«Je m’excuse, mais quand je pense qu’on pourrait s’en prendre à mes enfants, je suis ému.» Julien Wicki est le candidat socialiste opposé à Ruben Ramchurn dans l’élection complémentaire au Conseil municipal d’Yverdon, dont le second tour aura lieu le 2 mars. La gorge nouée, il dit, ce 19 février:
Julien Wicki renvoie à une publication Facebook datée du 17 février, dans laquelle un certain V. poste une photo de lui en slip et coiffé d’un casque, tenant une baïonnette dans une main et un marteau dans l’autre. L’image est accompagnée d’un texte, qui dit: «Il s’agit d’un animal sauvage qui n’a rien à voir avec des animaux domestiques.»
La publication s’adresse à des élus yverdonnois: Julien Wicki, conseiller communal et candidat à la Municipalité, le syndic Pierre Dessemontet, également socialiste, ainsi que le municipal PLR Christian Weiler. Il est a priori question d’une affaire judiciaire, le nom d’une magistrate est cité, mais la publication paraît sans rapport avec l’élection municipale proprement dite.
Les propos inquiets tenus par Julien Wicki à watson ont été précédés, le même jour, par le lancement d’une pétition lancée par ses soutiens. Intitulée «Election à la Municipalité: Yverdon-les-Bains mérite mieux!», elle accuse Ruben Ramchurn d'«attaquer constamment et de manière virulente ses adversaires, provoquant des menaces et des insultes de la part de ses partisans à l'encontre de [Julien Wicki]».
La pétition associe Ruben Ramchurn à l’extrême droite. La vieille, dans un débat télévisé, il a répondu à cette accusation portée contre lui par Julien Wicki en rappelant que son grand-père avait été fait Juste parmi les nations pour avoir sauvé des juifs en France durant la Seconde Guerre mondiale.
Le candidat qui s'était présenté en indépendant au premier tour et qui concourt à présent sous les couleurs d'Yverdon pour tous, un parti spécialement créé, se montre-t-il imprudent à l’approche du second tour du 2 mars? Toujours est-il qu’il s’est prêté à une conversation avec V. sous la publication Facebook mise en cause par Julien Wicki. «Là c'est eux qui paniquent», écrit le candidat d’Yverdon pour tous. «Amen mon frère Amen», lui répond V. avec des smileys «rires».
Contacté par watson, V. affirme:
Début octobre, le syndic Pierre Dessemontet déposait plainte contre V. pour menaces, indique-t-il à watson. «Je vais vous attaquer en justice, je vais vous attaquer sur tous les plans. Je vais vous croiser dans la rue, je vais vous taper», dit V. de vive voix dans une vidéo, rapporte le syndic. Depuis son dépôt de plainte, celui-ci est sous protection policière. «C’est la police qui m’a conseillé de déposer plainte, de manière à ce que je puisse bénéficier d’une protection», dit-il.
Comme Julien Wicki, Pierre Dessemontet pointe les liens d’influence qui uniraient V. et Ruben Ramchurn. Un autre élu municipal, le PLR Christian Weiler, chargé de la sécurité à Yverdon, bénéficie également d'une protection à la suite de menaces.
V. confirme avoir reçu la plainte du syndic. Il affirme que les mots lui valant des poursuites – «Je vais vous croiser dans la rue, je vais vous taper» – sont à prendre «au sens figuré et bien évidemment pas au sens propre». «Je n’ai aucunement l’intention de frapper cette personne. Cela voulait simplement dire que je ne me laisserai pas faire.» Il est ici question d’une perquisition effectuée au domicile de V. en vue d’un «séquestre d’armes», dont le mis en cause conteste le bienfondé. Cela s'est passé à la suite d'un projet de société de sécurité privée dont V. aurait eu l'idée avec Ruben Ramchurn – ce dernier dément avoir eu cette intention.
Se disant ciblé par V. dans certains messages, Théophile Schenker, élu écologiste à Mathod, une commune proche d’Yverdon, ainsi qu’au Grand Conseil vaudois, assure que «V. fait partie des "chiens de garde" de M. Ramchurn sur les réseaux sociaux. Le climat qui y règne, notamment alimenté par M. Ramchurn, contribue à "libérer" ce genre de parole.»
Les adversaires politiques de Ruben Ramchurn renvoient à une vidéo datant de 2024, qui prouverait selon eux la collusion entre le désormais candidat d’Yverdon pour tous et V. On y voit V. sermonner un possible dealer en lui disant être «payé par Ruben Ramchurn». Ce dernier, dont on connaît le combat contre le deal de rue, affirme à watson n’avoir jamais payé V. Celui-ci confirme:
Ruben Ramchurn nie toute collusion avec V.
Dans une vidéo publiée mercredi après-midi sur ses réseaux, le candidat d’Yverdon pour tous répond à ses détracteurs. «J’ai envie de représenter la ville d’Yverdon, les gens qui me font confiance. Je veux permettre un choix démocratique. Parce que je crois dans la démocratie. La démocratie, ce ne sont pas des gens qui s’accaparent le pouvoir et qui choisissent avec qui ils travaillent.»
Dans un texte accompagnant la vidéo, Ruben Ramchurn prévient: «Je ne débattrai plus avec le Parti socialiste yverdonnois et son candidat Julien Wicki.» Il affirme par ailleurs que «les propos de la pétition [lancée contre lui par le Parti socialiste sont] calomnieux voir diffamatoires [et qu'ils] auront des conséquences pénales.» Il indique avoir contacté le préfet suite à cette pétition qu'il estime être «illégale».
Il reste une semaine et demie avant le second tour. Ruben Ramchurn compte un allié de plus en la personne du conseiller communal yverdonnois UDC Roland Villard. Qui répond à la pétition de soutien à Julien Wicki par une autre, intitulée «Yverdon contre la censure», dans laquelle il ne nomme toutefois pas le candidat d'Yverdon pour tous.
La pétition de Roland Duvillard clame, entre autres points:
La pétition affirme en outre: «Etre étiqueté "extrême droite" pour des idées différentes est une manipulation visant à discréditer et à étouffer le débat public.»
Côté socialiste, la venue du conseiller aux Etats vaudois et président de l’Union syndicale suisse Pierre-Yves Maillard est annoncée samedi au marché d’Yverdon pour épauler Julien Wicki dans sa campagne. Le soutien du «huitième conseiller fédéral», comme on appelle parfois le puissant homme de gauche, sera-t-il décisif? Preuve, en tout cas, que Ruben Ramchurn est craint par ses opposants.