Les écoles suisses sont confrontées à une sérieuse pénurie d'enseignants. Celle-ci est aggravée par les vagues de départs à la retraite et l'augmentation du nombre d'élèves. Certains cantons réagissent en augmentant sensiblement les salaires.
A Genève, par exemple, les enseignants du primaire gagnent en moyenne un peu plus de 100 000 francs la première année, ceux du gymnase 110 000 francs. En Suisse, il existe de nettes différences régionales, comme le montre notre rapport sur les salaires des enseignants du mois d'août.
Mais comment se situent les enseignants suisses par rapport à leurs collègues des autres pays européens? Un aperçu:
En comparaison européenne, les enseignants sont bien payés en Allemagne — ils sont toutefois loin des conditions suisses: un enseignant du primaire reçoit un salaire annuel moyen d'environ 46 000 euros (environ 43 000 francs), soit environ 3800 euros par mois, ce qui est légèrement supérieur au salaire moyen allemand de 45 000 euros par an.
Le salaire annuel moyen d'un professeur d'école professionnelle est de 53 000 euros (environ 4400 euros par mois), celui d'un professeur de lycée de 59 000 euros (environ 4900 euros par mois). Les salaires diffèrent selon les Länder: en haut de l'échelle, le Bade-Wurtemberg, la Saxe et la Bavière paient environ 4% de plus que la moyenne des Länder, tandis que la Hesse, la Sarre et le Mecklembourg-Poméranie occidentale versent environ 4% de moins.
L'un des avantages pour les enseignants est le statut de fonctionnaire qu'une grande majorité d'entre eux possèdent. Il les rend pratiquement inamovibles et implique des suppléments pour les conjoints et les enfants. De plus, les fonctionnaires ne doivent pas cotiser à l'assurance chômage ni à l'assurance retraite. Leur retraite peut atteindre jusqu'à 70% du dernier salaire brut, ce qui est nettement plus élevé que la plupart des pensions de retraite. Toutefois, les fonctionnaires ne bénéficient pas d'une retraite professionnelle. (hfm)
En France, les enseignants ne sont pas mieux lotis. Leurs salaires sont nettement en dessous de la moyenne européenne. Un enseignant du primaire gagne, par exemple, environ 2100 euros bruts par mois en début de carrière; à la retraite, son salaire peut atteindre 4000 euros. Les enseignants du secondaire commencent avec 2200 euros par mois et peuvent atteindre 5000 euros en fin de carrière. Les enseignants professionnels perçoivent à peu près les mêmes salaires.
En général, des primes de 200 à 300 euros par mois s'ajoutent à ces revenus. Ceux qui enseignent dans une école de banlieue «difficile» reçoivent environ 130 euros supplémentaires par mois.
Les syndicats d'enseignants se plaignent depuis longtemps que leurs salaires sont inférieurs à ceux de l'Allemagne ou du Royaume-Uni. Comme ces organisations professionnelles sont proches du Parti socialiste, les salaires des enseignants sont un sujet politique récurrent. Le président Emmanuel Macron avait promis au corps enseignant des augmentations de salaire en 2022. En contrepartie, les enseignants doivent travailler plus longtemps: ils devront ainsi donner des cours de soutien individuels en dehors de leur temps de travail. Mais les syndicats rejettent ce «compromis». (brä)
Les enseignants italiens ne peuvent que rêver des salaires que perçoit le personnel enseignant suisse. Dans le Bel paese, un professeur de lycée en fin de carrière gagne moins de la moitié de ce que touche une enseignante d'école maternelle suisse en première année de travail.
Dans les écoles primaires («scuola elementare»), le salaire mensuel de départ est de 1262 euros nets. Cela correspond, 13e et 14e mois inclus, à un salaire annuel brut de 21 100 euros. A partir de la 35ᵉ année de service, 1795 euros nets sont versés chaque mois, ce qui correspond à un salaire annuel brut de 32 500 euros. En Italie, les enseignants du primaire ne peuvent pas aller plus haut.
Au niveau secondaire («scuola media»), les salaires ne sont que légèrement plus élevés: ils commencent à 1 350 euros nets par mois (22 700 euros bruts par an) et atteignent 1 960 euros nets par mois (35 500 euros bruts par an) à partir de la 35e année de service. Les salaires dans les écoles professionnelles correspondent à peu près à ceux de l'enseignement secondaire.
Au lycée («liceo»), on commence avec un salaire de départ de 1405 euros nets par mois (22 700 euros bruts par an). Avec 35 ans de service ou plus, on touche 2030 euros nets par mois (36 780 euros bruts par an). Les salaires de départ sont valables pour toutes les catégories d'enseignants pendant les huit premières années de travail ; la première augmentation de salaire n'intervient qu'à partir de la neuvième année de travail. (dst)
Les enseignants autrichiens s'en sortent mieux: le salaire moyen y est d'environ 55 000 euros bruts par an. Ce montant comprend déjà les primes de vacances et de Noël. Les enseignants perçoivent donc entre 2400 et 3500 euros nets par mois.
Il existe toutefois des différences entre les Länder, les types d'écoles et même les niveaux scolaires. En principe, les enseignants du lycée gagnent plus que ceux de l'école primaire. Les enseignants du secondaire gagnent moins que ceux du lycée. L'échelonnement se fait bien sûr aussi en fonction des années de travail et des matières. Les enseignants qui enseignent des «matières à forte intensité de travail» ou qui assument des tâches administratives en plus de leur activité en classe reçoivent des primes.
Le modèle salarial est actuellement à l'ordre du jour, surtout au vu de la pénurie d'enseignants qui sévit. L'Autriche essaie de trouver du personnel enseignant grâce aux reconversions. Cela provoque régulièrement des désaccords. Mais il y a aussi des conflits dans un autre domaine: en Autriche, les enseignants sont en principe des employés des Länder, mais ils sont payés par le gouvernement fédéral. Si un Land recrute plus d'enseignants que prévu dans le cadre financier, c'est l'Etat fédéral qui doit assumer les coûts. (sts)
Traduit et adapté par Noëline Flippe