Dans un discours mardi à la Maison-Blanche, Joe Biden a déployé des trésors de réthorique et de grandes promesses: «Nous pouvons à la fois sécuriser la frontière avec le Mexique et fournir des voies légales d'immigration.» Le démocrate en a évidemment profité, par la même occasion, pour critiquer Donald Trump, l'accusant d'alimenter les «peurs» des Américains et jugeant «scandaleux» de dire que les migrants sont des «animaux» qui «empoisonnent le sang» du pays - comme l'a fait l'intéressé.
Donald Trump, en campagne de son côté dans le Wisconsin (nord), a assuré que s'il était élu en novembre, ce «projet d'amnistie illégal (serait) déchiré et jeté dès le premier jour», pendant que ses partisans clamaient, à l'intention des migrants en situation irrégulière:
L'équipe de campagne du républicain, qui promet des expulsions massives en cas de victoire électorale, a elle assuré que les mesures annoncées mardi allaient «sans aucun doute alimenter la criminalité des migrants» ou encore «voler les avantages sociaux des seniors américains».
L'immigration est l'un des sujets majeurs de la campagne pour les élections présidentielle et législatives de novembre aux Etats-Unis. C'est aussi un thème politiquement délicat pour le président démocrate, régulièrement accusé de laxisme en la matière par celui qu'il affrontera lors de l'élection de novembre, son prédécesseur républicain Donald Trump, à la rhétorique anti-immigration très virulente.
Joe Biden a récemment annoncé un très net durcissement de sa politique migratoire, pour faire face aux arrivées à la frontière avec le Mexique. Toutefois, le président de 81 ans, soucieux de se distinguer de son prédécesseur, vante dans le même temps les bienfaits d'une immigration régulée et «humaine», passant par des mesures telles que celles annoncées mardi.
Le gouvernement américain va faciliter la délivrance de permis de séjour permanent - la fameuse «carte verte» - et de permis de travail aux conjoints et conjointes immigrés de citoyens américains et à leurs enfants. Les personnes résidant depuis au moins dix ans aux Etats-Unis, et mariés à un citoyen ou une citoyenne américaine, pourront à l'avenir engager une démarche de régularisation sans devoir quitter au préalable le territoire américain, comme c'était jusqu'ici le cas.
Selon les calculs de l'administration Biden, les personnes qui seront éligibles résident depuis 23 ans aux Etats-Unis, en moyenne. «Cette mesure va protéger environ un demi-million de conjoints et de conjointes de citoyens américains, et environ 50 000 enfants immigrés âgés de moins de 21 ans», selon la Maison Blanche.
L'annonce a immédiatement suscité de vives critiques du Parti républicain. L'élue de l'alt-right Marjorie Taylor Greene est aussitôt montée au créneau pour dénoncer une manoeuvre «électoraliste». Pendant ce temps, le républicain Josh Brecheen, représentant de l'Oklahoma, a estimé que «d'un coup de crayon, le président Biden protégeait 550 000 illégaux de l'expulsion» dans l'espoir de «récolter les voix» des membres des familles concernées en novembre.
Joe Biden veut par ailleurs accélérer la procédure de visas de travail pour certains immigrés ayant obtenu un diplôme de l'enseignement supérieur aux Etats-Unis et ayant reçu une offre d'emploi dans le pays. Cette décision s'appliquera en particulier aux bénéficiaires d'un programme protégeant les mineurs immigrés, mis en place en 2012 quand Barack Obama était président et dont Joe Biden va célébrer le douzième anniversaire mardi à la Maison Blanche.
L'équipe de campagne du démocrate s'est d'ailleurs appuyée sur cet anniversaire pour diffuser une vidéo dans laquelle des bénéficiaires de ce programme, connus aux Etats-Unis sous le nom de «Dreamers», attaquent en anglais et en espagnol les positions anti-immigration de Donald Trump. (mbr/ats)