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Michelle Obama pourrit la campagne de Joe Biden

D'après un récent sondage, Michelle Obama battrait Joe Biden dans la course à la Maison-Blanche.
D'après un récent sondage, Michelle Obama battrait Joe Biden dans la course à la Maison-Blanche.images: getty, montage: watson
Analyse

Michelle Obama pourrit la campagne de Joe Biden

Selon un récent sondage, si l'ex-première dame venait à se présenter, Joe Biden mordrait la poussière. Michelle Obama présidente des Etats-Unis? Une surprise croustillante qui trahit surtout un profond désespoir dans le clan démocrate.
22.08.2023, 18:5822.08.2023, 20:12
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Le 27 décembre 2018, Michelle Obama interrompait brutalement les dix-sept ans de règne d'Hillary Clinton et devenait la «femme la plus admirée des Etats-Unis». Certes, ce n'est plus vraiment un secret, mais l'ex-première dame est un modèle solidement blotti contre le cœur en gestation de millions de petites filles. Même Barbie a toujours été jalouse.

Depuis l'emménagement de l'époux Barack dans le Bureau ovale, en janvier 2009, le couple Obama n'a cessé d'incarner l'idéal démocrate. Quitte à flirter avec une certaine déraison. Un paratonnerre de popularité que le pays avait déjà tutoyé en 1963 et qui fut rangé sous le mot Camelot, emprunté à la légende du roi Arthur, pour «désigner l'administration Kennedy et décrire le charisme irrationnel de sa famille», rappelait notamment l'historienne Peta Stamper, en 2018.

Aujourd'hui, le parti n'en finit pas de cracher de grosses larmes de nostalgie, au point de fantasmer sur l'élection de Madame Obama à la présidence américaine l'an prochain.

Jacqueline Kennedy and her husband Senator John F. Kennedy sit on a lounge chair at their summer home. Jacqueline reads to her daughter Caroline from a book.
Les Kennedy en 63 et les Obama en 2023, même succès.Image: Bettmann

A vrai dire, cette folle passion pour le binôme Obama ne date pas d'hier. En 2020 déjà, une grappe non négligeable de citoyens rêvaient secrètement de voir débouler l'ex-première dame dans la course à la Maison-Blanche. Désormais, surprise, c'est un sondage qui donne corps au mirage: si elle daignait sortir du bois, Michelle écraserait papy Joe. C'est même pire que cela, puisqu'elle serait la seule «candidate hypothétique» suffisamment armée pour barrer la route à l'actuel président.

Kamala Harris? Aux fraises.

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Si l'information est croustillante à bien des égards, on est encore loin de pouvoir applaudir la première femme (mais aussi la première femme noire et la première ex-First Lady) élue présidente des Etats-Unis. Et les embûches sont trop nombreuses pour être en droit d'y croire sérieusement. Non seulement elle ne s'est pas officiellement présentée, mais Michelle Obama a toujours montré un désintérêt poli pour la fonction.

Un refus confirmé à l'époque par son biographe préféré, David Colbert: «Elle en a clairement les compétences et l'expérience, mais elle ne voudra pas devenir vice-présidente. Elle a ses propres projets et peut réaliser de très grandes choses sans revenir à la Maison-Blanche». Son époux avait d'ailleurs armé une réplique plutôt efficace, en janvier 2016, pour étouffer définitivement tout espoir de candidature.

«Il y a trois choses certaines dans la vie: la mort, les impôts et le fait que Michelle ne sera pas candidate à la Maison-Blanche»
Barack Obama, en meeting à Baton Rouge, en Louisiane.

Et puis, politiquement, la ferveur n'a jamais suffi à fabriquer un président de bonne qualité. Donald Trump en est peut-être d'ailleurs le plus terrible exemple. Cela dit, dans le clan démocrate, il serait malgré tout suicidaire de faire comme si ce piratage, aussi émotionnel qu'involontaire, n'existait pas.

Une rumeur qui déstabilise

Le scénario catastrophe? Joe Biden abandonnerait la course sur la dernière ligne droite pour laisser sa place à un candidat ou une candidate de façade. Un pantin populaire et désirable qui serait nommé unanimement, en toute fin de primaire. Un plan qui n'est encore qu'une simple rumeur. Mais elle est tenace, au point de pourrir l'esprit des membres du parti. Car ce forfait de dernière minute est aujourd'hui jugé raisonnable par une large tranche des démocrates, mais aussi au-delà des frontières américaines.

Une impression est souvent plus endurante que la réalité. Surtout en début de marathon électoral, alors que Joe Biden bataille avec une impopularité croissante et que Barack Obama multiplie les interventions, parfois même indirectes, en faveur de son ancien vice-président. Si cette bromance est censée muscler la campagne du plus âgé, elle rappelle aussi l'infatigable leadership du 44e président des Etats-Unis. Rien qu'en novembre dernier, de puissantes voix démocrates exhortaient Barack à sortir du silence et à faire campagne dans le cadre des élections de mi-mandat.

Loin de l'aura, de la jeunesse et du dynamisme des Obama, la famille Biden incarne aujourd'hui une fragile option «faute de mieux», pour tenter de faire oublier la parenthèse populiste de Donald Trump. C'est plutôt maigre.

Les langues les moins bien savonnées (qui sont à chercher dans les bouches ultaconservatrices) voient dans le plébiscite constant de Michelle une stratégie sournoise de son mari pour offrir un troisième mandat à sa famille. Totalement inexpérimentée, mais populaire, Madame Obama deviendrait une espèce d'égérie présidentielle de luxe. Sans aller jusqu'à ces vastes théories du complot, l'ex-première dame réunit tout ce que Kamala Harris ne représente plus depuis longtemps. De la fiabilité au capital sympathie, en passant par une confiance et une réputation que peu de démocrates peuvent brandir actuellement.

«30 minutes» de sanglots

D'autant qu'en qualité de colistière potentielle, l'épouse de Barack Obama contenterait le désir affiché par les femmes noires les plus influentes du parti qui, il y a trois ans, avaient fait pression sur Joe Biden au moment de nommer sa vice-présidente.

«Les femmes noires sont la clé d'une victoire démocrate en 2020»
Une lettre ouverte signée par 200 femmes puissantes du clan démocrate, à l'attention de Joe Biden.

Le 20 janvier 2016, au moment de rendre les clés de la Maison-Blanche, Michelle Obama n'avait pas caché sa frustration à l'idée de passer le témoin à un Donald Trump «qui va détruire ce que l'on a mis huit ans à bâtir»: «Quand ces portes se sont fermées, j'ai pleuré pendant 30 minutes d'affilée, des sanglots incontrôlables». En 2023, ce qui est encore plus incontrôlable, c'est la solidité du ticket Biden-Harris, à plus d'une année de la présidentielle américaine.

Même si l'actuel président devance encore tous ces adversaires (annoncés), l'imposant succès de Michelle a une énième fois le potentiel de faire gamberger les ténors du parti. Et Biden a tout intérêt à s'assurer de son soutien indéfectible. D'autant que du côté démocrate, comme chez les républicains face à la tempête Trump, des plans de secours devraient poindre au fil de la campagne, simplement pour ne pas être pris au dépourvu.

Comme le disait déjà un certain Clyde Lederman en 2020, lui qui avait monté le premier comité officiel de soutien à la vice-présidence de Madame Obama, «si le peuple américain se rassemble autour de sa candidature, elle devra se lancer».

Barack Obama vanne Joe Biden en l'appelant son «vice-président»
Video: watson
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