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Nicolas Demorand bipolaire: «Je suis un malade mental»

Nicolas Demorand.
Nicolas Demorand. image: capture

Ce journaliste star révèle: «Oui, je suis un malade mental»

A l'occasion de la sortie d'un livre, l'animateur de la matinale de la radio France Inter, Nicolas Demorand, annonce en direct, ce mercredi matin à l'antenne, qu'il est bipolaire. Dans une interview bouleversante au magazine Le Point, il se dit «soulagé du poids du secret».
26.03.2025, 09:2726.03.2025, 12:43
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Pour Nicolas Demorand, animateur vedette de la matinale radiophonique «la plus écoutée de France», la promo a le prix du courage. Ce mercredi matin, à 7h20, le journaliste de France Inter s’est libéré du poids du silence:

«Oui, je suis un malade mental. C’est cru, c’est violent à dire et peut-être à entendre, mais je ne veux plus le cacher, ni me cacher. Comme des centaines de milliers de Français, je suis bipolaire, bipolaire de type 2. J’alterne donc des phases d’euphorie et des périodes de dépression, mais je suis soigné. (…) Si je me suis tu si longtemps, c’est parce que la maladie mentale fait peur.»
Nicolas Demorand, 26 mars, sur France Inter

Le journaliste de 53 ans, qui forme avec Léa Salamé le duo du matin sur la radio publique française, sort un livre, Intérieur nuit (éditions des Arènes). Il s’y confie sur sa maladie, qui se caractérise par des troubles récurrents de l’humeur.

Ce mercredi matin toujours, le magazine Le Point publie une interview passionnante et bouleversante de Nicolas Demorand, sur le même sujet. En voici des extraits:

La bipolarité, diagnostiquée il y a huit ans

«J'ai résisté à ce diagnostic parce que je ne voulais pas être considéré comme un malade mental. J’ai fini par l'accepter et par essayer de m'y faire. C'est étrange: il faut à la fois baisser les armes et ne pas se révolter contre cet état. Et en même temps, accepter de se battre quand même.»

Aller travailler

«Je me lève la nuit à 3h30, je file à la radio pour préparer cette émission quotidienne de trois heures, en direct, sans filet, mais je dois aussi accepter, à d'autres moments, le poids d'un psychisme déréglé contre lequel je ne peux rien faire.»

Le retard de diagnostic

«Pendant dix ans, douze, peut-être quatorze, que sais-je, je n'ai pas été soigné, je n'ai pas vu les bons médecins. On m'a gavé de médicaments qui ne faisaient qu'aggraver la situation. Si j'ai pu souffrir par le passé, et souffrir atrocement, c'est parce que je n'étais pas soigné ou mal soigné.»
«Les mauvais médicaments, c'est une calamité absolue. L'errance médicale tue»

La souffrance

«La souffrance psychique est une souffrance physique. C'est à hurler de douleur. Vous ne savez pas d'où ça vient. Ça n'a pas d'origine et ça n'a pas d'issue, ça n'a pas de sens et ça ne sert à rien. C'est une attaque de l'âme, de l'esprit. S'il fallait décrire le mode de pensée de la dépression, c'est la rumination. Vous ruminez sur le débris que vous êtes devenu.»
«Vous vous dites: je préfère me flinguer pour que ça cesse»

Le bon diagnostic

«Il s'est fait en deux temps. La première personne que je rencontre à Sainte-Anne (hôpital psychiatrique parisien) est morte aujourd'hui. Elle s'appelait Jean-Pierre Olié. Formidable médecin, un colosse avec un accent du Sud-Ouest. Je sortais de ma tentative de suicide, j'étais lessivé.»
«Je prenais, sur ordonnance, 7, 8, 9 barrettes de Lexomil par jour. J'ai bien dit "barrettes"»

Ce que le psychiatre lui dit

«Je me retrouve en face de ce grand psychiatre qui me dit: "Vous souffrez de dépression depuis dix ans, ce n'est pas normal. On vous a donné de mauvais médicaments. On va trouver ensemble les bons, et ça ira très vite mieux." Et rendez-vous dans quinze jours. Deux semaines après: "Ça va mieux ?" Je dis que non. "Alors on arrête, on change, si ça ne marche pas au bout de quinze jours, ça ne marchera jamais."»

Troisième essai

«C'est au troisième essai qu'un médicament me sort en quelques jours de la dépression. Ensuite, il m'a confié à son confrère, qui a coupé cet antidépresseur, pour voir si je m'effondrais. Non. Donc je ne suis pas un dépressif. Et à partir de là, il y a présomption de bipolarité, BP2, comme ils disent…»

Malade, pour toujours

«C'est le deuil le plus insupportable, se dire qu'être heureux est dangereux, comme dit le peintre Gérard Garouste»
«Là, je parle avec vous, je suis content, mais il y a un petit truc dans ma tête qui me dit: ce moment que tu apprécies, il va déboucher sur quoi, potentiellement, ce soir? Comme des nuages qui s'amoncellent… »

La bascule

«Il y a trois ans. J'étais au fond du trou. Je parlais à Léa Salamé de la tonne de médicaments que je prenais. J'ai fait la liste: Depakote, Teralithe, Lexomil, Largactil, et tous les autres. Léa m'arrête et me dit: "Est-ce que tu as déjà pensé à raconter ton histoire, essayé l'écriture comme médicament?"»
«Je reste médusé: à aucun moment l'idée d'un livre ne m'avait traversé l'esprit. La banquise se fissure…»

Pour les proches

«La mère de mes enfants a fini par voir qu'il y avait un problème. Je n'étais pas encore diagnostiqué, mais elle voyait bien les moments d'effondrement. Il faut être honnête, pour les proches, c'est un enfer. Le malade trouve qu'ils en font trop, ou pas assez.»

Libéré du poids du secret

«C'est un moment très important pour moi. Je suis soulagé du poids du secret. Mon livre va bientôt vivre sa vie et j'avoue être étonnamment calme. Mais j'ai appris à me méfier des périodes d'accalmie, et mon psychiatre est vigilant»

«Et si un #MeToo de la mentale émergeait»

«Et si un "#MeToo de la maladie mentale" émergeait, je suis certain que tous ceux qui souffrent aujourd'hui en silence et dans la honte, tous ceux qui rasent les murs, verraient leur vie sacrément améliorée. Pendant des années, j'ai eu honte.»
«Moi aussi, je rasais les murs. J'avais peur du regard posé sur moi. (…) Crever en silence n'est pas un destin»
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