L'ancienne ambassadrice des Etats-Unis en Ukraine, Bridget Brink, a lâché une bombe vendredi dernier. Cette diplomate expérimentée a publié une tribune dans le Detroit Free Press, dans lequel elle s'en prend à la politique ukrainienne de Donald Trump.
Le quotidien britannique The Times a republié la lettre, rapportant là la première prise de position publique de Bridget Brink depuis sa démission. Mais le contenu explosif n'a pas encore fait de vagues ici.
Bridget Brink avait été nommée par Joe Biden au poste d'ambassadrice des Etats-Unis en Ukraine en 2022, après l'invasion russe. Elle a exercé cette fonction durant trois ans. Après presque trois décennies au service de la diplomatie américaine, elle a officiellement démissionné en avril dernier.
👉 Toute l'actualité de la guerre en Ukraine en direct 👈
Volodymyr Zelensky l'avait critiquée quelques jours plus tôt, à cause de sa réaction à la suite d'un bombardement russe sur la ville de Kryvyï Rih, où 9 enfants et adolescents avaient été tués.
Dans un post sur la plateforme de médias sociaux X, Bridget Brink n'avait pas désigné la Russie comme responsable de l'attaque. «La réaction de l'ambassade américaine est étonnamment décevante», avait écrit Zelensky sur X.
En réalité, après l'entrée en fonction de Donald Trump, Bridget Brink a dû dans un premier temps accepter une position plus «neutre» de la Maison-Blanche. Mais par ses mots, elle confirme que sa démission était due à la politique du gouvernement Trump face à l'Ukraine.
Elle a mis fin à ses 30 ans de carrière diplomatique parce qu'elle «ne pouvait plus appliquer de bonne foi» la politique du gouvernement américain. Et elle appelle l'Amérique à «faire preuve de leadership face à l'agression, et non de faiblesse ou de complicité». Elle dit encore:
Bridget Brink n'a pas supporté le comportement de Donald Trump, lorsqu'il a insulté le président ukrainien dans le bureau ovale, mais refusé à plusieurs reprises de critiquer publiquement Poutine.
Elle a des mots tranchants face à l'initiative de paix du président américain:
La diplomate s'est également rappelé des trois ans que son grand-père a passé en Europe, loin de chez lui, durant la Seconde Guerre mondiale:
Selon Bridget Brink, depuis l'invasion à grande échelle de l'Ukraine lancée par Vladimir Poutine, le 24 février 2022, la Russie a fait des choses que l'on ne peut qualifier que de «mal pur». La diplomate explique que des milliers de civils ont été tués, dont 700 enfants, «en frappant leurs maisons et leurs appartements au milieu de la nuit».
La Russie a commis plus de 150 000 crimes de guerre, a arraché 20 000 enfants à leurs familles et a forcé des millions d'hommes, de femmes et d'enfants à fuir vers l'Europe et ailleurs, écrit Bridget Brink. Et:
Au cours de sa carrière dans des zones de conflit, elle a été témoin «d'atrocités de masse et de destructions délibérées», selon Bridget Brink, «mais depuis la Seconde Guerre mondiale, nous n'avons jamais vu en Europe une violence aussi systématique, aussi répandue et aussi terrible».
A ce sujet, l'Etasunienne explique:
Bridget Brink évoque ensuite les conséquences géopolitiques imminentes d'un soutien trop hésitant à l'Ukraine. Si Poutine réussit, cela enverra des signaux à la Chine «qui menacera l'équilibre de la sécurité en Asie et dans le monde. Cela aurait des conséquences profondes pour la sécurité et la prospérité de l'Amérique».
L'Europe est le plus grand partenaire commercial des Etats-Unis. Dans la guerre entre la Russie et l'Ukraine, il s'agit pour l'Amérique de «préserver les 80 ans de paix qui ont suivi les destructions de la Seconde Guerre mondiale, et la croissance économique, le commerce et les véritables emplois qui en ont résulté».
Elle conclut par un avertissement adressé à ses concitoyens:
Traduit de l'allemand par Joel Espi