Depuis la tentative d'assassinat contre Donald Trump à Butler, en Pennsylvanie en juillet dernier, l'agence notamment chargée de la protection rapprochée du président est surveillée à la loupe. Rappelez-vous, en plein meeting, un individu qui s'était hisser sur un toit aux alentours avait égratigné l'oreille du milliardaire d'une balle de fusil, sans être inquiété.
Dans la foulée et sous une pluie de critiques, Kimberly Cheatle, directrice du Secret Service (à ne pas confondre avec les services secrets), avait démissionné de son poste, consciente d'avoir «échoué à protéger Donald Trump».
Alors que l'intérim était assumé par Ronald Rowe, la nomination du patron du Secret Service a été au coeur de l'attention pendant de longues semaines. Un suspense qui vient de prendre fin, cette nuit. Sur Truth Social, le président a confirmé les rumeurs qui bruissait depuis quelques jours, en annonçant avoir jeté son dévolu sur un agent qui a assuré sa sécurité personnelle durant la campagne.
L'heureux élu? Sean Curran.
Protéger sa famille? Le mot est faible. Cet homme est entré dans l'histoire le 13 juillet 2024. Lorsque Donald Trump, le visage en sang, avait su s'extirper de sa garde rapprochée pour pouvoir lever le poing devant la foule de supporters horrifiés, Sean Curran était sur l'estrade pour le protéger.
Ce n'est pas tous les jours que l'on peut se targuer de voir sa tronche entrer dans les bouquins d'Histoire. Grâce au talent et à la réactivité du photographe Evan Vucci, de l'agence AP, Sean Curran est devenu une star en quelques secondes. Et ça s'est joué à rien. Si la balle n'avait pas fait qu'effleurer l'oreille du candidat républicain, mais traversé son crâne, l'Histoire aurait tiré sur le frein à main.
Un héros? Peut-être. Un bon agent du Secret Service? Sans doute. Un homme de confiance de Donald Trump? Assurément. C'est d'ailleurs pour cette unique raison que le 47e président américain l'aurait choisi pour diriger la totalité d'une agence qui compte pas moins de 7000 employés.
La question est la suivante: un bon cuiseur de frites fait-il un excellent gérant de McDonald's? Pour de nombreux observateurs, la réponse est non. Si Sean Curran dirige depuis quatre ans le pool de 85 agents au service de la protection de Donald Trump et de sa famille, il n'aurait ni les épaules ni les compétences pour trôner au sommet d'une agence fédérale aussi sensible.
CNN rappelait il y a quelques jours qu'un «groupe d'experts mandaté par le Département de la sécurité intérieure avait recommandé un dirigeant doté d'une expérience extérieure pour occuper le poste de directeur du Secret Service». Cela dit, Sean Curran n'est pas le seul agent à s'être progressivement hissé si haut dans l'organigramme, puisque Mark Sullivan et Jim Murray ont brillé avant lui.
Le hic, c'est qu'ils «étaient déjà membres du Senior Executive Service», explique encore la chaîne. Le New York Times, lui, se montre un poil moins pessimiste. Même s'il «manque d'expérience dans un bureau», ce serait un élément «compétent» et «fiable».
S'il n'a jamais été mis en cause dans la tentative d'assassinat de Donald Trump, Sean Curran, qui a démarré sa carrière comme agent du Secret Service à New York, s'apprête à prendre les rênes d'un navire qui fait l'objet de plusieurs enquêtes et mériterait une «refonte totale depuis trop longtemps», affirme des sources internes au New York Times.
Ces quatre dernières années, le héros du 13 juillet 2024 aurait passé son temps à demander plus de moyens à la centrale, affirmant que son job a toujours été «de faire plus avec moins». Une problématique qui a bien sûr rejailli avec vigueur lors de la tentative d'assassinat.
Pour l'heure, l'émotion et la loyauté (encore elle) priment, dans l'esprit de Donald Trump. Car Sean Curran a d'abord «prouvé son courage intrépide lorsqu'il a risqué sa propre vie pour aider à sauver la mienne d'une balle d'assassin à Butler, en Pennsylvanie».