de troubles de la coagulation et contre certains cancers. On y recourt aussi parfois pour des maladies génétiques, dont l'hémophilie.

Un large champ d'application

Outre les bêtes domestiques, les ruminants; moutons, chèvres, vaches, lamas et alpagas ont parfois besoin de sang. Dans les pâturages, ils s'exposent souvent à des parasites hématophages, qui provoquent de fortes anémies.

Cela se pratique également au zoo: en 2022, des éléphants atteints d'herpès ont été traités avec des médicaments antiviraux et des transfusions de plasma sanguin à Zurich. En effet, les pachydermes âgés sont porteurs d'anticorps contre ce virus. Leur sang peut ainsi sauver des vies. Dominik Ryser, porte-parole du parc zurichois, explique:

«Nous mettons désormais en place une banque de sang pour ces mammifères. L'objectif: être prêts à traiter un éventuel nouveau cas d'herpès.»

Le sang d'éléphant se conserve jusqu'à cinq ans à -80 degrés. Les autres animaux du zoo n'ont pas besoin de dons pour l'heure.

Un manque de donneurs

Les cliniques vétérinaires alertent sur la fréquente pénurie de donneurs. Gina Widmer, vétérinaire spécialisée dans les petits animaux à la clinique d'Aarau West, le confirme: on observe non seulement une hausse constante de la demande, mais aussi une «durée de conservation limitée des produits et une imprévisibilité des besoins qui posent souvent problème.» Elle ajoute:

«Nous cherchons en effet à réduire le gaspillage autant que possible et ne laissons donc pas trop de donneurs se présenter à nous simultanément.»

Les chiens aptes au don ont entre un à dix ans (la norme varie d'une clinique à l'autre). Ils doivent peser au moins 20 kilos, être vaccinés, vermifugés et ne pas prendre de médicaments. Les chats doivent être âgés de quatre à huit ans, peser au moins quatre à cinq kilos, être vaccinés et en bonne santé. On exclut en général les animaux ayant séjourné à l'étranger en raison des risques d'infection.

Une procédure simple et sans conséquences

Selon son poids et son état, un chien peut donner entre 250 et 500 millilitres, soit environ 10 à 15 millilitres par kilo de poids corporel. Les chats donnent évidemment moins, 7 à 10 millilitres par kilo. La procédure ne présente aucun danger pour les sujets en bonne santé. Les chiens peuvent s'y soumettre environ trois à quatre fois par an, les chats environ deux fois.

Le prélèvement s'avère en général indolore et bien toléré. Il ressemble à une prise de sang classique chez le vétérinaire. Les chiens restent suffisamment calmes pour ne pas devoir être anesthésiés; beaucoup ont l'habitude et se prêtent sereinement à l'exercice. En revanche, on sédate souvent légèrement les chats ou on les endort brièvement pour leur éviter un stress. Ils reçoivent en outre une perfusion qui stabilise leur circulation pendant le prélèvement.

Le tout dure cinq à dix minutes. Il est ensuite recommandé à nos compagnons de se reposer pendant 24 heures.

Les animaux aussi ont des groupes sanguins

Comme chez les humains, on distingue plusieurs groupes sanguins. Plus de douze systèmes ont été recensés chez le chien, même si dans la pratique, on teste principalement le DEA 1.1 positif ou négatif. Les chats ont trois groupes: A, B et AB. Les chevaux en ont huit, les bovins même onze.

Comme nous, les chats possèdent dès la naissance des anticorps contre les autres groupes. L'administration d'un groupe incompatible peut donc leur coûter la vie. Il en va autrement chez les chiens, qui ne présentent d'abord aucun anticorps. Ce n'est qu'après la première transfusion que leur système immunitaire commence à en produire. Une deuxième transfusion sans test sanguin préalable peut donc être dangereuse. Il en va de même pour les chevaux et les ruminants: la première ne pose pas de problème, mais il faut ensuite prendre le groupe sanguin en considération.

Ici, un donneur de sang canin.
Ici, un donneur de sang canin.Image: Imago

Solidarité entre les espèces

Les transfusions sanguines entre espèces différentes sont parfois possibles, mais demeurent délicates. On parle alors de xénotransfusion. Des expériences sur des humains ont eu lieu au XVIIe siècle. Le médecin parisien Jean-Baptiste Denis fait figure de pionnier dans ce domaine: il a transfusé dans les veines de cinq malades de petites quantités de sang prélevées dans les artères carotides de veaux, d'agneaux et de chevreaux. Trois patients auraient guéri, mais deux sont décédés. La technique a ensuite été interdite en France.

En médecine vétérinaire, on trouve aujourd'hui encore des transfusions interespèces dans certains cas isolés. Ainsi, les chiens et les chats peuvent recevoir de l'hémoglobine provenant du sang bovin pour améliorer le transport de l'oxygène dans le sang. Il existe également des expériences de transfusions sanguines de chiens à des chats souffrant d'anémie. Mais il ne s'agit là que de solutions d'urgence et provisoires, car le sang étranger est généralement éliminé en quelques jours et le risque de réactions immunitaires graves est élevé.

La médecine transfusionnelle animale demeure aujourd'hui encore principalement tributaire de propriétaires engagés qui amènent régulièrement leurs animaux à un don de sang, et de bonnes âmes compatissantes qui, comme dans le cas de Michy Batshuayi, aident spontanément lorsqu'une vie est en jeu.

(Traduit et adapté par Valentine Zenker)

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