Dès l'annonce du départ de la cheffe du Département fédéral de la défense, de premiers noms de membres du Centre sont tombés pour lui succéder. Le conseiller national zougois Gerhard Pfister, qui quittera la présidence du parti en juin, semble être le favori. Le député grison Martin Candinas et le sénateur st-gallois Benedikt Würth sont également en bonne position. Les potentielles candidates restent encore discrètes.
La politologue et éditrice de la plateforme en ligne Defacto Sarah Bütikofer a mis un cadre aux premiers développements suivant la démission de la Valaisanne. Différents facteurs sont mis en avant pour la future élection.
La question de l'âge a gagné en importance ces dernières années, a estimé Bütikofer, surtout car la moyenne d'âge du collège se situe autour de la soixantaine. Autant Amherd que Pfister ont laissé entendre qu'ils souhaitaient faire place à des forces plus jeunes.
Toutefois, l'âge de Pfister (62 ans), ne devrait pas lui poser problème pour accéder au Conseil fédéral, a précisé la politologue. En soi, son âge ne joue pas contre lui. «Ne pas le nominer parce qu'il est trop vieux n'est pas convaincant.» Il n'a pas encore atteint l'âge de la retraite.
De plus, il n'y a aucune obligation à rester dix au gouvernement, a souligné Bütikofer. Un court mandat ouvrirait les portes aux jeunes candidats pour sa succession.
Pour Bütikofer, l'origine géographique est de loin plus importante que l'âge des candidats. Selon la Constitution, les régions du pays et les régions linguistiques doivent être prises en compte de manière appropriée. L'ajustement est du ressort du Parlement.
Ce facteur joue en faveur de Gerhard Pfister, a avancé Sarah Bütikofer. La Suisse centrale et le canton de Zoug ne sont plus représentés au Conseil fédéral depuis longtemps.
L'origine st-galloise de Benedikt Würth n'est pas un obstacle, a aussi estimé la politologue. Et ce malgré la présence d'une autre St-Galloise, Karin Keller-Sutter. «St-Gall est un grand canton et, proportionnellement, il a été peu représenté au Conseil fédéral ces dernières décennies.» Idem pour le canton des Grisons et une éventuelle candidature de Martin Candinas.
Aux yeux de Bütikofer, l'équilibre entre les genres au sein du Conseil fédéral est devenu plus important. Si un homme était élu au gouvernement à la place de Amherd, les femmes seraient encore plus sous-représentées (rapport de 2 à 5).
La politologue plaide en faveur d'une répartition aussi équilibrée que possible des postes de haut niveau. Toutefois, dans le cas de la succession de la Valaisanne, «il serait légitime que le parti du Centre mise sur un ticket exclusivement masculin après plusieurs candidatures féminines»
Mais, selon Sarah Bütikofer, en cas de prochaine vacance au Conseil fédéral, les autres partis seraient dans l'obligation de nommer des femmes – en particulier l'UDC, qui n'a encore jamais eu de conseillère fédérale. «L'UDC et aussi les autres partis devraient s'y préparer dès maintenant.»
Le retrait du ministre des affaires étrangères Ignazio Cassis est une «option réaliste», estime le politologue et directeur de l'institut de recherche Sotomo Michael Hermann. Les délais pour régler sa succession sont courts: les nouveaux membres du gouvernement sont, en règle générale, élus lors de la session qui suit l'annonce de démission. Au final, la décision de partir revient uniquement au conseiller fédéral, a-t-il rappelé.
«Si M. Cassis avait démissionné seul, cela aurait donné l'impression d'un abandon. La pression du PLR sur le ministre pour rester jusqu'aux prochaines élections nationales est forte», a avancé Michael Hermann. Le but est d'obtenir un avantage clair sur le Centre et de pouvoir ainsi défendre ses deux sièges au gouvernement.
Pour le politologue, les chances des Vert-e-s d'obtenir un siège du PLR sont minces. Si le parti écologiste voulait faire bouger les choses dans son sens, il lui faudrait agir en faveur du Centre plutôt que du PLR.
Pour Bütikofer aussi, le parti libéral-radical aurait plus de chances de conserver son deuxième siège contesté avec une double vacance suite aux départs d'Amherd et de Cassis. «Il y a beaucoup d'arguments pour ne pas changer les forces en présence au Conseil fédéral en cours de législature.» Surtout lorsque le Parlement a tout récemment confirmé cet équilibre.
L'élection au Conseil fédéral devrait se tenir le 12 mars prochain, ont indiqué les services du Parlement. (jzs/ats)