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Guerre contre l'Ukraine

L'Ukraine fait pression pour utiliser des armes occidentales

Zelensky fait tout pour retrouver l'«effet Himars»: il a besoin d'armes pour une contre-offensive.
Le président ukrainien et un missile tiré par un Himars.Image: keystone/image/watson

Zelensky rêve d'un «effet Himars»

Dans sa guerre contre l'Ukraine, la Russie ne doit plus pouvoir profiter de zones de déploiement sûres derrière sa propre frontière: c'est ce que demandent désormais, outre le président français Emmanuel Macron, d'autres Etats et experts militaires.
31.05.2024, 09:4531.05.2024, 12:31
Bojan Stula / ch media
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La déclaration d'Emmanuel Macron sur l'utilisation éventuelle d'armes occidentales contre des cibles militaires en Russie a suscité de vives réactions. La plupart des analystes militaires occidentaux parlent d'une mesure logique qui aurait dû être prise depuis longtemps et approuvent ainsi l'annonce du président français. En revanche, Vladimir Poutine parle lui de «graves conséquences» si de telles attaques se produisent.

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Même des voix, jusqu'ici prudentes, révisent leur opinion au vu de la situation actuelle. Si la retenue occidentale était encore compréhensible dans une phase de guerre antérieure, l'offensive russe sur l'axe Belgorod-Kharkiv a changé la donne. C'est ce qu'affirme par exemple l'ancien commandant de l'Otan et général allemand quatre étoiles Erhard Bühler:

«Il serait inhumain et carrément cynique d'interdire aux Ukrainiens de combattre une position située à 20 kilomètres derrière la frontière russe et qui représente un danger mortel pour eux»

Comme la frontière russe ne se trouve qu'à quelques kilomètres derrière le tracé actuel du front près de Kharkiv, la Russie peut rassembler des troupes et du matériel sur son propre territoire sans être dérangée, et déclencher depuis là de lourdes attaques aériennes et terrestres sur la deuxième plus grande ville ukrainienne.

Dans le podcast allemand MDR, Erhard Bühler propose donc une évolution de la doctrine occidentale actuelle en ce qui concerne l'utilisation de leurs armes par l'Ukraine: les Ukrainiens devraient être autorisés à attaquer des cibles situées derrière la frontière russe dès lors que celles-ci représentent «un danger immédiat pour l'Ukraine».

Les Ukrainiens ont probablement frappé l'unité russe avec un lance-roquettes Himars.
Keystone

Il reste par contre exclu de frapper des cibles situées loin à l'intérieur de la Russie. C'est le cas par exemple des installations pétrolières que l'Ukraine a jusqu'à présent visées avec des drones de grande portée de sa propre production. Comme l'a expliqué mardi le vice-ministre polonais de la Défense Cezary Tomczyk, la Pologne est désormais favorable à cette forme de lutte défensive protégée du point de vue du droit international public, tout comme les Etats baltes et les nouveaux membres de l'Otan que sont la Suède et la Finlande.

Le Royaume-Uni a déjà levé les restrictions d'utilisation de ses missiles de croisière à longue portée Storm Shadow. Plus récemment, le ministre britannique de la Défense Grant Shapps a annoncé que l'Italie avait cédé un certain nombre de ses 200 Storm Shadows à l'Ukraine.

Le ton est en revanche tout autre du côté des Etats-Unis. Le porte-parole du Conseil national de sécurité, John Kirby, a réaffirmé devant les médias à Washington ne pas encourager ni permettre «l'utilisation des armes fournies par les Etats-Unis pour attaquer à l'intérieur de la Russie.»

Espoir d'un nouvel effet Himars

L'insistance du président ukrainien Volodymyr Zelensky à lever les restrictions en vigueur sur l'utilisation des armes guidées occidentales ne résulte pas seulement de la situation critique actuelle dans le nord-est. Le but est aussi d'élargir la planification opérationnelle pour les développements futurs avec des options décisives. Le souvenir de l'«effet Himars» est toujours présent chez les états-majors ukrainiens.

Au cours de l'été 2022, l'utilisation-surprise de lance-missiles multiples Himars par l'Ukraine a été un vrai game-changer. En raison de leur portée d'environ 80 kilomètres, les Ukrainiens ont soudainement réussi à détruire des rassemblements de troupes, des dépôts, des centres de communication et des états-majors de commandement ennemis, loin derrière la ligne de front, mais toujours sur le sol ukrainien, et à infliger de lourdes pertes aux Russes.

epa11375172 Ukraine's President Volodymyr Zelensky (C) talks to Belgian Defense Minister Ludivine Dedonder (L) and Belgian Prime Minister Alexander De Croo (R) ahead of a meeting with pilots, Bel ...
Keystone

Alors que les troupes de Vladimir Poutine ont par la suite désespérément réorganisé leur logistique afin de les mettre hors de portée des Himars, les Ukrainiens ont réussi à l'automne 2022 les plus grandes reconquêtes de toute la guerre.

Avec des frappes tout aussi efficaces sur des cibles militaires situées derrière la frontière russe, les Ukrainiens espèrent stopper l'offensive adverse dans le nord-est et provoquer un nouveau tournant dans la guerre. Toutefois, la discussion ne porte pas uniquement sur l'utilisation de missiles terrestres et d'artillerie de fabrication occidentale, comme les missiles ATACMS d'une portée de 300 kilomètres.

Afin de pouvoir contrer les attaques par bombes planantes larguées par les avions de combat russes loin derrière le front, l'Ukraine compte également sur l'utilisation prochaine de ses nouveaux avions de combat F-16. Mais sans l'autorisation de cibler les aéroports en Russie et les jets ennemis dans l'espace aérien russe, les chasseurs-bombardiers américains et leurs missiles guidés à longue portée ne servent pas à grand-chose.

L’Ukraine détruit un nouveau navire de la flotte russe en mer Noire
Video: watson
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