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Guerre contre l'Ukraine

Ukraine: «La Russie est invincible» grâce à la Chine et l'Iran

«La Russie est invincible»: la guerre tourne en faveur de Poutine

La Russie augmente la pression sur l'Ukraine. Alors que Volodymyr Zelensky demande, sans succès, des armes à l'Occident, Vladimir Poutine reçoit des aides de la Chine et de l'Iran. Et ça pourrait avoir des conséquences sur d'éventuelles négociations de paix.
22.09.2024, 06:54
Patrick Diekmann / t-online
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Personne ne veut être du côté des perdants, cela vaut particulièrement pour les acteurs de la politique internationale. Dans ce contexte, l'invasion de l'Ukraine par Vladimir Poutine en février 2022 a également provoqué une grande irritation chez ses alliés. En Chine, on s'étonne encore aujourd'hui que la Russie ne soit pas à la hauteur de l'image qu'elle donne d'elle-même en tant que grande puissance militaire et qu'elle n'ait pas pu gagner la guerre rapidement. Les ex-républiques soviétiques comme le Kazakhstan ont pris leurs distances avec Poutine, notamment pour souligner leur propre souveraineté.

Au début de la guerre, Poutine semblait largement isolé sur la scène internationale, ne recevant que le soutien public d'Etats parias comme la Corée du Nord ou l'Iran, qui n'avaient de toute façon pas grand-chose à perdre. Mais la situation s'est entre-temps inversée pour Moscou.

Dernier exemple en date: lors de la visite du chancelier allemand Olaf Scholz au Kazakhstan en début de semaine, le président Kassym-Schomart Tokaev a appelé à des négociations de paix rapides dans la guerre en Ukraine.

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«Une nouvelle escalade de la guerre entraîne des conséquences irréparables pour l'humanité et en premier lieu pour tous les pays directement impliqués dans le conflit russo-ukrainien», a-t-il déclaré.

«Il est un fait que la Russie est invincible sur le plan militaire»
Le président Kassym-Schomart Tokaev

Ces deux dernières années, Tokaev a plusieurs fois froissé Poutine en parlant kazakh lors d'entretiens bilatéraux ou en refusant de reconnaître les soi-disant républiques populaires de Louhansk et de Donetsk.

Le revirement du Kazakhstan est donc emblématique de l'évolution actuelle de la guerre en Ukraine.

D'une part, l'armée russe gagne de plus en plus de terrain dans le Donbass, repoussant toujours plus loin les défenseurs ukrainiens. D'autre part, les perspectives à moyen terme semblent bonnes pour Poutine dans cette guerre d'usure. L'Occident hésite, tandis que la Russie reçoit le soutien de ses alliés lorsqu'elle en a besoin. Une situation qui pourrait compliquer le succès d'éventuelles négociations de paix.

Les objectifs occidentaux sont en danger

Un jour ou l'autre, la Russie et l'Ukraine négocieront une éventuelle paix. La seule question est de savoir dans quelles conditions ces discussions auront lieu. L'objectif des soutiens occidentaux a toujours été que Kiev puisse négocier en position de force. Personne ne veut d'une paix dictée à l'Ukraine, qui permettrait à Poutine d'attaquer à nouveau le pays dans quelques années et éventuellement de le soumettre entièrement.

Mais cet objectif est actuellement menacé.

Car l'Ukraine manque à nouveau de tout. De l'équipement pour ses soldats, des munitions, mais surtout des chars et d'autres équipements lourds. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a alerté le monde en début de semaine lors d'un entretien avec le célèbre journaliste américain Fareed Zakaria:

«Nous devrions équiper 14 brigades, mais avec les armes livrées jusqu'à présent, nous ne pouvons en équiper que quatre»
Volodymyr Zelensky

Et de poursuivre:

«Nous avons donné tout ce que nous avions en réserve, aussi bien dans les dépôts que dans les unités de réserve.»

Il ne s'agit pas du fait que la Russie puisse encore gagner ce conflit cette année, mais de la capacité de défense de l'Ukraine à moyen terme. Les experts estiment que les combats autour du Dombass pourraient à eux seuls se prolonger jusqu'à deux ans.

Mais dans cette guerre d'usure, il s'agit justement de savoir quel côté peut fournir plus de soldats, d'équipement militaire et de munitions sur une plus longue période - et c'est là que réside le problème.

Tout dépend des Etats-Unis

Au cours des deux dernières années, les soutiens européens de l'Ukraine n'ont pas réussi à augmenter leurs capacités de production alors que, dans le même temps, il n'est pratiquement plus possible d'acheter du matériel militaire de fabrication soviétique sur les marchés mondiaux. A cela s'ajoute le fait que l'évolution de la politique budgétaire en Allemagne rend de plus en plus difficile pour le gouvernement fédéral d'allouer des fonds au soutien de l'Ukraine. Or, l'Allemagne est le plus grand bailleur de fonds en Europe.

C'est pourquoi la responsabilité du soutien occidental à l'Ukraine dépend de plus en plus des Américains - et aucun signal clair ne vient de Washington. Les Etats-Unis se trouvent en pleine campagne présidentielle, dans laquelle les Républicains s'insurgent contre le coût élevé du soutien américain et considèrent le conflit en général comme un problème européen. C'est l'une des raisons pour lesquelles le président américain Joe Biden et la vice-présidente et candidate Kamala Harris se montrent réservés quant à l'octroi de nouveaux paquets d'aide.

En septembre, Zelensky présentera un plan de victoire à Washington. Il s'agit de forcer d'une manière ou d'une autre Poutine à s'asseoir à la table des négociations. Mais cela ne fonctionnera que si les Américains, notamment, livrent davantage de matériel militaire et permettent en même temps à l'armée ukrainienne de le déployer sur le territoire russe afin de faire pression sur Moscou.

Mais là encore, l'administration Biden se montre prudente. Les raisons ne sont pas claires. Il est possible que les Etats-Unis redoutent les menaces nucléaires de Poutine. Il est toutefois plus probable que le gouvernement américain souhaite d'abord s'assurer que d'autres investissements importants en valent la peine.

Poutine veut-il seulement négocier?

L'Occident se paralyse donc lui-même, bien qu'il dispose collectivement de plus grandes possibilités financières que la Russie. Pour Poutine, c'est une immense opportunité.

Lors d'une rencontre avec le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi jeudi, le chef du Kremlin a apparemment souligné qu'il soutenait un «plan en six points» présenté par le Brésil et la Chine pour mettre fin à la guerre en Ukraine au début de l'été. Mais ce n'était pas vraiment une surprise, car Poutine ne peut pas se permettre de froisser publiquement la Chine. C'est pourquoi il ne manque jamais une occasion de saluer les efforts de la Chine, sans toutefois fixer un cap vers la paix.

Dans le même temps, la Russie continue à s'équiper. Pour la troisième fois depuis le début de sa guerre, Poutine a augmenté les effectifs de ses forces armées. Le nombre d'employés militaires devrait atteindre 2,389 millions de personnes à partir de décembre, dont 1,5 million de soldats, selon un décret présidentiel. Au début de la guerre en 2022, le nombre de soldats en Russie s'élevait à un peu plus d'un million.

Le Kremlin a également augmenté la capacité de production d'armes de guerre, et là où il y a des problèmes, les alliés chinois et iranien prennent le relais. Ainsi, Téhéran fournit des missiles à la Russie et, selon certains rapports, Pékin fabrique le nouveau drone d'attaque russe à longue portée Garpiya-A1 (harpie en français).

C'est ce que montre la double stratégie chinoise. Le plan de paix sino-brésilien n'exige en fait que peu de concessions de la part de la Russie: la Chine et le Brésil se prononcent en faveur d'une conférence de paix et appellent les deux parties à éviter les attaques contre les civils. Il est pourtant tout à fait contradictoire que Pékin soutienne la fabrication de drones russes avec lesquels le Kremlin bombarde de manière ciblée des infrastructures civiles en Ukraine. Les dirigeants chinois osent ainsi sortir de leur réserve, car à Pékin aussi, on est de plus en plus confiant dans la capacité de Poutine à gagner la guerre.

Il n'est toutefois pas clair si la Russie ou la Chine ont actuellement un intérêt sérieux à ce que la conférence de paix soit couronnée de succès. En revanche, il paraît évident que le Kremlin ne laisserait pas les diplomates occidentaux remporter ces négociations.

Mais Poutine pourrait aussi envoyer des représentants à une conférence tout en poursuivant les combats. Il pourrait se sentir tellement renforcé par les développements actuels de la guerre qu'il pourrait atteindre son objectif maximal, à savoir l'assujettissement de l'Ukraine. Ce qui est sûr, c'est que Poutine se préoccupe avant tout de pouvoir, et non de paix.

Ainsi, la nouvelle phase de faiblesse de l'Occident dans le soutien à l'Ukraine pourrait également réduire les chances de réussite d'un processus de paix. Ou comme Poutine l'a lui-même formulé dans une interview en mars:

«Devons-nous négocier simplement parce qu'ils sont maintenant à court de munitions?»

Pour lui, ce serait «ridicule».

Traduit et adapté par Chiara Lecca

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