Voilà des années que William mettait le dos au mur. Répétant à qui veut bien l'entendre qu'il pouvait très bien «enfiler son pantalon tout seul». Nul besoin d'une énième personne dans une infrastructure comme le palais de Kensington, qui compte déjà une cinquantaine d'employés. Pourtant, le prince aux rêves de simplicité et de modestie a fini par flancher. Les médias britanniques rapportent, cette semaine, qu'il vient d'embaucher son nouveau et tout premier valet. Mission de l'intéressé? Aider Son Altesse Royale à «gérer son habillement». Rien que ça.
En 2024, le poste peut prêter à sourire. Tout noble qu'il est, quel homme de 41 ans, bien portant et en pleine possession de ses moyens comme William, a-t-il encore besoin d'aide pour mettre une chemise, un jeans, des sous-vêtements et une paire de socquettes?
C'est mal connaître les besoins spécifiques du job de royal. Un emploi visuel qui implique son lot d'uniformes de cérémonie, médailles, petits boutons et autres ficelles décoratives dont la logique échappe à nous autres, résidents du 21ᵉ siècle habitués à la simplicité. «Ces uniformes de cérémonie ont été largement conçus au 19ᵉ siècle, lorsque chaque gentleman avait un valet de chambre», confirme l'historien Christopher Joll au Daily Telegraph.
A l'époque en effet, la présence d'un membre du personnel pour s'aider à s'habiller tombe sous le sens. La plupart des costumes ne sont tout simplement pas conçus pour être sortis du placard et bêtement enfilés. Et, par conséquent, impossibles à endosser par soi-même de nos jours.
William en sait quelque chose. Depuis qu'il est prince de Galles, le voilà sommé d'assister à un nombre croissant d'évènements (cérémonies officielles, remises de titre, visites diplomatiques ou funérailles de dignitaires) qui impliquent une tenue d'apparat. S'il pouvait autrefois se permettre de faire appel à sa femme Kate, voire à un valet d'une autre maison de temps en temps, ces évènements se sont multipliés. Face à l'évidence, il a dû s'y résoudre. William a besoin d'aide. Celle d'un employé dédié, compétent et capable de jouer un rôle plus permanent.
Il en aura fallu du temps au prince longtemps persuadé qu'il pouvait se débrouiller seul. Pour un homme de sa génération, avoir recours à l'aide d'un tiers pour mettre ses vêtements peut effectivement paraître quelque peu suranné et prétentieux. Ajoutons à cela la réticence du prince à laisser un membre du personnel s'approcher de trop près. Soucieux de préserver leur vie privée dans la mesure du possible, William et Kate ont réduit le personnel de leur domicile au strict minimum – dans une maison de quatre chambres comme Adelaide Cottage, il n'y a de toute façon pas la place.
Car William connaît mieux que quiconque les ravages que peut provoquer un employé qui en sait trop. Ce n'est pas Paul Burrell, ancien majordome de la regrettée princesse Diana, son «roc» et confident, désormais auteur à succès avec trois millions d'autobiographies vendues à travers le monde, qui dira le contraire. Encore moins Michael Fawcett, ancien homme de main de Charles, contraint par deux fois à la démission après avoir trempé dans des business douteux.
Un défouloir dont William pourra aisément se passer. Contrairement à ses parents, le prince entretient une vie de famille stable et un cercle d'amis proches et de conseillers à qui il peut se fier. Nul besoin d'un énième confident susceptible de se répandre ensuite dans la presse ou de commenter l'actualité royale sur les plateaux télé.
A défaut d'un rôle émotionnel, le «Yeoman», de son nom de code officiel, devra faire preuve d'autres qualités: fiabilité, discrétion et sens de l'observation à toute épreuve. Un métier qui s'enseigne dans les meilleures écoles d'hôtellerie du monde, mais au fil de l'expérience, selon une ancienne valet chevronnée, au London Times.
«Le travail du valet est de tout savoir sur vous, puis d'opérer dans la plus grande discrétion», témoigne Parker-Larkin. «Vous êtes censé savoir où se trouve la brosse à cheveux, ce qui doit être sur la table de chevet et les vêtements à disposer sur le lit au retour de la salle de sport.»
La règle d'or? Anticiper, anticiper, anticiper et encore anticiper. «Si vous savez que votre client prend habituellement un thé vert à 10 heures du matin, son thé vert l'attendra tous les matins sans même lui avoir posé la question», explique la spécialiste, qui gère désormais une agence de services domestiques haut de gamme à Londres. Autre exemple? «Si vous remarquez que chaque jour, au déjeuner, ils mangent une certaine pâte de piment, vous devriez noter où ils la posent et vous assurer qu'elle est toujours là lorsqu'ils s'assoient.»
Le nouveau valet de William est prévenu. Toutefois, pas sûr que le nouvel assistant du prince de Galles ait tellement besoin de conseils. S'il n'a pas été nommé publiquement (et ne le sera probablement jamais), le Daily Mail rapporte qu'il a été formé à bonne école. L'élu, qui serait âgé «de la vingtaine», aurait déjà travaillé pour les Royals au sein de la «bulle» d'Elizabeth II pendant la pandémie, avant d'opérer pour un cheikh dans un Etat du Golfe. «Un véritable amour!», s'extasie une source du palais au Daily Mail. «Pas du tout hipster. Il tient à rester anonyme, car il est farouchement discret.»
Il faudra toutefois à ce valet d'exception être bien plus que «mignon», s'il veut convaincre son nouveau patron.