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Jerome Powell, le nouvel ennemi de Donald Trump

Jerome Powell, directeur de la Fed, est la nouvelle cible de Donald Trump.
Jerome Powell, directeur de la Fed, est la nouvelle cible de Donald Trump.

Donald Trump a un nouvel ennemi

Multiplications des droits de douane, licenciements de fonctionnaires, expulsion de personnes immigrées: le nouveau président américain prend des risques avec les marchés économiques, faisant craindre un début de krach boursier.
29.03.2025, 11:5629.03.2025, 11:56
Philipp Löpfe
Philipp Löpfe
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Donald Trump s’en est pris à beaucoup de personnes depuis son investiture en janvier. Mais sa dernière cible en date est un adversaire de taille: Jerome Powell, président de la Réserve fédérale des Etats-Unis (Fed). Sur Truth Social, le président américain s'est emporté dans un post, s'en prenant directement à lui:

«La Fed irait BEAUCOUP mieux si elle BAISSAIT SES TAUX D’INTÉRÊT, car les droits de douane américains vont avoir un impact sur l’économie. Faites ce qu’il faut»
Trump sur Truth Social

Des parfums de stagflation

Jerome Powell ne semble pas près d'accéder aux demandes du président. Lors de sa dernière conférence de presse, il a même laissé entendre que les baisses de taux d’intérêt, initialement envisagées cette année, pourraient être compromises à cause de la politique économique de Donald Trump. Une incertitude grandissante plane sur l’économie, comme l’explique Jay Bryson, économiste en chef de la banque Wells Fargo.

«Ça commence à sentir la stagflation»
La stagflation, c'est quoi?
Ce terme désigne la combinaison tant redoutée de la stagnation économique et de l’inflation. Dans les années 70, la Fed, dirigée à l’époque par Paul Volcker, a dû imposer des taux d’intérêt très élevés pour juguler l’inflation, entraînant un chômage à plus de 10%.

Si un tel scénario n’est pas d’actualité, les décisions économiques erratiques de Donald Trump compliquent la tâche de la Fed. Jerome Powell veut éviter de répéter l’erreur commise après la pandémie, lorsque la banque centrale a sous-estimé l’inflation en la considérant comme temporaire. Une inaction qui a valu à la Fed des critiques virulentes.

Désormais, c'est la politique économique du président américain – multiplication des droits de douane, licenciements massifs de fonctionnaires et expulsions d’immigrés – qui ravive les craintes d’une nouvelle «stagflation». Face à ce risque, la Fed a revu ses prévisions à la baisse: la croissance attendue pour 2025 passe de 2,1% à 1,7%, et le taux de chômage estimé grimpe à 4,4%.

«Nous n’avons pas encore atteint la stabilité des prix, et c’est notre priorité»
Jerome Powell.

Un autre événement inquiète les marchés: le 2 avril, Donald Trump prévoit de mettre en place des «droits de douane réciproques», une rupture majeure avec les principes du commerce international. Jusqu’ici, la clause de la nation la plus favorisée garantissait à tous les partenaires commerciaux les mêmes conditions douanières. Désormais, chaque pays devra négocier ses propres tarifs.

Ce changement va non seulement alourdir la bureaucratie, mais aussi ouvrir la porte à la corruption. Certains espèrent obtenir des exceptions en investissant dans les crypto-monnaies de Donald Trump, créées dans l’unique but d’acheter les faveurs du président.

Le président américain prend également un gros risque avec les marchés financiers. L’explosion des valeurs technologiques a attiré de nombreux nouveaux investisseurs en bourse. Fin 2024, les ménages et les organisations à but non lucratif détenaient pour 38 000 milliards de dollars d’actions, un montant plus que doublé en cinq ans. Cette hausse a soutenu la consommation des ménages les plus riches.

Un jeu dangereux avec les investisseurs

Parallèlement, la peur d'un krach boursier s'est estompée, surtout chez les jeunes. Les gens achètent à nouveau davantage d'actions à crédit, risquant ainsi de tout perdre en cas de baisse des cours. Pourtant, en quelques semaines, les indices boursiers ont déjà chuté de 8%. Ce n’est pas encore un krach, mais les effets se font déjà sentir. La confiance des consommateurs s’effondre.

Selon The Economist, cette situation pourrait avoir des conséquences lourdes:

«Ces cinq dernières années, les 20% des Américains les plus riches ont assuré presque toute la croissance des dépenses de consommation. S’ils subissent de lourdes pertes sur les marchés, le pays entier – y compris les Républicains – pourrait avoir une mauvaise surprise.»

Les investisseurs étrangers, eux, sont doublement pénalisés. En plus de la baisse des marchés américains, ils doivent faire face à une dévaluation du dollar. Si cette tendance se poursuit, ils pourraient être tentés de vendre massivement leurs actifs américains, accélérant ainsi la chute des marchés.

Les optimistes qui espèrent un boom boursier sous Donald Trump feraient bien de rouvrir les livres d'histoire. Contrairement aux idées reçues, les meilleures performances de Wall Street ont eu lieu sous des présidents démocrates. Le palmarès est sans appel: Bill Clinton a obtenu les meilleurs résultats (+151%), suivi par Barack Obama (+127%).

Traduit et adapté de l'allemand par Tanja Maeder

Donald Trump n'a pas aimé se faire sermonner
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