Nombreux sont les Suisses à séjourner à l'étranger durant l'été. Outre des souvenirs inoubliables, ils rapportent aussi une foule de maladies dans leurs bagages. Voici les destinations les plus critiques en la matière.
La dengue gagne du terrain dans le monde entier – y compris en Suisse où les vacanciers la ramène à leur retour. Au cours des sept premiers mois de cette année, l'Office fédéral de la santé publique (OFSP) a déjà recensé 294 infections de cette maladie à déclaration obligatoire. C'est presque autant que la quantité enregistrée sur douze mois l'an dernier.
Cela s'explique par de nombreux foyers endémiques en Amérique latine au cours du premier semestre 2024. Leurs conséquences se font désormais ressentir en Suisse également.
Cela concerne surtout les voyageurs en Asie et en Amérique. Le nombre de cas explose depuis cinq ans. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) estime qu'il atteint 400 millions par an à l'échelle planétaire. Esther Künzli, co-directrice du Centre de médecine tropicale et de médecine des voyages à l'Institut tropical et de santé publique suisse Swiss TPH à Bâle, confirme cette tendance.
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«Toute personne revenant avec des symptômes de fièvre d'un pays où le taux d'infection par la dengue est élevé devrait se faire examiner», déclare la dirigeante. La maladie se transmet par des moustiques infectés et ne présente des symptômes semblables à ceux de la grippe qu'après plusieurs jours.
Il n'est toutefois même pas nécessaire de partir loin pour contracter le virus. Depuis quelques jours, les Jeux olympiques de Paris font l'objet d'une mise en garde. Le moustique tigre asiatique, vecteur de nombreuses maladies tropicales, se propage en effet depuis une dizaine d'années dans la capitale française. Cette situation, combinée à un grand événement qui attire des millions de personnes du monde entier, inquiète les infectiologues. Les autorités ont donc émis des avertissements à l'intention des touristes et des habitants.
La dengue n'est toutefois pas la seule maladie infectieuse qui préoccupe actuellement les spécialistes. De nombreuses autres destinations touristiques populaires connaissent également des épidémies qu'il convient de surveiller.
Pour la première fois cette semaine, deux jeunes femmes sont mortes du virus Oropouche. Son type est connu. Mais ce qui l'est moins, c'est sa propagation intense et sa présence à Cuba depuis le début de l'année. En juin, deux cas se sont par ailleurs déclarés en Italie, chez des personnes de retour de l'île des Caraïbes.
Le virus est transmis par les gnaques, une espèce de moustique originaire de la région amazonienne. Il présente des symptômes similaires à ceux de la grippe et on observe bien souvent une recrudescence environ deux semaines après la disparition de la première «vague» de la maladie. Elle n'a pas fait l'objet de recherches approfondies et un traitement n'a lieu que pour les manifestations symptomatiques. Les malades guérissent généralement, même si cela peut prendre plusieurs semaines.
Une utilisation inadéquate d'antibiotiques entraîne l'apparition de bactéries multirésistantes, en particulier dans le sud de l'Europe. Selon Esther Künzli, qui s'est spécialisée dans ce domaine,
Les études sur la contamination des touristes à l'étranger, notamment en Europe, sont en revanche rares.
La seule chose que l'on puisse affirmer avec certitude, c'est que les séjours hospitaliers dans les pays du sud comportent un risque élevé de contamination. Tout comme la baignade dans les eaux stagnantes et les rivières: une étude récente démontre que les rivières grecques sont un réservoir de germes de résistance cliniquement significatifs.
De l'autre côté de la planète, l'hiver et la saison de la grippe commencent tout juste. Les personnes séjournant au sud de l'équateur peuvent donc contracter de nouveaux sous-types de virus typiques de cette période. Les voyageurs qui séjournent longtemps dans des pays de l'hémisphère sud peuvent se faire vacciner sur place contre les variants locaux. L'OMS recommande en effet des adaptés à l'hémisphère sud qui ne sont pas autorisés en Europe – et ce en raison d'une demande insuffisante.
En Europe de l'Est, le taux d'infection par les MST est depuis des années plus élevé qu'à l'ouest. C'est le cas du VIH et de la gonorrhée entre autres. Les experts se sont récemment particulièrement inquiétés de la reprise de la gonorrhée. Son évolution est à la hausse dans tous les groupes surveillés, aussi bien chez les hommes et les femmes hétérosexuels que chez les hommes homosexuels.
Les rapports sexuels non protégés sont donc particulièrement déconseillés dans cette zone.
Divers agents pathogènes responsables de maladies diarrhéiques circulent à l'heure actuelle en Afrique du Nord et en Asie. Les autorités sanitaires telles que le Centre américain de prévention et de contrôle des maladies (CDC) mettent en garde contre un «risque élevé d'infection en Egypte» et dans d'autres pays de la région.
Mais les experts suisses ne recommandent pas pour autant d'emporter des antibiotiques à titre préventif. «Car ils favorisent nettement la colonisation du tractus gastro-intestinal par des bactéries résistantes», explique Esther Künzli. Pour éviter la diarrhée, mieux vaut plutôt veiller à la propreté des aliments. Les salades non lavées et l'eau contaminée représentent le plus grand risque. Les médecins de santé publique formulent la règle suivante: «On cuit, on épluche ou on oublie!»
(Adaptation française: Valentine Zenker)