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Climat: Swiss recycle à l'étranger, greenwashing?

Swiss fait un effort pour le climat, mais un problème persiste

Jusqu'à présent, les emballages de jus de tomate ou d'orange de la compagnie aérienne suisse finissaient avec tous les autres déchets. Des améliorations du tri sont prévues, mais il reste une ombre au tableau.
27.07.2024, 11:50
Benjamin Weinmann / ch media
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Swiss annonce s'investir pour le recyclage des emballages.
Swiss annonce s'investir pour le recyclage des emballages.keystone

La révolution verte de l'aviation se fait attendre. Les compagnies aériennes du monde entier utilisent déjà du carburant durable, mais celui-ci n'est disponible qu'en petites quantités et à des prix élevés. Il faudra encore des décennies avant que la branche ne devienne neutre en termes d'émissions. C'est pourquoi certaines compagnies aériennes s'efforcent d'améliorer leur bilan environnemental dans d'autres domaines, même si cela leur vaut parfois d'être accusées de greenwashing.

Swiss s'engage en faveur du climat en ce qui concerne les emballages de boissons. Ceux-ci sont désormais intégrés dans le processus de recyclage de l'entreprise, comme l'écrit la compagnie aérienne dans son magazine interne. Cela signifie que jusqu'à présent, les emballages de jus d'orange, de tomate ou de pomme finissaient avec les déchets traditionnels.

Selon Swiss, une brique classique est composée à 75% de carton. Il s'agit donc d'une matière qui peut être recyclée. Mais, problème: on y trouve aussi 20% de polyéthylène et 5% d'aluminium. Ces matériaux doivent être séparés les uns des autres par un processus physique. Ce n'est qu'alors qu'ils peuvent être réutilisés comme cartons, journaux ou palettes.

30 tonnes de déchets en moins

Swiss a lancé cette nouvelle initiative en collaboration avec son partenaire de restauration Gate Gourmet. Ce dernier exploite la plus grande cuisine de Suisse à l'aéroport de Zurich. Selon Swiss, cette mesure permet d'économiser jusqu'à 30 tonnes de déchets par an.

Le problème est que le recyclage des briques à boisson n'est pas encore bien établi dans notre pays. C'est pourquoi les deux entreprises ont dû faire preuve de créativité. Les emballages sont transportés par camion dans les pays voisins qui, eux, disposent de l'infrastructure nécessaire.

En Suisse, il n'existe aucune possibilité de recycler les cartons à boisson, explique le porte-parole de Swiss, Michael Stief.

«Le transport à l'étranger est donc la seule option pour réutiliser les matières premières au lieu de les incinérer»

Toutefois, Swiss et Gate Gourmet n'ont pas effectué d'analyse environnementale pour cette nouvelle mesure. On peut donc se demander si le transport des cartons par camion à l'étranger est vraiment plus écologique.

Absence de base légale

Sur les vols court-courriers, tous les cartons de boissons vides sont à nouveau déchargés à Zurich pour être recyclés. Pour les vols long-courriers, Swiss les élimine dans le pays d'arrivée. Selon le porte-parole, d'autres matériaux sont également ajoutés au processus de recyclage à Zurich, notamment le PET, le verre, l'aluminium, les capsules Nespresso et le papier.

Techniquement, le recyclage des briques à boisson ne pose aucun problème. Mais pourquoi leur collecte est-elle impossible pour les consommateurs privés, alors qu'elle est possible pour le PET ou le carton?

Selon Simone Alabor, directrice de l'Association suisse pour le recyclage des briques à boisson, il n'existe pas de base légale pour cela:

«En Suisse, il n'existe pas d'ordonnance générale sur les emballages, mais seulement une ordonnance sur les emballages de boissons valable pour le verre, l'aluminium et le PET».

Il n'existe donc pour l'instant aucune obligation d'atteindre un quota prédéfini pour la collecte et le recyclage des briques à boisson. Par conséquent, aucune infrastructure correspondante n'a été mise en place en Suisse.

Les géants du secteur soutiennent l'association

Toujours selon Simone Alabor, il existe actuellement environ 100 communes et entreprises qui collectent séparément les briques à boisson de leur propre initiative. De plus, il existe dans plus de 900 communes des collectes mixtes pour les briques à boisson avec d'autres plastiques, comme les bouteilles en plastique de shampooings ou de détergents. Le recyclage se fait toutefois à l'étranger, principalement dans le sud de l'Allemagne et en Autriche.

Derrière l'association dirigée par Simone Alabor se trouvent trois grands fabricants d'emballages carton pour boissons: Tetra Pak, dont le siège se trouve à Pully près de Lausanne, la société schaffhousoise SIG Combibloc ainsi que la société norvégienne Elopak. Selon Simone Alabor, la loi sur la protection de l'environnement, récemment révisée, crée la base permettant de prendre en compte les briques au niveau de l'ordonnance. Pour rappel, le Parlement l'a adoptée en mars.

L'association fait partie du comité directeur de l'organisation sectorielle Recypac, qui sera créée fin 2023. Celle-ci prévoit de collecter dans toute la Suisse les briques à boisson et autres plastiques qui finissent aujourd'hui dans les déchets traditionnels. A la fin de l'année, Recypac lancera une offre pour les communes intéressées, annonce Simone Alabor. D'ici 2030, l'objectif est d'atteindre des taux de recyclage de 55% pour les plastiques et de 70% pour les cartons à boisson.

Nouveau système de collecte à la fin de l'année

Parmi les membres fondateurs de l'organisation figurent également les détaillants Migros, Coop, Lidl, Aldi et Spar, ainsi que de grands fabricants de produits alimentaires comme Nestlé, Unilever et Emmi.

Le potentiel de recyclage est important. Selon Simone Alabor, 16 000 tonnes de cartons à boisson sont vendues chaque année en Suisse. Les briques carton occupent ainsi la troisième place après le verre et le PET. Le bilan écologique n'est toutefois pas dramatique, explique la spécialiste:

«Si le recyclage est mis en œuvre dans toute la Suisse, il n'y a pas d'emballage plus écologique sur le marché que la brique carton pour boissons.»

Un point de vue que ne partage pas l'organisation environnementale Greenpeace Suisse, comme l'explique sa porte-parole Michelle Sandmeier:

«Les briques à boisson ne sont pas uniquement composées de carton, mais ont également des couvercles et un revêtement intérieur en plastique».

Selon elle, le recyclage d'un tel mélange n'est pas facile et son utilité écologique est limitée.

Critique de principe de Greenpeace

L'utilisation d'emballages jetables est toujours synonyme de gaspillage. «Pour chaque nouvel emballage, il faut investir du matériel et de l'énergie», explique Michelle Sandmeier. Le recyclage ne résout pas ce problème:

«Le bénéfice écologique est très faible et l'effort proportionnellement important»

Greenpeace s'insurge notamment contre le fait que les membres de Recypac sont principalement des entreprises de l'industrie du plastique, des multinationales comme Nestlé et Unilever ainsi que des détaillants qui ne sont pas prêts à passer des systèmes à usage unique aux systèmes réutilisables, explique Michelle Sandmeier.

«Au lieu d'investir beaucoup d'argent dans la mise en place d'une infrastructure de collecte et de recyclage du plastique et des briques à boisson, les acteurs concernés feraient mieux d'investir dans le développement et la mise en place d'un système écologique réutilisable.»
Michelle Sandmeier, porte-parole de Greenpeace Suisse.
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