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Guerre contre l'Ukraine

Loin de Trump, la Russie et l'Ukraine avancent leurs pions

Nouveau gouvernement américain: l'Ukraine s'interroge sur le futur soutien des États-Unis face à la Russie.
L'Ukraine s'interroge sur le futur soutien des Etats-Unis face à la Russie.Image: watson

Poutine et Zelensky avancent leurs pions

Donald Trump est désormais officiellement président des Etats-Unis. A peine entré en fonctions, son influence sur la guerre en Ukraine est déjà marquée.
22.01.2025, 16:5722.01.2025, 22:26
Patrick Diekmann / t-online
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Pour lui, c'était un jour de jubilation, centré avant tout sur sa propre personne. Donald Trump est officiellement de retour au pouvoir. Lors de son investiture, il n'a pas manqué de se mettre en scène en tant que «libérateur» et de proclamer un «âge d'or» pour son pays. Des mots qui prennent soudain tout leur sens, depuis que le républicain a à nouveau la destinée politique des Etats-Unis entre les mains, et cela pour les quatre ans à venir.

Les chefs d'Etat et de gouvernement prêtent par conséquent une oreille particulièrement attentive à ses déclarations publiques. Dans son discours d'investiture, il n'a pas mentionné l'Ukraine, ni Vladimir Poutine, ni les partenaires européens de l'Otan. Malgré cela, Donald Trump a annoncé «vouloir faire payer les autres Etats et refaire des Etats-Unis une superpuissance dominante».

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Ce qui suscite de nouvelles craintes en Europe. Car les capacités militaires américaines constituent la base de la capacité de défense européenne de l'alliance. Trump continue manifestement à considérer son pays comme un hégémon.

La Chine et la Russie s'inquiètent également, elles qui aspirent à un ordre mondial multipolaire. Ce n'est donc pas un hasard si Vladimir Poutine et son homologue chinois Xi Jinping se sont une nouvelle fois assurés mardi de leur soutien mutuel:

«Nous basons notre relation sur l'amitié, la confiance et le soutien mutuels, ainsi que sur l'égalité et le bénéfice réciproque»
Vladimir Poutine

Il convient de le relever, car la peur de Trump a poussé Xi à s'éloigner un peu de la Russie au cours des derniers mois. Désormais, l’imprévisibilité du républicain rapproche à nouveau Moscou et Pékin. Mais malgré cela, le président américain exerce déjà une influence sur les événements mondiaux, et notamment sur la guerre en Ukraine.

Une meilleure position pour négocier

Avec l'arrivée au pouvoir du nouveau gouvernement américain le 20 janvier, l'incertitude grandit en Ukraine quant au soutien futur des Etats-Unis face à la Russie. Pendant sa campagne, le milliardaire républicain avait promis de mettre fin à la guerre en 24 heures, ce qui a suscité des craintes à Kiev quant à d'éventuelles concessions à la Russie. Soldats et civils ukrainiens appréhendent ainsi les mois à venir et la possible réorientation de la politique étrangère américaine.

A Kiev, on redoute que le dirigeant républicain ne contraigne les deux parties à négocier. Mais si le Kremlin refuse, les Etats-Unis pourraient augmenter leur appui à l'armée ukrainienne. Donald Trump fait ainsi office de boîte noire, tant pour Volodymyr Zelensky que pour Vladimir Poutine.

Par conséquent, la Russie et l'Ukraine ont récemment encore intensifié leurs efforts militaires. Le Kremlin estime que, plus il parvient à gagner du terrain, plus il améliorera sa position à la table des négociations. Mais avec l'occupation partielle de la région de Koursk, au sud de la Russie, l'Ukraine dispose elle aussi d'un atout stratégique, qui pourrait s'avérer très précieux dans la perspective d'un éventuel cessez-le-feu.

Echec du plan de la Russie à Koursk

C'est pourquoi Poutine aurait demandé au commandement de son armée de reconquérir le territoire jusqu'à l'arrivée au pouvoir de Trump. Pour cela, la Russie n'a pas seulement accepté des pertes humaines et matérielles massives, mais a également envoyé des milliers de soldats nord-coréens à la mort. Depuis l'investiture de lundi, on peut affirmer que le plan de Poutine a échoué et que les Ukrainiens ont tenu bon dans la région.

Au cours des semaines écoulées, les Russes à l'assaut de Koursk n'ont remporté que des victoires mineures. Des formations ukrainiennes ont même réussi à les repousser par de petites contre-offensives. Ces derniers jours en outre, les drones ukrainiens ont réussi à attaquer à plusieurs reprises des infrastructures ennemies telles que des dépôts de pétrole.

Cette incapacité à protéger son propre territoire depuis août 2024 donne certainement à Poutine l'impression de perdre la face. Reste désormais à savoir s'il rencontrera de nouvelles difficultés durant le mandat de Trump. Cela dépendra toutefois de la détermination du président américain.

Une chose est sûre: Trump vise l'Ukraine, notamment parce que le conflit coûte trop cher aux Etats-Unis - selon lui - et qu'il le considère comme un problème européen. Trump a déjà annoncé vouloir rencontrer Poutine.

Mais à Washington, il n'est soudain plus question d'une solution rapide. L'entourage du républicain confie, à l'inverse, qu'il faudrait attendre jusqu'à l'été pour d'éventuelles négociations.

Ce qui pourrait laisser au président russe le temps de grignoter du terrain à Koursk et en Ukraine. La Russie optera probablement pour une tactique de retardement, mais elle reste tributaire de la bonne volonté américaine. Et du fait que l'Ukraine ne figure pas trop haut sur la liste des priorités du dirigeant assermenté lundi.

Progrès russes dans l'est de l'Ukraine

Car sur le plan militaire, la situation reste délicate pour la défense ukrainienne à l'est de son propre pays. Cet hiver, le matériel de guerre et les munitions manquent à nouveau. Le sous-effectif se fait de plus en plus sentir parmi les soldats sur les différentes lignes de front.

Les tranchées ukrainiennes dans le Donbass sont parfois vides, et l'armée russe parvient à s'emparer de plus en plus de villages et de petites villes, surtout dans les campagnes. Stratégiquement, Moscou suit donc depuis longtemps la tactique consistant à contourner les centres urbains et à conquérir les zones rurales. Par manque d'hommes et parce que le front est devenu trop étendu, l'armée ukrainienne ne peut plus compter que sur ses drones et son artillerie.

L'armée russe progresse par conséquent lentement, régulièrement et au prix de lourdes pertes dans l'infanterie. Le Kremlin envoie constamment du renfort; souvent, moins de 50% de ses soldats survivent. Mais ils avancent et la Russie paie ainsi ses conquêtes territoriales au prix de nombreuses vies humaines. Un coût élevé que Poutine est prêt à assumer. Et l'Ukraine n'a jusqu'à présent pas encore trouvé de mesures efficaces pour contrer cette stratégie et repousser l'ennemi dans les régions rurales.

Pour l'armée russe en revanche, les choses se compliquent à chaque fois qu'elle veut avancer vers des villes plus importantes. C'est le cas de Tchassiv Yar, dans l'est de l'Ukraine, qui ne comptait que 12 000 habitants avant la guerre. La Russie s'y casse les dents depuis mai 2024. Elle devrait néanmoins parvenir enfin à s'emparer complètement de cette localité stratégique. Soit, l'Ukraine a déjà atteint ses objectifs: stopper l'adversaire et lui infliger le plus de pertes possible.

Une menace similaire pèse sur la Russie à Pokrovsk, dans l'oblast de Donetsk. Là aussi, les Russes réussissent peu à peu à encercler la ville; ils pourraient bientôt priver la défense ukrainienne de son ravitaillement. Mais si celle-ci ne se retire pas de son plein gré, les Russes risquent de se confronter pendant des mois à des affrontements sanglants.

Pour Poutine, le temps commencera alors à presser. Car un jour ou l'autre, Donald Trump voudra montrer qu'en tant que président des Etats-Unis, il tient ses promesses électorales fracassantes.

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Adaptation française: Valentine Zenker

Donald Trump est photogénique, la preuve
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Donald Trump est photogénique, la preuve
source: corbis news / view press
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Donald Trump n'a pas aimé se faire sermonner
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