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Nikki Haley a une stratégie pour vaincre Donald Trump

Nikki Haley veut continuer à se battre et bricole une coalition anti-Donald Trump.
La dernière candidate républicaine en lice contre Donald Trump aux primaires républicaines s'accroche.Getty Images North America

Nikki Haley a une stratégie pour vaincre Donald Trump

Si les sondages prédisent une nette défaite à l'ancienne gouverneure de Caroline du Sud lors de la primaire de samedi, Nikki Haley veut continuer à se battre. Sa stratégie? Bricoler une coalition anti-Trump.
24.02.2024, 15:5124.02.2024, 17:04
Renzo Ruf, Sumter (Caroline du sud) / ch media
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Nikki Haley est une politicienne disciplinée. Pour obtenir des voix et l'approbation de ses électeurs, chaque mot, chaque punchline de la candidate, sont calculés. Maîtrisés. Pourtant, mardi, pour la première fois, la voix de l'ancienne gouverneure de Caroline du Sud s'est brisée. La gorge nouée, les larmes aux yeux, elle a déclaré:

«J'aimerais que Michael soit là aujourd'hui. Et j'aimerais que nos enfants et moi puissions le voir ce soir. Mais ce n'est pas possible»

Son époux, Michael Haley, se trouve en effet en plein service militaire sur une base américaine à Djibouti. L'officier de la garde nationale doit se contenter de suivre la campagne de sa femme à la primaire républicaine à distance. Pourtant, le nom revient de Michael régulièrement dans l'actualité - notamment parce que Donald Trump a récemment affirmé que l'officier s'était porté volontaire pour échapper à sa femme.

Les larmes qui ont ponctué la fin de ce discours de 26 minutes ont menacé d'éclipser le message du discours en lui-même. «Je refuse d'abandonner», a réitéré la républicaine qui, malgré de mauvais sondages, n'a aucune intention de jeter l'éponge. Nikki Haley l'a promis: malgré une défaite prévisible lors de la primaire en Caroline du Sud ce samedi, elle continuera à se battre pour être désignée candidate républicaine à la présidence.

Sa technique de séduction

Rien d'étonnant à cela. Si Nikki Haley ne souhaite pas s'étendre publiquement sur sa stratégie - du moins pas avec un représentant d'un média étranger -, le discours qu'elle a répété ces derniers jours dans l'Etat de Caroline du Sud laisse entrevoir le plan ambitieux de l'ex-gouverneure. Contrairement à son adversaire Donald Trump, la candidate s'efforce de faire et battre campagne. Elle a parcouru son Etat en long et en large, se forgeant ainsi une coalition de républicains frustrés et d'électeurs critiques à l'égard de l'ancien président, qui pourrait s'étendre au-delà de son Etat.

SUMTER, SOUTH CAROLINA - FEBRUARY 19: Republican presidential candidate former U.N. Ambassador Nikki Haley arrives at a campaign event at American Legion Post 15 on February 19, 2024 in Sumter, South  ...
Contrairement à Donald Trump, Nikki Haley mène une campagne active sur le terrain.Getty Images North America

Dans ses discours, la républicaine rabâche ses trois priorités. Tout d'abord, une ligne dure en matière de politique d'immigration: à l'instar de son concurrent, Nikki Haley exige l'expulsion de millions de personnes qui séjournent illégalement dans le pays. Une promesse qui lui vaut à chaque fois des applaudissements nourris. Deuxièmement, l'OTAN. En faisant l'éloge du pacte de défense atlantique, la candidate satisfait l'aile pro-militariste de son parti. Enfin, elle ne mâche pas ses critiques à l'égard de ses camarades de parti à Washington, pour la lenteur des débats sur un nouveau paquet d'aide à l'Ukraine.

Mais s'il y a bien un thème sur lequel Nikki Haley s'emballe, c'est quand il s'agit de s'en prendre à Donald Trump. Cet homme «anormal», ce «désastre» qui a «perdu son sang-froid». Ce milliardaire tellement préoccupé par lui-même qu'il en a oublié les soucis quotidiens de ses concitoyens. Un ex-président qui a la «trouille» de Vladimir Poutine et qui s'abstient consciencieusement de critiquer le président russe.

Selon Nikki Haley, le Grand Old Party (GOP) souffre des excès à répétition de Donald Trump, régulièrement sanctionné par les électeurs depuis 2018. D'où une question rhétorique:

«Combien de fois devrons-nous encore perdre avant de conclure que c'est lui le problème»
Nikki Haley cette semaine, en Caroline du Sud.

«Je ne l'aime pas»

Dans le public, ces paroles inhabituellement univoques et limpides suscitent l'approbation. Les critiques de Donald Trump à l'encontre de l'armée sont une «honte», crie une femme âgée, à Rock Hill. «Enfermez-le!» lance un homme plus jeune, à Camden.

En conversant avec les électeurs, il s'avère que l'aversion pour Donald Trump est le ciment qui maintient cette singulière coalition Haley. «Je ne l'aime pas», crache James Atkinson, un vétéran de la guerre du Vietnam. Et cette aversion personnelle éclipse tout le reste, même si le septuagénaire se positionne à l'extrême droite de l'échiquier politique.

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La stratégie de Nikki Haley: rallier à sa cause un maximum d'électeurs anti-Trump.Getty Images North America

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«Quand je fais le bien, je me sens bien. Quand je fais du mal, je me sens mal. C'est ma religion»

Un slogan qui pourrait tout aussi bien être celui de Nikki Haley. La républicaine aime rappeler à son public que les Etats-Unis sont un pays dont on peut être fier - notamment parce qu'il lui a donné sa chance, à elle, la fille d'immigrés venus d'Inde. Il ne lui manque plus qu'un peu de chance pour atteindre son objectif - quelques défaites embarrassantes de Donald Trump devant les tribunaux pourraient lui donner un coup de pouce. C'est du moins ce qu'elle espère.

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