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«Mes photos de Melania nue ont fait élire Donald Trump»

Melania Trump, en 1996, pour le magazine français Max. Nous avons rencontré son photographe.
Melania Trump, en 1996, pour le magazine français Max. Nous avons rencontré son photographe. avec l'aimable autorisation d'aLEXANDRE ALé DE BASSEVILLE

«Mes photos de Melania nue ont fait élire Donald Trump»

Il est l'un des seuls hommes de la planète à avoir pu apprécier la première dame des Etats-Unis en tenue d'Eve. C'était en 1996, ils avaient 25 ans. Rencontre avec le photographe Alexandre alé de Basseville, dont les clichés de nu de Melania Trump publiés en Une du New York Post ont ébranlé la campagne présidentielle de 2016.
09.03.2025, 06:5810.03.2025, 17:34
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C'est à l'Auberge communale de Prangins, au fin fond du canton de Vaud, qu'il nous a donné rendez-vous. Ça ne s'invente pas. Alexandre alé de Basseville, 55 ans, qui a grandi «entre Vevey et Montreux», passé une bonne partie de sa vie aux Etats-Unis, voyage sans arrêt, campe désormais à Paris avec sa femme Egla et leur fils Luxifer. Sans doute plus pour longtemps, eux qui rêvent de Pays basque et de s'éloigner de cette capitale qui ne leur plaît pas beaucoup.

Ils n’avaient pas posé les pieds en Suisse depuis la pandémie de Covid-19. Une pandémie que la famille a passé sur la route, en voyage, munie d'un visa de l'Otan et d'une Range Rover. Notre rencontre relève du pur coup de chance, alors qu’Alexandre et Egla sont venus rendre visite à des amis.

Photographie, peinture, sculpture, design: de Basseville touche à tout.
Photographie, peinture, sculpture, design: de Basseville touche à tout.avec l'aimable autorisation d'aLEXANDRE ALé DE BASSEVILLE

Ce qui a le plus marqué l'artiste, à son retour en Suisse? «Tout est tellement cher. C'est dingue», s'exaspère-t-il en remuant sa cuillère dans un café au lait, triple dose de sucre, d'une main ornée de chevalières qui doivent peser une tonne. Il embraye sans transition sur le nombre d'amis qu'il a vu mourir en quelques mois. Du sida, notamment.

Lui, malgré une maladie génétique détectée tout jeune, il est toujours là. Et les mots fusent, avec Alexandre de Basseville. Il faut suivre. Surtout quand il égrène à la minute les artistes qu'il a côtoyés, au cours d'une carrière entamée à l'âge de 13 ans, quand il a annoncé à son grand-père qu'il voulait devenir photographe et partir vivre à New York.

Alexandre alé de Basseville.
Il descend du roi Harald 1ᵉʳ de Norvège, de Robert de Basseville de Normandie et des rois Vikings et Normands: Jarl Alexandre Alé de Basseville, de son nom complet.avec l'aimable autorisation d'aLEXANDRE ALé DE BASSEVILLE

Nous ne sommes pas là pour bavarder affaires, immobilier, argent ou marché de l'art - un monde qu'il connait sur le bout des doigts, lui qui partageait un studio avec Jean-Michel Basquiat au milieu des années 1980 et à qui Andy Warhol a «placé un appareil photo entre les mains». Ni même pour évoquer ses problèmes judiciaires aux Etats-unis (il a été inculpé et emprisonné en 2007 pour blanchiment d'argent et trafic de drogues, avant d'être libéré et d'obtenir l'immunité suisse et américaine, selon des documents que watson a pu consulter). Encore moins pour les expositions et happenings à New York ou à Paris.

Non, aujourd'hui, nous sommes là pour parler de Melania Trump. Une femme «complexe», décrit-il, dotée de cette «mentalité si particulière» des femmes des Balkans. Et surtout, de ce fameux shooting de nu en 1996, pour un magazine masculin français disparu, Max. Des photos qui feront l'objet, vingt ans plus tard, d'une double couverture dans le New York Post.

La Une du lundi.
La Une du lundi.image: new york post

Melania Knauss, de son nom de jeune fille, il l'a croisée pour la première fois à Milan. Nous sommes à la fin des années 90. Ils ont le même âge - à trois mois près. Il y a trente ans, Alexandre est déjà un artiste établi qui connait tout le gratin new-yorkais. Melania, une aspirante mannequin aux yeux de chat et aux seins refaits (notez ce détail) débarquée tout droit de sa Slovénie natale. Il ne fait «pas vraiment attention à elle», confesse-t-il. «Je la croise, mais je ne la capte pas. C’était Milan, j’étais avec des copains et des copines… Mais j’ai un coup d’œil. Elle avait un truc».

Un sacré truc.
Un sacré truc.avec l'aimable autorisation d'aLEXANDRE ALé DE BASSEVILLE

C'est à New York qu'ils se recroisent, un peu par hasard. A l'époque, Alexandre de Basseville doit préparer une série de mode avec Emma Eriksson, top suédois dont les formes pulpeuses ont fait d'elle la muse du couturier Thierry Mugler, pour le magazine Max.

«Il me fallait non pas son opposé, mais son "apposé"», se souvient le photographe. Mon pote Thomas Zeumer (réd: directeur de l'agence Metropolitan) me propose de passer. Paolo, le directeur de casting, m'informe qu’il y a une fille qui est arrivée… Elle est là, dans le couloir. Elle me dit quelque chose. Et c'était Melania».

Alexandre demande à cette beauté brune d'1m80 d’où elle vient. «Slovenia», répond-elle du tac au tac. Il lui réplique qu'il connait bien les Balkans, d'où sa mère est originaire. «Là, elle me regarde avec de grands yeux. On commence à parler, on boit un café, on fume une clope. On commence à discuter. L'affaire était faite.»

C'est le directeur de casting, Paolo Zampolli, qui lui glissera l'info principale. Un peu en mode KGB.

«Il y a un truc qu’il faut que je te dise... Cette fille, c’est la meuf de Donald Trump»
Paolo Zampolli, directeur de casting et homme d'affaires

Rien qui n'impressionne franchement le photographe. A l'époque, Donald Trump, c'est «un copain qu’on peut voir en boîte de nuit et avec qui on fait la teuf», résume-t-il. Je ne me rappelais même pas qu’il était encore marié à cette actrice (réd: Marla Maples)».

Le shooting

Le lendemain, Melania Knauss se pointe pour le shooting. Un rooftop à l'angle de la 26e rue Ouest et de la Sixième Avenue, derrière l'Empire State Building, où il vit et possède son atelier. Nous sommes en plein mois de décembre, le vent coupe le visage, la température est négative. «J’avais des tungstènes de quatre kilos, le matériel de cinéma… Mais bon, les -10°C, il faut se les farcir. Tu vois comment elles sont habillées (rires). Emma, je savais qu’elle était dure», raconte Alexandre. Je demande à Melania si cela ne la dérange pas, elle répond que non».

«Résultat: le shooting se prolonge sept à huit heures, les assistants sont transis. Melania, elle, n'a pas cillé. Et sur les photos, on ne voit rien»
Alexandre alé de Basseville

«C’est fort, pour une nana qui commence sa carrière. A l’époque, Melania n’a que trois photos dans son book», rappelle-t-il.

Mais alors, rien de rien.
Mais alors, rien de rien.avec l'aimable autorisation d'aLEXANDRE ALé DE BASSEVILLE

Le groupe se disperse, Emma Eriksson saute dans un avion pour l'Europe. Alexandre propose à la jeune modèle d'aller boire un coup du côté de SoHo. L'alcool aidant («Je crois qu'à l'époque, on buvait du rhum coca, le rhum était à la mode»), elle se laisse aller à quelques confidences. Oui, elle est bien avec Donald. «On parle de la Slovénie, et là... elle se rend compte qu'elle parle beaucoup. Trop.»

Gare à ceux qui voudraient réduire ce shooting à une «histoire de lesbiennes», comme le photographe l'a déjà entendu - ça le fait bondir.
Gare à ceux qui voudraient réduire ce shooting à une «histoire de lesbiennes», comme le photographe l'a déjà entendu - ça le fait bondir.avec l'aimable autorisation d'aLEXANDRE ALé DE BASSEVILLE

Melania et le KGB

Ceux qui se sont intéressés à la vie de Melania Trump savent qu'il existe un trou dans le CV, entre la toute fin des années 1980 et le début des années 1990. Un blanc d'environ trois ans. A l'époque, elle a entre 17 et 21 ans. Un mystère qu'elle a comblé en évoquant des études en design et architecture, jamais terminées et dont les archives publiques ne conservent pas la moindre trace. Une période qu'elle tait dans ses mémoires récentes, Melania. Comme si sa vie avait commencé en 1992. A ce jour, rien n'a fuité. Mais les théories concernant cette «disparition» sont nombreuses.

Melania n'a pas cessé d'inspirer l'artiste: une création plus récente.
Melania n'a pas cessé d'inspirer l'artiste: une création plus récente.avec l'aimable autorisation d'aLEXANDRE ALé DE BASSEVILLE

Alexandre de Basseville a la sienne: un passage par Moscou. Une ville qu'il connait bien, puisqu'il s'y est lui-même rendu une bonne vingtaine de fois. Il a ses entrées jusqu'au Kremlin. Pour lui, c'est une évidence: Melania aurait effectué le fameux cursus de trois ans pour rejoindre le KGB. «Elle était jolie, intelligente, elle parlait différentes langues, elle avait ce sex-appeal, ils l’ont vue tout de suite et ils l’ont recrutée.»

Premier indice? Ses seins refaits.

Image
avec l'aimable autorisation d'aLEXANDRE ALé DE BASSEVILLE

Alexandre de Basseville s'explique: «En 1995, pour une fille de Slovénie, avoir les seins refaits, c'était impossible. Après la chute du Mur, les mannequins qui débarquaient de l'Est avaient grandi dans une misère noire. Ça me touchait beaucoup, j'avais de la famille là-bas. Elles étaient rachitiques, certaines n'avaient jamais vu de gynécologue, d'autres avaient les dents pourries....»

«Melania est arrivée à New York nickel chrome. Prête à tuer. Les yeux qu’elle a, tu sais qu’elle n’a aucune pitié. Elle est dure, elle est préparée»
Alexandre de Basseville

Moscou expliquerait d'autres choses. Notamment ses interviews. Dont celle avec le journaliste star de CNN, Anderson Cooper, en 2016, en pleine campagne de son mari. Cet ami d'Alexandre de Basseville lui avait confié ses impressions, à l'époque. «Anderson m'a dit: "Honnêtement, j’ai interviewé des dizaines de personnes dans ma vie. Normalement, tout le monde, à la sixième ou septième question, finit par décrocher. Par fatiguer et lâcher des choses. Elle, impossible."»

«Melania, c’est une Porsche qui fonce sur l'autoroute, impossible à dépasser»
Anderson Cooper au sujet de Melania Trump
Vidéo: watson

La couverture

Se sont-ils revus, Melania et Alexandre, après ce fameux verre et ce shooting sur le toit de son duplex new-yorkais? «On s’est croisés deux ou trois fois. J’ai également photographié Ines, sa soeur, au studio. Une fille extrêmement gentille, très simple, très fragile. Pas du tout comme sa soeur. Melania est archi-protectrice avec elle.»

C'est à l'été 2016 que cette séance-photos vient se rappeler au bon souvenir du photographe. A l'époque, la campagne présidentielle américaine bat son plein. Et il reçoit de nombreuses propositions alléchantes pour vendre les droits de quelques 200 clichés qui forment la série. Si les démocrates veulent s'en servir pour déstabiliser Donald Trump, c'est la proposition d'un certain Rupert Murdoch, grand donateur du Parti républicain et patron du New York Post, qui attire l'attention du photographe.

L'une des deux publiées, celle du dimanche.
L'une des deux publiées, celle du dimanche.new york post

A l'époque où il reçoit le coup de fil du milliardaire, Alexandre est allongé avec sa femme, sur une plage «qui n'existe plus». «Je n’y croyais pas, c’était tellement improbable», rigole-t-il. Je n’arrêtais pas de répéter à Rupert: «T’es sûr? T’es sûr?»

Il faut dire que la proposition du magnat est inédite dans l'histoire du tabloïd le plus lu des Etats-Unis: une double couverture. Dimanche ET lundi. «Plus que l'appât du gain, affirme-t-il, c’est ça qui m'a intéressé. Dans une idée de street-art, un art qui descend dans la rue et qui est accessible à tous. Il n’y avait jamais eu de telle autorisation auparavant, c'est le genre de choses que seul Rupert Murdoch avait le pouvoir de valider».

«L’argent, ce n'était rien par rapport au coup de comm»
Alexandre de Basseville

«D’ailleurs», précise sa femme Egla Harxhi, architecte et ex-Miss Albanie, assise à côté de lui, «Alexandre ne les a pas vendues. Le New York Post n'a fait qu'acheter le droit de copyright».

«Je me souviens parfaitement, renchérit Alexandre. Je savais qu'avec ça, il allait être élu. Peu après, j'ai reçu un coup de fil du patron du Comité d’action démocrate, un bon copain. Il m’a lancé:

«T’es un enculé, ces couvertures vont le faire élire!»

«Les démocrates étaient verts. Ils avaient raté un bon moyen de les utiliser contre Trump, de jouer sur le scandale, à contre-courant des valeurs de l’Amérique puritaine. Quelle hypocrisie, quand même, dans le pays qui est le plus grand consommateur de porno au monde... Murdoch, lui, l’a joué dans le bon sens.»

Image
avec l'aimable autorisation d'aLEXANDRE ALé DE BASSEVILLE

En parlant des élections... Lui qui possède la nationalité américaine, Alexandre de Basseville a-t-il voté en novembre dernier? «De facto, j’ai demandé à mon cousin de voter pour moi, confirme le photographe. Mais cela fait longtemps que je vote blanc.»

Enfin, avant de l'abandonner, nous évoquons une dernière question. Après avoir pu observer les Trump depuis près de 30 ans, quel regard porte-t-il sur ce couple étrange et incompris? S'agit-il d'une relation purement transactionnelle? Y a-il de l’amour? Notre interlocuteur esquisse un sourire en manipulant un sachet de sucre vide. Avant de nous renvoyer la question:

«Peut-on vivre une histoire d’amour avec une fille comme ça?»

«Est-ce qu’on ne lui a pas cassé son rêve dès le départ? Ce n’est pas de sa faute à elle. J’ai plein de potes qui sont rentrés de l'armée... On sent qu’ils ont été cassés. Nous, nous sommes des êtres affectifs et émotionnels. Melania ne l’est pas.»

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