Primes maladie: voici ce qui changera dans les pharmacies en 2026
En 2024, de plus de 10 milliards de francs de médicaments ont été écoulés dans les quelque 1830 pharmacies de Suisse. Et si leurs revenus proviennent principalement de ces ventes, avec leur solide formation, les pharmaciens peuvent faire bien plus que «simplement» vendre des produits. Ils peuvent fabriquer eux-mêmes des médicaments, mieux les combiner entre eux, soigner de petites plaies, ou encore vacciner des patients.
Durant longtemps, ces professionnels n’ont pas reçu d’argent des caisses-maladie pour ce type de prestations supplémentaires. Avec l’introduction d'une nouvelle convention tarifaire pour les pharmacies en 2001, les prestations pharmaceutiques n'étaient plus incluses dans le prix des médicaments, mais remboursées séparément.
Dès le 1er janvier 2026, l’ancien tarif va être révisé, et le champ d’action des pharmacies va encore s'élargir. Le Conseil fédéral est convaincu que les pharmacies peuvent aider à renforcer à moindre coût les soins de base, et peuvent par exemple atténuer les effets du vieillissement de la population et la pénurie de médecins. La semaine dernière, il a donc approuvé la nouvelle convention tarifaire pour la rémunération des pharmaciens
Cette dernière évolution offre également des avantages concrets pour les patients.
Des avancées notables
Voici deux changements concernant les tarifs des pharmacies:
- Encourager la vente de médicaments génériques et biosimilaires en les dédomageants mieux. Pour les inciter à délivrer davantage de médicaments dit «biologiques», utilisés notamment dans le traitement des cancers ou de maladie auto-immunes, les pharmaciens seront mieux dédommagés. Cette démarche inclut également les consultations avec le médecin traitant, incluses dans le traitement. Résultat de ces mesures, les coûts des traitements auront tendance à baisser.
- La mise sous blister des médicaments par des machines sera financée. Le tri mécanique améliore la précision de la répartition des médicaments, tout en évitant les erreurs de dosage. Ce procédé allège également la charge de travail du personnel soignant en hôpital ou en maison de repos, qui n'a ainsi plus à trier les comprimés. Les patients peuvent également demander un conditionnement personnalisé sur prescription médicale, à condition qu'il prennent au moins 3 médicaments différents. Les plaquettes sur mesure permettent également d'éviter le gaspillage.
Martine Ruggli, la présidente de pharmaSuisse, cosignataire de la nouvelle convention tarifaire, affirme que ces modifications sont «très importantes». Saskia Schenker, la directrice de l’association des caisses-maladie prio.swiss, également signataire, abonde:
Elle évoque des améliorations significatives pour le système de santé et pour les personnes qui paient des primes.
Il reste du chemin à faire
Pour Martine Ruggli, il ne s’agit toutefois que d’une étape pour renforcer le rôle des pharmacies comme prestataires de premier recours dans le système de santé. PharmaSuisse travaille activement à une meilleure reconnaissance de ses professionnels, explique-t-elle.
La faîtière s’est fixé pour objectif de jouer un rôle central et de coordination dans les soins de base. Le problème actuel est que les prestations effectuées dans un hôpital ou un cabinet médical sont remboursées par les caisses-maladie, tandis que lorsque la pharmacie les réalise, c'est le patient qui paie. Cela concerne notamment les vaccinations, les tests d’allergie et le traitement de petites plaies.
En particulier pour la vaccination, Martine Ruggli estime que les pharmacies ont un rôle important à jouer:
La politique a désormais avancé dans ce domaine. En mars dernier, le Parlement a adopté le deuxième paquet de mesures visant à freiner les coûts de la santé, qui accorde davantage de compétences aux pharmacies.
Avant qu'elles ne soient approuvées par le Conseil fédéral, il faut à présent adapter l’ordonnance et fixer la tarification des prestations. Martine Ruggli estime que les caisses-maladie ne commenceront à rembourser les vaccinations en pharmacie qu’à partir de 2027.
L’intégration des pharmacies dans les programmes nationaux de prévention, comme celui du dépistage du cancer colorectal, s'avère tout aussi laborieuse.
Il y a des pistes pour inclure les pharmacies
Le cœur des nouvelles compétences repose sur une prestation destinée à optimiser la thérapie:
- L’analyse de médication. Les pharmaciens connaissent mieux que quiconque les substances actives et leurs interactions. En concertation avec le médecin traitant, ceux-ci doivent conseiller le patient qui prend plusieurs médicaments ou à qui un nouveau traitement potentiellement critique vient d’être prescrit. Moins d’erreurs de médication entraînent un meilleur bien-être, et réduisent les hospitalisations ainsi que les consultations médicales, ce qui a un effet positif sur les coûts de la santé.
- L’adhésion thérapeutique. Environ 40% des patients ne respectent pas le plan de traitement convenu et prennent leurs médicaments de manière irrégulière, voire pas du tout.
Là encore, Martine Ruggli voit un grand potentiel:
Le Parlement partage cette analyse et souhaite rémunérer ces prestations. Mais il faudra probablement encore attendre 2 à 3 ans avant que cela devienne réalité.
Traduit de l'allemand par Joel Espi
