Réunis à Lausanne, quatre jurys professionnels de la langue ont élu les mots qui ont marqué le discours en Suisse et dans ses régions linguistiques. Ils ont annoncé les grands gagnants dans un communiqué envoyé mardi par le Département de linguistique appliquée de la Zürcher Hochschule für Angewandte Wissenschaften (ZHAW).
En Suisse romande, trois mots se sont hissés sur les marches du podium.
«Cessez-le-feu» a été élu mot romand de l'année 2024 à la quasi-unanimité. Selon les jurys, «il représente un répit très attendu par les populations dans les pays en guerre». Et de poursuivre:
«Consentement» se hisse en deuxième position, en raison du «caractère particulier des violences faites aux femmes» – violences conjugales, violence verbale, viols de guerre. «La Suisse n’est pas épargnée par ce phénomène et il est temps de reconsidérer le proverbe affirmant que "qui ne dit mot, consent"», expliquent les quatre professionnels de la langue dans le communiqué.
Le choix du mot «consentement» démontre «ce changement de paradigme en cours dans notre société».
Sur la troisième marche du podium? «Quoicoubeh», pour «rendre hommage à l'inventivité du langage oral chez les jeunes et à leur capacité à enrichir la langue française». Petit rappel: les adolescents ont joué pendant des mois à ce jeu de langage, dont le principe est de dire quelque chose d’incompréhensible et, si votre interlocuteur dit «quoi», de lui lancer:
Des séquences souvent filmées et postées sur TikTok.
Comment se passe la sélection de ces mots? Des scientifiques analysent la base de données du discours suisse Swiss-AL et déterminent, pour chaque langue, les 30 mots qui ont été utilisés plus fréquemment en 2024.
Ensuite, un jury de professionnels de la langue choisit les trois mots les plus marquants dans cette liste. Les chercheurs montrent ensuite la manière dont ces mots ont évolué dans l'usage linguistique en Suisse en 2024 et quels changements sociaux, ils représentent. (ag)