Alors que l'administration américaine est passée à un cheveu blond de la paralysie, vendredi dernier, Mike Johnson a du mal à cacher son soulagement. Face aux médias réunis à Washington, le Speaker se persuadait que le 47e président élu est «certainement heureux» de l’adoption in extremis d'un projet de loi budgétaire. Manque de bol, il se trompe sur toute la ligne.
Privé de de la hausse du plafond de la dette dont il rêvait, Donald Trump est non seulement très «mécontent», selon des initiés cette semaine à Politico. Mais il envisage désormais surtout la possibilité de virer ce président de Chambre, qu'il perçoit comme faible et déloyal.
Une frustration qui a débuté bien avant le récent chaos législatif au sein du Congrès américain, mais qui s'est cristallisée au cours de la semaine passée, alors que Trump et son sbire Elon Musk s'efforçaient de torpiller le premier projet de budget.
Voilà des semaines que Trump serine au Speaker son désir de régler la question du plafond de la dette avant janvier - une menace, selon lui, que les démocrates pourraient utiliser contre son programme une fois en fonction, le 20 janvier. Evitant ses recommandations, Mike Johnson, en poste depuis treize mois, aura préféré négocier un accord plus modeste avec l'aide des démocrates.
Une loyauté d'autant plus mise à mal que Mike Johnson, conscient des conséquences politiques désastreuses d’un shutdown pendant les fêtes, a refusé d’envisager une fermeture pour forcer les démocrates à négocier - une option que Trump et son vice-président élu, JD Vance, étaient pourtant clairement prêts à accepter de leur côté.
C'est donc un accord édulcoré qui a finalement été adopté avec l’aide massive des démocrates (196 voix contre 34 républicaines opposées), ce vendredi, sans inclure les demandes clés de Donald Trump.
L’avenir de Mike Johnson, dont la crédibilité est constamment remise en question tant par ses adversaires que son propre camp, repose désormais entre les mains de Donald Trump.
Si, officiellement, l'homme fort de Mar-a-Lago n’a pas appelé à l'éviction du président de la Chambre, il reste ambigu. Plusieurs sources proches estiment qu’il pourrait simplement laisser Mike Johnson «se débattre» lors du vote crucial pour la présidence de la Chambre, prévu le 3 janvier.
Le dilemme est clair: évincer Mike Johnson au risque de plonger le Congrès dans une nouvelle crise de leadership ou le maintenir, malgré sa faiblesse, pour assurer la stabilité nécessaire à la mise en œuvre du programme de Trump dès son investiture. Comme l’a souligné le futur chef d'Etat récemment:
Reste que la perception actuelle est accablante et que Donald Trump voit désormais en «son» Speaker un leader hésitant. Son soutien dépendra de la capacité du président de la Chambre à démontrer rapidement sa force politique. (mbr)