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Climat: Migros et Coop ratent leurs objectifs climatiques

Climat: «Coop et Migros ne doivent plus rejeter la responsabilité sur leurs clients»

Les deux géants suisses de l'alimentation ne parviendront pas à atteindre leurs propres objectifs climatiques. C'est ce qu'affirme un nouveau rapport de Greenpeace. Eclairages.
28.06.2024, 08:1629.06.2024, 08:04
Chantal Stäubli
Chantal Stäubli
Chantal Stäubli
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Migros et Coop visent la neutralité carbone d'ici à 2050 au plus tard. Mais comment les deux géants du commerce de détail comptent-ils atteindre ces objectifs climatiques ambitieux? Selon Greenpeace, il est clair qu'ils n'y parviendront pas s'ils continuent à vendre autant de viande, de poisson, de lait et d'œufs.

En 2023, Migros a émis un total de 15,3 millions de tonnes d'équivalents CO₂. Pour Coop, les émissions de gaz à effet de serre s'élevaient à 30,3 millions de tonnes. D'après une analyse de l'ONG, environ 30% des gaz à effet de serre de la Suisse proviennent des supermarchés à proprement parler.

Comment interpréter une telle différence?

«Nous ne pouvons avancer qu'une explication partielle. C'est dans la catégories des Biens et services achetés que tout se jouerait. Migros arrive à 10,9 millions de tonnes alors qu'on est à 24,2 millions de tonnes d'équivalents CO₂ pour Coop»
Greenpeace.

Coop réalise en effet un chiffre d'affaires supérieur dans la catégorie des Huiles minérales (mazout, diesel, essence) et dans les segments commerciaux avec de nombreux produits alimentaires.

«Néanmoins, nous ne pouvons pas expliquer de manière concluante comment une telle différence est possible avec un chiffre d'affaires global presque identique et un chiffre d'affaires similaire au niveau de la vente de produits alimentaires. Nous souhaiterions que les rapports sur le climat soient plus transparents»
Greenpeace.

Les produits animaux sont responsables d'une grande partie des émissions. Chez Coop, ils sont à l'origine de près de la moitié des émissions, soit 14 millions de tonnes d'équivalents CO₂ au total.

Die Coop-Genossenschaft hat am Dienstag, 30. April 2017 im Bahnhof in Zug den ersten "Karma" Shop eroeffnet. Karma bietet eine grosse Auswahl an ausschliesslich vegetarischen und veg ...
Greenpeace demande que les produits végétaux soient davantage encouragés.Image: KEYSTONE

Migros ne publie pas de chiffres par classe de produits. L'organisation environnementale estime toutefois que cela représente environ 31 à 43% de toutes les émissions du groupe. L'assortiment de produits animaux des deux détaillants constitue donc un levier conséquent pour réduire leur empreinte carbone.

Protéger le climat en réduisant la consommation de viande

Greenpeace partage cet avis: «C'est là que réside le principal potentiel de réduction des émissions. En modifiant son mode d'alimentation ou son comportement en tant que consommateur, on pourrait réduire les émissions le plus drastiquement».

Plusieurs études estiment qu'une alimentation végétarienne, une réduction de la consommation de viande ou le passage à la volaille permettraient de faire baisser les émissions de 20%. Attention toutefois avec l'élevage à grande échelle. En Suisse, les poulets d'engraissement sont fortement dépendants des aliments concentrés comme le soja. Sa culture fait concurrence à l'alimentation humaine. Il faudrait donc en importer de grandes quantités, ce qui entraînerait à son tour des émissions.

«Si ces deux entreprises prennent au sérieux leurs objectifs climatiques, elles n'ont pas d'autre solution que de réduire l'assortiment de produits animaux»
Greenpeace

La lutte contre le gaspillage constitue un autre levier d'action. Toujours selon l'analyse de Greenpeace, une réduction des déchets alimentaires permettrait d'économiser environ 5 à 7% d'émissions.

Manières de consommer: le plus grand potentiel de réduction

L'organisation environnementale conclut: «Environ la moitié du potentiel total de réduction des émissions de gaz à effet de serre provenant de l'agriculture peut être atteint uniquement par une modification des habitudes».

Mais la responsabilité n'incombe pas seulement au consommateur:

«Tous les acteurs de la chaîne de création de valeur doivent faire des efforts»
Greenpeace

Le commerce de détail porte une responsabilité particulière, car il peut influencer de manière déterminante le comportement des consommateurs par la conception de l'assortiment et des prix, la mise en valeur des produits et la publicité.

Certes, de plus en plus de produits végétaliens arrivent sur le marché, mais un sondage en ligne de Greenpeace montre qu'ils ne représentent encore qu'une infime partie de l'assortiment. Au moment de l'analyse, Coop proposait 1300 produits à base de viande et de poisson, dont seulement 7% ont des alternatives végétaliennes. Sur 639 produits à base de viande et de poisson chez Migros, 9% existent en végétaliens.

«Coop et Migros ne doivent plus rejeter la responsabilité sur leur clientèle. Nos travaux montrent que les détaillants doivent vendre moins de produits animaux s'ils prennent au sérieux leurs objectifs climatiques.»
Barbara Wegmann, experte en consommation au sein de l'ONG.

Problème d'incitation

Greenpeace critique surtout la publicité à coup de centaines de millions et les campagnes de promotion incitatives sur la viande et le poisson. Selon l'analyse, Coop a dépensé, en 2021, six fois plus d'argent pour promouvoir les produits animaux que leurs substituts. Chez Migros, ce chiffre aurait été trois fois plus élevé.

L'organisation environnementale demande de renforcer l'attrait pour les produits végétaux et d'arrêter la publicité et les rabais sur les produits animaux. Il faudrait en outre réduire l'assortiment.

Comment répondent les deux géants suisses?

Coop n'a pas souhaité répondre à la question de savoir si une diminution des produits d'origine animale est nécessaire pour atteindre les objectifs climatiques. C'est elle qui propose la gamme la plus large de produits végétariens et végétaliens. Elle affirme développer constamment cette offre. Et mener, en outre, de nombreuses actions sur les produits labellisés «durables». Pour la viande, Coop a misé sur la commercialisation de l'animal entier, du museau à la queue, afin de réduire le gaspillage alimentaire.

Coop ajoute:

«Nous nous engageons également de diverses manières pour un secteur de la viande durable. Nous soutenons, par exemple, depuis des années, le développement de la production de soja européen. De même, nous faisons des tests pour diminuer les émissions de méthane dues aux additifs alimentaires dans la production de viande de bœuf».

Le groupe Migros travaille également sur une multitude de mesures. «Le système alimentaire ne représente qu'une partie des objectifs climatiques», indique le géant orange. «En 2022, Migros a par exemple investi dans V-Love de manière disproportionnée. Et cette année encore, nous allons continuer à développer l'assortiment végétalien».

«Lorsque nous faisons de la publicité pour la viande, nous le faisons en nous concentrant sur la valeur ajoutée du produit et pour rappeler aux personnes qui souhaitent de toute façon en acheter qu'elles peuvent trouver leur viande suisse d'une qualité irréprochable chez nous»
Migros

«Nous devons regarder la réalité en face. Comme par le passé, la grande majorité de la clientèle souhaite consommer de la viande, au moins occasionnellement. La demande de poulet, par exemple, est en hausse en Suisse. C'est pourquoi nous communiquons abondamment sur ce produit, sans quoi nous perdrions des clients qui couvriraient leurs besoins, du moins en partie, avec des produits étrangers, où le bien-être des animaux n'est souvent pas aussi contrôlé qu'en Suisse».

(Adaptation française: Valentine Zenker)

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