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Trump soulage la Russie avec ses menaces, et l'Ukraine le paye

Comment Poutine axe sa stratégie en Ukraine selon les décisions de Trump.
Malgré les menaces de Donald Trump à l'encontre de la Russie, Vladimir Poutine intensifie ses assauts et ses bombardements en Ukraine.Image: Imago / Keystone, montage watson

Comment la Russie veut conquérir le dernier bastion de résistance du Donbass

La Russie ne se montre pas impressionnée par les menaces de Donald Trump et intensifie son offensive estivale dans la guerre en Ukraine. L'armée russe pourrait désormais encercler une ville stratégiquement importante.
18.07.2025, 05:2618.07.2025, 05:26
Patrick Diekmann / t-online
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Cette semaine, la guerre en Ukraine a été marquée par un soulagement de tous les côtés. L'Ukraine et ses alliés occidentaux voient comme un signal positif le fait que le président américain Donald Trump souhaite à nouveau fournir davantage d'armes au pays attaqué par la Russie.

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Les menaces de Trump soulagent le Kremlin

Le Kremlin, quant à lui, est soulagé que Trump ne prenne pas encore de mesures plus sévères. Même les marchés financiers russes ont considéré l'annonce de Trump comme un signal positif et l'indice directeur russe RTS a pu progresser depuis l'annonce de Washington.

Pokrovsk et Kiev en Ukraine: carte de situation.
Image: watson

La Russie s'attendait apparemment au moins à de nouvelles sanctions américaines, mais Trump a donné lundi à Poutine un délai de 50 jours pour accepter un accord. S'il refuse, les Etats-Unis cibleraient également, selon l'homme de la Maison-Blanche, les pays qui continuent à commercer avec la Russie.

Donbass, carte de situation au 27 février 2025.
Image: afp

Ce qui, d'un point de vue occidental, sonne comme une menace sévère est considéré en Russie comme un signe de faiblesse. Si Trump voulait vraiment punir les dirigeants russes, il aurait dû le faire tout de suite, selon la plupart des experts russes. Car Poutine peut désormais respirer: il se voit offrir au moins 50 jours supplémentaires pendant lesquels il pourra tenter d'empêcher les sanctions américaines et poursuivre son offensive estivale.

Et c'est exactement ce que fait actuellement l'armée russe en Ukraine. Elle progresse lentement mais sûrement, au prix de lourdes pertes. Après de nombreux mois de combats acharnés, les troupes de Poutine parviennent lentement à resserrer l'étau autour de la ville stratégique de Pokrovsk, dans l'est. Les défenseurs ukrainiens pourraient bientôt être confrontés à un choix difficile.

La bataille pour le dernier bastion du Donbass

Actuellement, l'armée russe semble vouloir avant tout s'emparer des régions de Donetsk, Louhansk et Zaporijjia, annexés par Poutine en violation du droit international. La ville de Pokrovsk est à cet égard, dans la région de Donetsk, l'un des derniers grands défis pour le maître du Kremlin.

Car l'armée russe est elle aussi confrontée à des problèmes de ravitaillement. Moscou doit de plus en plus avoir recours à des soldats très mal formés et dispose de moins en moins de chars et de matériel blindé.

En conséquence, le Kremlin a l'intention de prendre Pokrovsk en évitant de longs combats urbains. En effet, les Ukrainiens ont un avantage dans cette situation, car ils connaissent mieux le terrain que les assaillants. La ville est un carrefour logistique important pour l'Ukraine et a en outre une signification symbolique non négligeable en tant que dernier grand bastion de résistance dans le Donbass.

Objectif: encercler la ville

Les troupes du Kremlin s'y cassent les dents depuis des mois, mais elles continuent d'avancer lentement. Le plan du commandement militaire russe est clairement visible sur les cartes de front actuelles: ils veulent encercler la ville. Entre-temps, les troupes russes se sont déjà rapprochées de l'autoroute E50, par laquelle Pokrovsk est notamment approvisionnée.

Si la Russie parvient à couper ces connexions et à encercler Pokrovsk, les défenseurs ukrainiens devront faire un choix: se battre ou se retirer. Si l'Ukraine continue de se battre pour la ville, Poutine pourrait l'assiéger et l'affamer. Cela pourrait mener à une tragédie, car des milliers de soldats se trouveraient encore actuellement dans Pokrovsk.

La Russie couvre l'Ukraine de raids aériens

Les attaques massives de l'aviation et des drones russes constituent un autre défi pour le commandement militaire ukrainien. Dans la nuit de mardi à mercredi, la Russie a de nouveau frappé l'Ukraine par des attaques aériennes. Selon le président ukrainien Volodymyr Zelensky, ce sont surtout les infrastructures énergétiques qui ont été attaquées, mais il fait aussi état de quinze blessés.

«La Russie ne change pas de stratégie», a écrit Zelensky sur la plate-forme X, avant d'ajouter:

«Et pour faire face efficacement à cette terreur, nous devons renforcer notre défense: plus de systèmes de défense antiaérienne, plus d'intercepteurs et plus de détermination, pour que la Russie sente notre réponse.»

Les défenses de l'Ukraine peinent à suivre

Ces attaques montrent que l'Ukraine dispose toujours de trop peu de systèmes de défense antiaérienne et de trop peu de munitions pour ses systèmes Patriot. Trump avait certes annoncé que les Etats-Unis mettraient à disposition des systèmes Patriot supplémentaires face aux attaques de missiles russes. Mais on ne sait toujours pas quand ceux-ci arriveront.

Le président américain a déclaré que les premiers systèmes en provenance d'Allemagne étaient déjà en route. Le problème, c'est que le gouvernement fédéral allemand n'est au courant de rien. «Je ne peux pas confirmer que quelque chose est déjà en route. Je n'en ai pas connaissance», a déclaré mercredi un porte-parole du ministère de la Défense allemand.

Et le temps presse. L'armée de l'air ukrainienne a annoncé mercredi matin que Moscou avait attaqué dans la nuit avec un missile de type Iskander-M et 400 drones et drones factices. Sur ce nombre, 198 drones ont été abattus et 145 faux drones ont été mis au sol par des moyens électroniques. Les principales cibles de ces attaques auraient été les villes de Kryvyj Rih, Kharkiv et Vinnytsia.

Selon les autorités, huit personnes ont été blessées lors de frappes de drones russes sur la ville de Vinnytsia, dans l'ouest de l'Ukraine. Cinq employés d'entreprises ont souffert de brûlures, a écrit la gouverneure militaire adjointe Natalia Sabolotna sur Facebook. Trois passants auraient été légèrement blessés.

A Kryvyj Rih, la ville natale de Zelensky, les attaques ont entraîné des coupures de courant et l'approvisionnement en eau a dû être soutenu par des générateurs, selon les autorités.

La Russie sacrifie ses recrues

La Russie poursuit actuellement une stratégie visant à tester les points faibles des défenseurs ukrainiens afin de les utiliser à son avantage. La défense antiaérienne en est un exemple. Mais au sol également, des officiers ukrainiens rapportent que la première vague d'attaques russes est souvent composée de recrues mal formées qui doivent trouver des faiblesses dans la défense ukrainienne. L'armée russe envoie ensuite des forces expérimentées à ces endroits afin d'y gagner du terrain.

Les soldats de Poutine continuent donc de payer un lourd tribut de sang. Mais ils progressent. Dernièrement, ils ont même réussi à prendre des lignes de défense ukrainiennes dans la région de Zaporijjia, sur la ligne de front sud, qui auraient pourtant dû être faciles à défendre pour l'Ukraine.

Poutine axe sa stratégie sur les décisions occidentales

L'armée ukrainienne est loin d'avoir perdu cette guerre. Si la Russie continue de bouger à ce rythme, les experts estiment que le conflit pourrait encore durer de nombreuses années. Mais l'armée ukrainienne se trouve actuellement dans une situation où elle doit faire beaucoup plus attention à ses soldats, ses armes et ses munitions, car son adversaire a l'avantage en termes de matériel et de personnel. Les officiers ukrainiens décrivent régulièrement cette situation sur le front.

Cela représente un grand défi pour les défenseurs de Pokrovsk, même si l'Ukraine a transformé la ville en forteresse au cours des derniers mois. La capacité de l'armée ukrainienne à la tenir dépendra en fin de compte des systèmes d'armes plus modernes que l'Occident fournira.

Dans ce contexte, le problème reste que Trump n'a pas de cap clair dans son soutien à l'Ukraine. Alors que lundi, Washington spéculait encore sur une livraison américaine de missiles à longue portée, le président américain a de nouveau démenti mardi. «Non, ce n'est pas notre intention», a-t-il déclaré.

Selon les experts en sécurité, Poutine en profite à son tour. Car non seulement les soutiens occidentaux de l'Ukraine continuent de freiner des quatre fers, mais Trump explique également de manière transparente ce qu'il a l'intention de faire. Le Kremlin peut donc désormais planifier et accélérer ses attaques en Ukraine en conséquence.

Traduit et adapté de l'allemand par Léa Krejci

Plus d'images de véhicules russes détruits en Ukraine
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Une partie d'un char russe endommagé dans le village de Mala Rohan, près de Kharkiv, en Ukraine, le 13 mai 2022.
source: sda / sergey kozlov
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L'Ukraine attaque une ville russe située à 1300 km de ses frontières
Video: watson
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