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Poutine paie toujours plus, ses mercenaires meurent en 2 jours

Poutine recrute au Moyen-Orient et ça révèle un gros problème

L’armée russe a besoin d’un flux constant de nouveaux soldats. Mais il semble de plus en plus difficile pour Moscou de recruter dans son propre pays. Le Kremlin se tourne donc vers le Moyen-Orient et l'Afrique.
12.10.2025, 16:1612.10.2025, 16:16
Simon Cleven / t-online
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Il y a deux ans, la Finlande avait tiré la sonnette d’alarme. Des centaines de migrants venus du Moyen-Orient et d’Afrique étaient entrés sans papiers valides sur son territoire depuis la Russie. Helsinki avait alors fermé un à un tous les postes-frontières, voyant dans cette manœuvre une opération de guerre hybride menée par Moscou.

L’objectif supposé était d'exercer une pression sur la Finlande, nouvellement entrée dans l’Otan et provoquer une crise migratoire en Europe.

Cette stratégie n’était pas nouvelle. En 2021 déjà, à la frontière biélorusso-polonaise, la Russie avait eu recours au même schéma. Des migrants étaient attirés par de faux visas étudiants, puis conduits jusqu’à la frontière avec l’Union européenne.

Des entreprises russes privées avaient même fait de ce trafic un petit marché. En réaction, les pays européens, dont la Finlande, avaient renforcé leurs contrôles, ce qui avait fini par réduire le flux migratoire. Mais le système, lui, est resté en place.

Aujourd’hui, la Russie s’en sert pour recruter des mercenaires destinés à la guerre en Ukraine. D’après plusieurs enquêtes, Moscou connaît une certaine popularité, notamment au Moyen-Orient et en Afrique. A l’heure actuelle, environ 1 400 Irakiens combattraient déjà dans les rangs russes. D’autres mercenaires viennent de Syrie, de Jordanie, d’Afghanistan, d’Ethiopie ou du Kenya. Ce système illustre la difficulté croissante pour la Russie de recruter ses propres soldats.

Des entreprises russes attirent des étrangers

Selon une enquête du quotidien norvégien Dagbladet et du média russe en exil The Insider, des intermédiaires privés exploitent désormais ce filon en promettant aux migrants des emplois ou des études en Russie, en Biélorussie ou au Kazakhstan. Officiellement, ces entreprises se présentent comme des agences de voyages ou des sociétés de services censées régulariser le statut des migrants.

En réalité, leur seule prestation consiste à faciliter leur enrôlement dans l’armée russe, avec la promesse d’une naturalisation rapide, d’un salaire élevé et d’avantages divers.

La majorité de ces opérations se déroule sur les réseaux sociaux, où les annonces pullulent. Les recruteurs promettent une «invitation spéciale» pour venir en Russie, avec billets d’avion, hébergement et repas compris. Ils proposent des postes de cuisinier ou de chauffeur pour le ministère russe de la Défense. Pour cela, il suffit d’envoyer une copie de son passeport.

Une fois sur place, tout va très vite. A leur arrivée, les recrues sont accueillies par un représentant de l’armée et un interprète. Elles sont souvent dirigées vers la ville de Perm, où elles sont enregistrées. Suit un mois de formation militaire et un cours accéléré de russe. Le premier mois est payé 9 400 dollars, puis 2 200 dollars mensuels, avec primes pour «succès au combat».

Une recruteuse organisait des voyages d’études

Dans les affaires liées au recrutement de mercenaires, le nom d'une femme revient régulièrement. Il s'agit de Polina Alexandrowna Azarnykh. Selon Dagbladet, elle dirige la sélection d’hommes dans les pays arabophones. Elle dispose d’une longue expérience dans ce domaine, car, avant d’attirer des personnes vers la guerre, elle organisait des voyages d’études en Russie. En Ukraine, elle est recherchée pour crimes de guerre.

D’après l’enquête, cette femme de 40 ans vit à Voronej, dans le sud-ouest de la Russie. Elle aurait lancé son activité en 2021, l’année même où a commencé la crise migratoire à la frontière entre la Pologne et la Biélorussie. Depuis août 2023, elle se consacre entièrement au recrutement de combattants pour le front ukrainien. Sur les réseaux sociaux, elle publie régulièrement des photos d’elle souriante entourée de groupes d’hommes, qu’elle dit venir de pays comme la Syrie, le Nigeria ou l’Egypte.

De nombreux hommes semblent rapidement regretter leur enrôlement, l'un d'eux raconte au Dagbladet:

«Ils savent que nous vivons dans la pauvreté, alors ils nous exploitent»

D’autres témoins ont raconté au média The Insider les atrocités auxquelles ils ont assisté, ainsi que l’impossibilité de rompre leurs contrats. Dans un cas, même les autorités syriennes seraient intervenues, mais sans succès.

La Russie nie systématiquement tout recrutement de mercenaires étrangers, alors même que certains ont été faits prisonniers en Ukraine. L’envoi de soldats nord-coréens en Russie est désormais avéré. Par ailleurs, le département d’Etat américain a récemment indiqué qu’environ 5 000 Cubains combattraient dans les rangs russes. Les opérations de recrutement dépassent donc largement le Moyen-Orient et l’Afrique.

L'argent comme principal argument

En Russie, Moscou mise principalement sur les incitations financières pour continuer son recrutement. Toute personne qui s’engage pour la guerre reçoit une prime de 400 000 roubles (environ 4 000 francs suisses) versée par le gouvernement central. A cela s’ajoutent des primes régionales. Ce système a désormais pris la forme d’une véritable compétition entre les régions.

Pour satisfaire le Kremlin en matière de recrutement, les régions rivalisent à coups de primes élevées. Lundi, le gouvernement de l’oblast de Tioumen, en Sibérie occidentale, a annoncé qu’il porterait la prime à trois millions de roubles (environ 30 000 francs) pour les volontaires qui s’engageront avant la fin novembre. Jusqu’à présent, la prime s’élevait à 1,9 million de roubles.

Sur le front, les soldats ne survivent pas longtemps

L’espérance de vie des soldats russes reste cependant très faible. Le propagandiste Vladimir Romanov a déclaré dimanche dernier sur Telegram que le «cycle de vie» moyen d’un soldat nouvellement enrôlé n’était que de 12 jours, dont 10 consacrés à l’entraînement militaire. Autrement dit, beaucoup meurent dès leur première attaque contre les positions ukrainiennes, souvent à cause de drones. Romanov a parlé de soldats «sacrifiables» à merci.

Avec cette stratégie, la Russie aurait atteint cette année, selon les estimations, le triste seuil d’un million de soldats tués ou blessés. Depuis plusieurs mois, l’Ukraine fait état d’environ 1 000 pertes russes par jour. Dans ces conditions, les campagnes de recrutement ne devraient pas faiblir.

Traduit de l'allemand par Joel Espi

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