Taylor Swift est enfin adulte
Vous pensiez peut-être qu'elle allait se reposer? Nous laisser tranquilles après la «Taylormania» qui a rythmé (voire étouffé) l'année 2024? Profiter de ses milliards accumulés pour se dorer la pilule sur un yacht doré au large des Bahamas? Que nenni.
Après une gargantuesque tournée mondiale de deux ans, 149 dates sur cinq continents, un film carton au box-office, la reprise en main de tous ses enregistrements originaux et, cerise sur le pompon, des fiançailles ultra-médiatisées avec son amoureux, le footballeur Tracis Kelce, Taylor Swift est déjà de retour.
Annoncé à la surprise générale il y a quelques semaines sur le podcast de sa moitié, son douzième album studio, The Life of a Showgirl, est disponible depuis ce vendredi. Et, incontestablement, la superstar de 36 ans nous livre ici l'un des projets les plus solides et les plus aboutis de sa (déjà) très longue carrière.
Rien à voir avec ce que Taylor nous avait lâché sur le coin de la gueule, il y a 18 mois. The Tortured Poets Department, un album aussi interminable (31 morceaux) que douloureux, voire franchement pénible pour les non-initiés. Une accumulation brouillonne, indigeste et tentaculaire de 2 heures et demie de chansons monotones et impossibles à démêler.
Non, Showgirl est d'une autre trempe. Dès le premier roulement de tambour et le groove irrésistible de The Fate of Ophelia, il est évident que l'artiste compte nous entraîner vers des rivages inconnus - mais pas inhospitaliers. A 180 degrés du melting-pot brouillon de son prédécesseur, les douze morceaux de Showgirl sont simples et captivants. Quarante minutes d'une efficacité redoutable. Une véritable «masterpiece».
De la nouveauté
Plutôt que de s'associer avec son producteur de longue date, Jack Antonoff, Taylor Swift a préféré s'entourer de Max Martin et Shellback. Le duo suédois a coécrit et produit certains de ses plus gros tubes pop, de Shake It Off, à Blank Space, en passant par le très punchy Bad Blood. Alors, forcément, l'association du trio maléfique pour un album entier était la garantie d'une enfilade de tubes accrocheurs.
Promesse tenue. Après les errances d'adolescente et les apitoiements de femme déçue et blessée, c'est en magnat de l'industrie musicale et de «showgirl» aguerrie que Taylor Swift se pose désormais.
Plus posée, plus confiante, elle règle joyeusement ses comptes avec douceur et manière, formule quelques menaces à peine voilées («Tu dormiras avec les poissons avant même de savoir que tu te noies») et tente faussement de convaincre qu'elle n'est pas une «bad bitch».
Le bonheur lui réussit
Il y avait quelques craintes à nourrir à la perspective deThe Life of a Showgirl, un album que Taylor Swift a pondu alors qu'elle est heureuse en ménage. Elle qui a fait son beurre sur des décennies d'attaques lyriques contre ses anciens partenaires, allait-elle se révéler tout aussi convaincante dans le rôle de la future épousée comblée?
Alors oui, en effet: force est de constater que la quasi-totalité de ce douzième album est légère. Dépourvue de la profondeur peinée de ses prédécesseurs. Taylor Swift ne cache d'ailleurs pas qu'elle savoure son happy end - décroché après bien des regrets, occasions manquées, chagrins et désillusions.
Mais la voilà enfin adulte. Et, en attendant une éventuelle prochaine déception, la joie lui va si bien.
The Life of a Showgirl est disponible depuis ce vendredi sur toutes les plateformes de streaming audio.