C'est qu'on ne l'attendait plus, Ivanka Trump. L'enfant prodigue. La fillette adorée à son papa. L'ancienne conseillère à la Maison-Blanche. Celle qui, à défaut de bien s'entendre avec sa belle-mère Melania, a appliqué une méthode similaire, douloureusement efficace: l'évaporation.
Après quatre ans de bons et loyaux services dans l'administration Trump, Ivanka et son mari Jared Kushner ont disparu. Loin, très loin de Washington, de la figure toxique de Donald Trump, du marasme politique et judiciaire. Direction la douceur de Miami, leurs trois enfants et leur reste de dignité sous le bras. Ivanka s'est concentrée sur son travail caritatif, ses amis et ses trois enfants; Jared a lancé sa société d’investissement, Affinity Partners, qui a levé plus de 3 milliards de dollars de financements.
Si bien que lorsque Donald Trump a annoncé remettre le couvert pour une troisième campagne, en novembre 2022, les anciens conseillers à la Maison-Blanche se sont empressés de faire savoir qu'ils n'en seraient pas. A l'époque, Donald Trump est radioactif, le climat défavorable. Aux prises avec des poursuites judiciaires, la perspective de plusieurs procès, un parti républicain pressé de se débarrasser de lui et la concurrence montante du gouverneur Ron DeSantis.
En dix-huit mois, le vent a tourné. Après avoir éliminé tous ses adversaires potentiels lors des primaires, Donald Trump a récupéré le soutien du parti républicain et de ses dirigeants. S'il fait toujours face à des dizaines d’accusations criminelles dans trois Etats, sa condamnation dans l'affaire de New York ne sera connue qu'en septembre. Le voilà désormais en candidat presque respectable, en avance sur Joe Biden dans plusieurs sondages nationaux.
Un climat favorable... au point de convaincre Ivanka de confirmer sa présence à la Convention nationale républicaine, le 18 juillet à Milwaukee, pour assister à la cérémonie d'acceptation officielle de la nomination de son père. Plus d'un an et demi après son retrait de la scène politique, le début d'un retour aux affaires pour l'ancienne first daughter?
A l'en croire, pas vraiment. Officiellement, Jared et Ivanka s’en tiennent à leur ligne: vie de famille et secteur privé first. En février dernier, Kushner a répété à Axios qu'il ne rejoindrait pas l'administration en cas de victoire de son beau-père.
«Ma femme et moi-même travaillions à la Maison-Blanche, un travail à enjeux élevés 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7», a seriné le gendre de l'ancien président. «Nous avons donc tous deux vraiment apprécié l'opportunité de nous retrouver ici en Floride avec les enfants.»
Même son de cloche du côté de sa femme. Pas plus tard que la semaine dernière, Ivanka a confirmé sur un podcast de droite qu'elle n'avait pas changé d'avis. «J'ai passé quatre ans à Washington. J'ai le sentiment d'avoir tout donné sur le terrain. Je suis vraiment contente de cela et je me sens vraiment privilégiée d'avoir pu faire ce que j'ai fait», a-t-elle indiqué.
Mais la politique, très peu pour elle. Un «monde assez sombre», résume-t-elle. Et qui tranche sans doute trop avec les clichés solaires de son compte Instagram.
Cependant, la fille prodigue n'a pas hérité à formuler son soutien à son père. Invitée lors de l'interview à s'exprimer sur sa récente condamnation pénale, elle a regretté une expérience «douloureuse».
Preuve de cet investissement affectif, et non politique, la fille aînée du candidat ne sera présente qu'à «titre personnel» pour soutenir son père, le 18 juillet. Ivanka «ne remplira aucun rôle politique lors de l'événement, en tant que déléguée, collectrice de fonds ou autre», a indiqué une source au Daily Mail. Un rôle qui contraste fortement avec les conventions de 2020 et 2026, où elle avait pris la parole sur scène.
Cela dit, les intentions peuvent changer. Selon des sources «proches de sa pensée» à Puck, en mai dernier, Ivanka «se sent de nouveau prête à se rendre utile».
Voire, même, sur la possibilité d’accepter un poste dans l’administration, en cas de victoire. «Après avoir longtemps exclu cette possibilité, elle est plus ouverte à cette idée. Cela devient plus réel, cela s'accélère», confiait un proche. Il aurait été conseillé à l'ancienne conseillère d'attendre la convention républicaine de cet été.
Une chose est sûre. Avec ses 7,5 millions d’abonnés sur Instagram et 10,4 millions d’abonnés sur X, sans parler de la respectabilité retrouvée au cours de ses quatre dernières années de retraite floridienne, Ivanka Trump pourrait représenter une influenceuse puissante et un atout de taille pour son père en campagne. Sans même avoir à replonger, officiellement, dans le bain politique.