«Ce type, je le sens pas.» Le marmonnement d'un proche, à chaque fois que nous posons le sujet du prince William sur la table. Le plus souvent, à l'heure de l'apéro. Un sentiment diffus, personnel et parfaitement subjectif, auquel j'ai toujours, dans ma modeste expertise d'observatrice de la famille royale, opposé un démenti rigoureux.
William, un connard? Impossible. L'hypothèse ne colle pas avec le portrait que brossent les médias depuis plus d'une décennie. On imagine plus volontiers un prince «sérieux», «investi» et surtout, farouchement protecteur envers sa femme et leurs trois enfants. Bref, un honnête homme.
Et pourtant, voilà que le poison du doute s'installe. On se remémore les dérapages et autres anecdotes peu glorieuses relayées par son frère Harry - durablement marqué d'avoir été poussé dans la gamelle du chien. Sans oublier les bruits de couloirs des initiés, relayés ici ou là dans la presse.
Un doute renforcé cette semaine, lorsqu'une amie de jeunesse de la reine Camilla, la journaliste mondaine Petronella Wyatt, prend la plume dans le Daily Telegraph. «Récemment», écrit l'initiée, «j’ai parlé à un ancien fonctionnaire du palais qui travaillait pour les deux princes.»
Difficile d'imaginer l'héritier du trône s'abaisser à un niveau tel de fourberie. Et pourtant. «Il y a une part de vérité dans ce qu'elle dit», concède un ami de William, au Daily Beast. Avant de s'empresser de préciser que: «William ne songerait pas à dire à son père ce qu'il peut, ou ne peut pas, faire avec son autre fils».
Un récit corroboré par des mois et des mois de confessions d'amis du prince de Galles dans la presse. Des témoignages selon lesquels toute forme de pardon de William vers son petit frère exilé est impensable. Impossible. «Il le déteste absolument», résumait encore au Daily Beast un vieil ami de William, l'an dernier.
Pourtant, plus d'un an après la sortie des mémoires sanglantes, Spare, de plus en plus d'observateurs considèrent qu'il est temps d'aller de l'avant et de pardonner. La rancœur de William commence à prendre des dimensions «légèrement pathologiques», souligne Petronella Wyatt.
«Inhumain». Le mot est lâché. Sans aller jusque-là, il est évident que l'image édulcorée et la couverture médiatique complaisante dont William a bénéficié tout au long de sa vie sont trop féériques pour être vraies.
Il ne faut pourtant pas gratter longtemps pour trouver sous la surface du prince charmant, un personnage nettement plus compliqué. «Emotif», diront certains, quand d'autres oseront le décrire comme «irritable, capricieux, voire hostile» du bout des lèvres. La biographe Tina Brown abonde: William a été un enfant «difficile», qui, tout jeune déjà, commençait volontiers ses phrases par:
Le fardeau d'un futur souverain, habitué depuis sa naissance à être au cœur de l'attention, traité avec déférence. Souvenez-vous de l'épisode, pas si anecdotique, de la «double ration de saucisses» auquel avait droit l'enfant-roi au petit-déjeuner. Au grand dam de son suppléant à ses côtés, Harry, servi moins généreusement.
Son entourage admet volontiers que, aujourd'hui encore, William supporte mal la contrariété. «C'est un homme qui aime que les choses soient faites rapidement et efficacement (...). Dans le cadre de ce processus, il peut certainement se montrer acerbe», confie un ancien assistant au biographe Omid Scobie, dans son dernier livre, Endgame (2023).
Un trait de caractère qui perce à travers le roulement incessant du personnel au palais de Kensington, en cours depuis des années. En 2014 déjà, le tournus des attachés de presse rend tout le monde zinzin. «C'est un cauchemar», admet un haut courtisan au Daily Mail. «Le prince William n'accepte pas facilement les conseils, disons-le ainsi. Plusieurs candidats très qualifiés ont été exclus.»
Méfiant à l'excès, extrêmement soucieux de protéger sa vie privée, son intimité et sa famille, William voue une haine à la presse aussi féroce que son cadet. Et il souffre incontestablement d'un «excès de confiance» qui frise l'arrogance, confirme l'auteur royal Robert Jobson, en 2017, dans le Mail on Sunday.
La gestion du «Gate Middleton», en début d'année, en est la preuve flagrante. A défaut d'une équipe solide de conseillers et de collaborateurs en qui ils peuvent avoir confiance, Kate et William ont tâtonné. Tout seuls. Jusqu'à provoquer l'un des plus gros désastres de relations publiques de mémoire royale.
Cependant, rassurez-vous! Loin de nous l'envie de briser vos rêves. William resterait un homme «honnête», investi par son devoir. Un homme aux prises avec le poids de ses responsabilités et de ses relations personnelles. Tout l'était comme sa grand-mère, Elizabeth II.
Alors qu'il s'apprête à monter sur le trône, c'est d'ailleurs du côté de sa granny que William devrait aller puiser l'inspiration. Après tout, être magnanime est l'une des vertus cardinales d'un monarque digne de ce nom.
Après des années de querelles et de division, et alors que la maison Windsor est confrontée à l'une des périodes les plus complexes de son histoire, une réconciliation visible avec son frère enverrait un message extrêmement puissant. Un symbole d'unité et une façon d'assurer le public de son engagement.
Hélas, l'heure ne semble tellement pas à la joie, alors que le prince de Galles vient d'être nommé à la tête de l'ancienne unité militaire du prince Harry, lundi, à l'issue d'une prestigieuse cérémonie aux côtés du roi.
«Le dernier clou dans le cercueil» pour tout espoir de réconciliation entre Harry et sa famille, selon un proche de la famille. Et la preuve, peut-être, que William est moins prompt à la noblesse de cœur qu'il n'y paraît.