Mike Waltz. Un nom que l'on entendra souvent à Washington, à Pékin, à Berlin, mais surtout à Moscou et à Kiev. Ce membre du Congrès américain originaire de Floride va devenir le conseiller à la sécurité nationale du second mandat de Donald Trump. Il occupera ainsi l'un des postes les plus importants de la Maison-Blanche, celui qui peut faire pencher la balance entre la guerre et la paix.
En misant sur Mike Waltz, Trump a choisi un républicain connu pour sa fermeté en matière de politique étrangère. Pendant de nombreuses années, cet ancien militaire s'est forgé une réputation de dur à cuire sur les questions de sécurité. Ce choix peut surprendre à première vue. Waltz s'est en effet toujours engagé au Congrès pour une présence globale des Etats-Unis. Mais la campagne électorale de Trump et son agenda politique évoquent tout le contraire de l'interventionnisme et sont plutôt profondément marqués du sceau de l'isolationnisme.
Il faut y regarder de plus près pour comprendre. Trump veut éviter d'impliquer son pays dans une nouvelle guerre. En revanche, il souhaite consolider la position de force des Etats-Unis. Le futur président a souvent affirmé que l'administration Biden se montrait trop molle pour tenir Vladimir Poutine en respect.
Avec le choix de Mike Waltz, Trump veut clairement mettre en œuvre sa vision d'une Amérique militairement très puissante appliquant une diplomatie très dure. Pour l'Ukraine, ce n'est pas forcément une mauvaise nouvelle. L'avenir devrait prochainement nous dire si c'en est une bonne.
Dans son nouveau costume, Mike Waltz reprendra le lourd héritage de Jake Sullivan, un proche de Biden. De l'échec du retrait d'Afghanistan décidé par Trump à la guerre au Proche-Orient en passant par celle en Ukraine, ce dernier était déjà en mission permanente pour contenir les incendies à travers le monde. Pour Trump, Waltz doit notamment mettre fin le plus rapidement possible à ces deux conflits. Il devra aussi s'atteler rapidement à freiner la menace croissante de la Chine.
Michael «Mike» Waltz, 50 ans, est né et a grandi en Floride. Il est marié à Julia Nesheiwat, qui a elle aussi travaillé pour la sécurité nationale. Elle a occupé différents postes sous George W. Bush et Barack Obama. Pendant la première présidence de Donald Trump, elle a oeuvré comme conseillère au département de la sécurité intérieure. Le couple a une fille. Waltz a également deux enfants d'une précédente relation.
Il a passé une grande partie de sa vie au service de l'armée, dans les forces spéciales et la Garde nationale. On lui a remis de nombreuses distinctions pour ses 21 années de service. Au cours de ses missions, le gradé a été envoyé dans des zones de conflit dans le monde entier, notamment en Afghanistan. Après avoir pris sa retraite en tant que lieutenant-colonel, il s'est lancé dans la politique et siège depuis 2018 à la Chambre des représentants. Il y a apporté sa perspective militaire: il s'est fait connaître pour sa focalisation sur les questions de défense et sa critique acerbe de ce qu'il juge comme des faiblesses de son pays.
Avec lui, Trump n'a définitivement pas choisi un ami de Poutine. Lors de la guerre en Syrie, Mike Waltz avait déjà vivement critiqué le soutien de Moscou au président Bachar al-Assad. Mike Waltz a plaidé pour une présence américaine continue en Syrie pour assurer l'équilibre face à l'influence russe et iranienne. Et pour empêcher les groupes extrémistes de se réinstaller dans la région.
Le jour de l'invasion de l'Ukraine, le 24 février 2022, le futur conseiller écrivait: «L'invasion de l'Ukraine par Vladimir Poutine viole les normes internationales et constitue une menace directe pour nos valeurs occidentales».
Il a aussi clairement critiqué Joe Biden:
A ses yeux, Biden et ses alliés auraient dû imposer des sanctions préventives contre la Russie avant l'invasion de l'Ukraine.
Alors comment le quinquagénaire expérimenté s'y prendra-t-il après sa prise de fonctions pour enrayer le conflit?
Un jour avant les élections présidentielles du 5 novembre, Mike Waltz avait livré ses intentions dans une interview à la radio américaine NPR:
Waltz veut en outre renforcer drastiquement les sanctions contre la Russie dans le domaine de l'énergie. Kiev devrait en principe s'en réjouir. Mais le stratège a aussi affirmé:
Cette déclaration peut signifier que le président ukrainien devrait éventuellement céder des territoires ou même démissionner.
Donald Trump veut clairement mettre fin à la guerre en Ukraine le plus rapidement possible. Non seulement parce qu'il l'a promis pendant la campagne, mais aussi parce que nombre de ses conseillers en sécurité doivent se concentrer sur la Chine, le véritable rival. Et le gouvernement communiste de Pékin reste par ailleurs la vraie mission spéciale pour laquelle Mike Waltz semble être taillé en tant que collaborateur de la Maison-Blanche.
Waltz est convaincu depuis toujours du rôle non négociable de leader mondial qu'occupent les Etats-Unis. C'est pourquoi il insiste systématiquement sur des contre-mesures militaires et économiques plus fortes, non seulement contre la Russie, mais aussi et surtout contre la Chine. Car c'est justement elle et ce qu'il appelle «l'influence néfaste du Parti communiste chinois» qui constituent sa principale préoccupation.
Mike Waltz demande un découplage économique plus conséquent de Pékin, ainsi que des préparatifs militaires pour faire face à une éventuelle agression contre Taiwan. Cette approche devrait également constituer un défi pour l'Europe. Le prochain ministre des Affaires étrangères, le sénateur de Floride Marco Rubio, partage cette vision. On le considère lui aussi comme un partisan de la ligne dure vis-à-vis de la Chine et de l'Iran.
Les deux républicains se sont prononcés, à l'instar d'Elbridge Colby, ex-secrétaire de la défense, en faveur d'une augmentation des dépenses dans ce domaine et surtout d'une réorganisation des ressources militaires afin de renforcer la position américaine dans la région indo-pacifique(pour retrouver l'interview d'Elbridge Colby, c'est par ici).
Les vues de Waltz servent l'«America First» du leader MAGA, notamment en ce qui concerne l'exigence que les alliés en Europe paient leur «fair share», c'est-à-dire leur juste part dans l'alliance de défense de l'Otan.
Mike Waltz doit son nouveau poste, très prestigieux, à sa loyauté. Il a toujours soutenu les positions de Donald Trump, notamment son exigence de mettre fin aux «guerres qui s'enlisent», par exemple en Afghanistan.
Trump semble particulièrement apprécier les positions de Waltz en matière de politique étrangère et sa longue et vaste expérience militaire. Ainsi que sa connaissance pratique des conflits internationaux et son engagement personnel pour la défense nationale. De façon symétrique, Waltz voit probablement en Trump un commandant de haut rang prêt à remettre en question les normes politiques afin de s'opposer plus fermement face aux ennemis de l'Amérique.
Adaptation française: Valentine Zenker